vendredi 15 juillet 2016

Nice / Momjan...





Bon, tu vois, j'ai pas eu le temps d'être pendu aux informations.
Je sais le nombre de morts à Nice, après l'attentat d'hier. Je sais que c'est un crétin qu'on a laissé se radicaliser, la faute aux oeillères sur la gueule de pas mal de monde (des autorités responsables aux autorités musulmanes qui ont manqué de discernement)... Mais je ne referai pas le monde, la connerie de la Religion mal enseignée, la bêtise crasse du capitalisme qui a créé des situations dans lesquelles des gens inéduqués étouffent et essayent de lutter à leur (le plus souvent) très mauvaise manière.
Non.
Moi, tu vois, esprit de l'aventure, j'ai commencé ma journée en éclatant de rire après que ma femme ait glissé sur des marches d'escalier donnant dans l'eau.
J'ai rigolé parce qu'elle ne s'était pas fait mal.
C'est que toute chose drôle repose souvent sur un accident.
En revoyant ma femme avec son pantalon mouillé qui me reprochait de ne pas lui avoir dit que des marches étaient glissantes après que j'ai insisté pour qu'elle vérifie que l'eau était chaude, j'ai encore rigolé.
Non, parce qu'elle aurait pu se casser une jambe ou avoir bien pire et ça n'est resté que ça : une chute qui ferait marrer dans un film comique.
Je dois avouer que ça a coloré notre balade de la journée, on en a fait un jeu de moi en gros salaud et de ma femme en pauvre victime.
Mais je me serais marré pareil si ça avait été moi la victime.
Je sais que ce n'est pas toujours facile de rigoler quand il y a des victimes. Et pourtant, je ne peux penser autrement. L'humour, s'il ne peut pas être pratiqué par tout le monde, doit pouvoir prévaloir quelles que soient les circonstances.
Interdit d'interdire.
Je pense à une vanne horrible que pourrait faire Charlie Hebdo en dernière page dans les essais de couverture : zéro anglais décédé sur la promenade des anglais, renommons là en promenade des français pour éviter des morts nationaux la prochaine fois.
Mais je reviens à Momjan, tu permets, parce qu'on fait on était loin, on était ailleurs, à profiter de ce magnifique village en dépit du vent et de la pluie, à visiter une jolie église, un petit morceau de mur des remparts, à déjeuner tranquillement dans une très bonne pizzeria, tout ça, tout ça, on pouvait oublier tout à Piran...
Après une petite balade dans Momjan, pour tenter en vain d'acheter une eau de vie locale mais pour parvenir à voir des cochons dans une niche tonneau, il était venu le temps de se connecter et de prendre une claque, sans envie de rire, en regardant un reportage de deux minutes sur France 24.
Et directement, après le reportage, de t'écrire.
Parce que quoi...
Oui, ma femme a de la famille à Nice, non, personne n'est décédé dans sa famille mais une copine d théâtre que j'aime beaucoup, elle, a perdu son cousin. Et là, qu'est-ce qu'on peut dire. Je lui ai juste envoyé des poutous de loin. Je n'avais rien d'autre à faire.
Juste envie de me dire qu'il faut que la vie gagne sur l'absurde.
Enfin l'absurde... Notre hôte, qui a essayé d'installer des missions humanitaires en Europe centrale a tout lâché parce que même dans l'humanitaire, tout était corrompu et pourri. Il a quitté sans le sous tout ce qui faisait sa vie parce que même une cause pure était vérolée par des intermédiaires.
Enfoirés de salauds qui se font de l'argent sur les dos des victimes, enfoirés de salauds à la tête des banques, des assurances, des corpos ou des religions.
Monde de pourris.
Oui.
Mais et alors ?
Eh bien, mon vieux, encore et toujours, je réponds l'art et la vie.
Essayer de diffuser à chacun l'empathie, le sens d'apprécier les choses et la volonté de vivre en évitant d'être une charogne qui écrase tout sur son passage.
Au propre comme au figuré.
Trois images ?
Ma pauvre femme qui glisse sans se faire mal, la pièce de un euro que je donne à un accordéoniste devant une église et qui est la pièce de plus forte valeur qui lui a été donnée, les deux cochons dans le tonneau.
Deux cochons dans un tonneau.
Un des trucs les plus drôles que j'aurais vu dans mes séjours et qui pourtant pourrait faire sérieusement reconsidérer le fait d'être à nouveau végétarien si je n'avais pas cette tendance à l'anémie...
Deux cochons dans un tonneau.
J'ai envie de garder ça en tête aujourd'hui avant de retourner au restaurant d'hier soir et de boire un verre à la charité et la santé de tous ceux qui restent.

La page du jour, au fait...

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