mardi 30 août 2011

Jours 23 à 26


Chaussettes oranges...
23 heures 39, le 27...

Ma femme, couchée contre moi dans le B&B tenu par des français que nous avons déjà visité l'année dernière me demande de raconter chaussettes oranges et tee-shirt rayé, deux des compétiteurs des Highland Games que nous avons remarqués cette après-midi.
Il faut dire que sur les 7 ou 8 participants des jeux à Drumnadrochit (près de Glen Uquhary), ce furent avec le gars rouquin aux cheveux et à la barbe longue les plus remarquables.
Ouais, on a été à des jeux écossais. Des jeux qui avaient cours au milieu d'autres compétitions sportives, de jeux de cornemuse et de danse.
Un peu chiant et longuet sur la durée mais j'ai tenu quatre heures.
Nous avons tenu quatre heures pour voir le lancer de tronc, et c'est mon favori, un tout ch'tiot avec un tee-shirt bleu immonde, un kilt rouge et des chaussettes oranges qui a été en passe sans doute de gagner. Un ch'tit bonhomme, mais un bonhomme qui gagne.
Sinon, j'ai payé plus que ce que je croyais l'hébergement à Craig Farms, j'ai aussi acheté plusieurs choses chez notre fermier fétiche, j'ai jeté les ordures dans les poubelles de Plockton, j'ai attendu longtemps la fermière pour payer, j'ai essayé de voir des loutres deux fois sans succès, j'ai roulé dans des paysages spectaculaires.
Le soir, j'ai retrouvé mon barman fétiche, celui qui m'a fait découvrir le Ledaig au Steading. Il m'a fait comprendre qu'il allait se faire engueuler si je lui servais de mon Ledaig ramené de Green Welly Shop (que j'ai offert à un client)...
Mon idole en matière de pubs écossais, ce barman.
Un gars jovial, assez fort qui vient du sud de Glasgow...

Et puis, et puis, et puis j'ai revu Corrimony.
Je dois laisser passer une nuit et revenir frais et dispos.
Je dois aller au cairn demain matin.
Je dois finir ma boucle et obtenir quelques réponses.
Le pub que j'adore, l'endroit mystique que je préfère, l'ambiance familiale...
Et la dame qui tient le B&B qui me parle de lieux qui lui ont donné la chair de poule.
J'ai un coup de trop dans le nez après une pinte et demi et trois malt.
Demain, je me prends aussi un coup dans le nez. Dans le nez et dans la tête. Spirituellement et intellectuellement.
Demain, je n'ai pas d'esprit. Je suis l'esprit.

Bam
29 / 08 / 2011

Et si tous les 28 août, je me fichais de tout et passais mon temps sur les Clava Cairns ?
Corrimony, ce matin, à me connecter et devoir laisser une dette de sang.
Une tique a réussi à me choper au Cairn, dites donc. Mais je n'avais pas qu'à me mettre torse poil pour sentir ce que ça faisait d'être quasi nu au milieu d'un cairn.
Les Clava Cairns, l'après-midi, où j'ai trouvé des fichus trèfles sur le dernier cairn, en bord de route, mais dans le cercle de pierres (une des pierres étant située sur la route quasiment).
Je n'ai pas forcément les moyens d'exprimer le ressenti, le coup de bambou et la joie d'avoir été sur place.
La claque aussi, après les clava cairns, au dodo le chatou.
Il y a eu bien sûr, sinon, aujourd'hui l'excellent petit déjeuner au B&B, la rencontre avec le couple et leurs deux enfants qui nagent dans toutes les eaux, Inverness sous la pluie, la nécessité de rentrer dans un Mc Donalds pour pisser, la route sous la pluie dans le Speyside et le fait d'échouer dans le même camping que l'année dernière mais en louant une tente en dur, en bois.
Il y a des images que je peux retenir.
La pierre que j'ai gardée de Corrimony.
Un troisième œil qui s'ouvre.
Les clava cairns...
Le Speyside ou la route sous la pluie.
La poule, le soir au camping.
Le dîner au chaud, dans la cabane en bois avec ma femme.
Mais si je ne devais dire qu'une chose, ça serait le mot pélerinage. Je me verrais bien, en plus des vacances ordinaires, passer une semaine chaque année en Ecosse, pour retourner aux cairns... Je pourrais y passer des heures.
Parce que je ne suis pas que dans le regard, là-bas, que la dimension du ressenti est autrement plus incroyable...
Et qu'on peut y passer des heures quand on a comme moi le filtre celtique pour percevoir les anciens chemins.
Ouais, un jour de pluie, de froid (8 à 10 degrés), de route (on a pas mal roulé, merci à ma femme qui a conduit beaucoup)...
Mais un jour de connexion pour moi, à marquer comme presque aussi important qu'un anniversaire.
Voire plus, même.
Je fais faire quoi mes prochains 28 août si je ne peux pas me connecter ?
Hu ?
Damn...
On me donnerait les moyens de voyager trois fois dans le passé, j'irais à la création de ces cairns, à la création du mythe de tonton Jésus et rencontrer Léonard de Vinci.
On me donnerait...
Hé...
Peut-être que lorsqu'on dort, c'est possible...

