dimanche 17 juillet 2016

Istarko pivo

Glou glou esprit de l'aventure !
Nan mais tu vois, j'ai acheté deux bières artisanales et dans des types différents (blonde et ambrée pour la bura brew et classique et american pale ale pour la slovo), mais faut pas être couillon et sur ses grands chevaux, j'ai aussi voulu voir le niveau de goût moyen des gens du crû. Je suppose que l'Istarko pivo est une des bières soi-disant de base les plus consommées par ici.
Et je me prends à regretter de ne jamais avoir goûté de number one, la bière de là-bas, dis, en Nouvelle-Calédonie, parce qu'il paraît qu'elle est bonne dans son registre.
Mais je reviens à l'istarko : houblonnée, presque sans arrière goût de malt (ou du moins discret), une amertume citronnée qui dure en bouche, une odeur de fruit jaune et sans doute de citron et une attaque en bouche un peu comme les bières blanches.
Je ne suis pas sectaire sur la bière, mon gars. J'aime un peu tout du moment que ce n'est pas de la merde et je dois avouer qu'ici, eh ben, quand tu bois la bière de base de chez toi, c'est quand même autre chose qu'en France où c'est franchement pas la joie, pitin.
Hein ?
Si je ne vais te parler que de la bière ?
Non. C'est juste que planté dehors, avec les oiseaux qui chantent comme hier, le pauvre vieux chien aveugle et diabétique de la maison à côté de nous et la bière installée à côté de moi, j'ai choisi de focaliser sur la bouteille...
En face de moi ma femme explique en français à un chien croate qu'elle n'a rien pour lui et le chien continue à remuer de la queue, heureux d'être en présence d'êtres humains.
Bon, sinon, sans déconner, aujourd'hui on a visité Pula assez rapidement dans ses ruelles et en prenant notre temps dans nos deux arrêts payants : le château qui domine la ville avec son petit musée et puis les arènes.



Sur le château, vu la vue (ah ah ah) et le temps passé, je ne regrette pas les trois euros dépensés par personne. Je dois avouer avoir apprécié les trois expos : l'histoire de la résistance croate aux italiens fascistes puis aux nazis, une exposition de vieilles cartes postales datant principalement de l'âge du boom des cartes (1897 à 1918 – ah ah ah, tu n'étais pas au courant, hein?) et les enfants malades de la tuberculose ou scrofuleux (avec des photos très dures, cependant) du début du siècle.
Sur les arènes, j'ai quasiment préféré voir les techniciens démonter la scène du dernier spectacle, les deux pauvres gars déguisés en légionnaire qui essayer d'attendrir le chaland pour que ce dernier paye 20 couronnes pour poser sur une photo avec eux et l'expo sur les amphores et la production d'huile du temps des romains (hou, j'ai des activités trépidantes, n'est-ce pas?).
C'est un peu cher payé 7 euros par personne (une hausse de 150 % en dix ans) alors qu'on peut voir les arènes depuis l'extérieur des grilles, mais passons... pas de regret, parce que je me revois posé sur les marches de pierres, comptant le nombre de sièges installés dans l'arène elle-même pour le précédent spectacle et me dire, putain, là, on place 1600 personnes, le pied que ça doit être de jouer devant 1600 personnes et le peu de place que cela prend finalement...
Je te cache pas qu'on a profité de notre location pour revenir manger ici à midi et faire une sieste nécessaire (vu que ma femme a toujours le blob, ça passera, mais là, elle est crevée). L'après-midi, nous sommes allés sur la péninsule de Premantura (avec des routes très caillouteuses, tu payes 40 couronnes là où c'était 15 il y a dix ans) pour balader en compagnie sans doute de plusieurs milliers de personnes sur la péninsule qui vaut pour tous ses endroits où tenter de se baigner et pour la faune et la flore relativement préservées...
Je n'ai qu'un regret de l'après-midi, celui de ne pas avoir sauté d'une falaise après avoir regardé des gens le faire pendant au moins une demi-heure. C'était très drôle d'observer cela. J'ai perdu à pierre papier ciseaux avec ma femme qui ne voulait pas que je saute. Ceci dit, vu l'état de mon bras et la hernie au cou, c'était sans doute raisonnable. Parfois, ça fait chier encore, tu vois, de se dire qu'on est limité. Je le ressens normalement surtout dans le marathon théâtre où je ne peux pas faire l'homme fort. Mais bref, j'ai compensé l'incapacité avec l'empathie. Un gamin français d'une douzaine d'années qui faisait le bravache en sautant du plus haut point, mais sans faire un salto car il ne voulait pas aller au lycée en étant mort, m'a bien fait marrer.
Après un bain dans une crique remplie de cailloux, on a trouvé un autre endroit (après que j'ai trimballé ma femme dans des chemins piétonniers trop remplis de ronces) où il y avait enfin du sable et je me suis rebaigné.

Et là, révélation, mon vieux, faut travailler les muscles et la natation c'est ben peut-être ce qu'il me faudrait. Non pas que toutes les douleurs s'estompent (elles sont là après, mais peut-être en bien), mais au moins certains mouvements sont plus aisés et tu fais travailler ce qui doit l'être.
On va essayer en rentrant de briser le cercle vicieux du : je peux pas faire d'exercice à cause des bobos, les muscles fondent d'autant plus et contractent encore plus, donc j'ai plus mal.
Mais passons, on s'en fout.
T'es pas là pour m'entendre me plaindre, t'es là pour m'entendre te dire que oui, si j'avais gagné à pierre papier ciseaux, j'aurais sauté. Parce que c'est ça... quand il y a une décision à prendre où deux personnes ne sont pas d'accord, trancher les choses au hasard (ou à pierre papier ciseaux), c'est pas plus mal. On évite d'être frustré. Le destin a choisi.
Allez, je te laisse. L'istarko est finie (je l'avais commencée à midi) et j'attaque la bura brew en ambrée.

À demain, ma caille...
Ah si, et si je devais te laisser une seule image de cette journée, c'est depuis cette petite table, posée devant le studio de notre location, à observer le ciel et a remarquer deux nuages en forme d’œil avec une sorte de point entre les deux et puis un oiseau qui vole entre les deux yeux. Il y avait quelque chose de presque mystique dans mes quelques secondes d'observation, une mise en abîme, le ciel qui me regarde comme je pourrais regarder mon ciel intérieur et me dire, après avoir déclamé quelques vers du songe d'une nuit d'été dans une arène et dans un amphithéâtre : il n'y a que ça pour quoi je suis fait...  

Houps, l'image con (suggérée par ma femme)

Et puis enfin, la page du jour...

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