Edinburgh
Minuit 13, le 30...

Damn...
Rapide cette fois ci, le magasin de tartans, les ruelles sur le côté du Royal Mile, le même petit café que l'année dernière, St Giles, un peu le Royal Mile encore – envahi par la foule et les gens qui font des spectacles de rue ou te proposent de passer à leur show, une recherche d'auberge, un repas assez long dans une auberge où officiait une serveuse polonaise avec une télé passant un téléfilm allemand hyper mal joué sur une chaîne sans doute polonaise, plusieurs magasins de whiskies dont un vrai, un petit jardin aperçu l'année dernière, la montée d'Holyrood Park, une boutique de jeu de rôle, la traversée de Meadows...
Court et moins typique que la dernière fois...
Mais si je dois retenir des moments...
Ce matin, dans le magasin qui faisait chier ma femme, j'aurais dû piquer les deux sous verre, j'aurais économisé 5 euros pour deux merdes. Ceci dit, c'était intéressant de voir la fabrique.
St Giles, pour sa mystique personnelle en ce qui me concerne.
Un renard aperçu perdu en ville, galopant au milieu des gens et des voitures, très étonnant.
Un black qui jouait de la musique dans la rue pas loin de là où je voulais manger.
Un clochard endormi sur un banc dans le petit jardin qu'apprécie ma femme.
Le vendeur de la boutique de jeux de rôle qui m'explique à quoi on joue ici...
Le vendeur de la boutique où j'ai acheté mon Ledaig 13 ans qui m'a très bien conseillé et à qui j'ai offert un trèfle à quatre feuilles.
La serveuse du restaurant à midi, très sociable et qui cause beaucoup avec deux vieux messieurs, s'étonnant de certaines différences culturelles.
Un midi qui pèse mais excellent : onion rings (à deux), haggis, demi-pintes (une chacun), fish'n chips (pour ma femme), cheese-cake, expresso et un magnifique whisky « organic » qui m'a fait acheter du dit whisky en bouteille un peu plus tarf.
Un dîner sur lequel, quand j'y réfléchis, il y a du avoir une erreur sur l'addition. M'est lourdement avis qu'il y a sodomie de 5 à 6 pounds sur le total, parce qu'au pire des cas, on n'aurait pas dû dépasser : 4 (les demi- pintes) + 3 (onion) + 19 (les deux mains courses) + 6 (cheese cake) + presque 4 (le malt) + 2,5 (le double espresso), soit 38,5... Damn... On a dû payer deux desserts.
Mais j'étais tellement sur le nuage du Benromach « organic » que je n'ai rien remarqué.
Je ne crois pas avoir conservé l'addition. Crotte.
Mais bref, c'était de toutes les manières un vrai moment, surtout avec le fond de cette nullissime série allemande hyper mal jouée (on avait pas le son, mais bordel le jeu des acteurs, une pure merde qui nous a bien fait marrer).
J'aurais aussi bien prolonger les moments dans la boutique de l'embouteilleur spécialisé en compagnie de l'excellent vendeur capable de me vendre l'avant dernière bouteille de Ledaig 13 ans qui sent le Ledaig alors que les 14 et 16 ans, il me dit que je risque d'être déçu.
Et je dois avouer que j'aurais bien tapé plus la discute sur la scène rôliste écossaise.
Et que j'aurais bien aimé qu'on prenne une heure et demie de plus pour aller voir le truc que ma
femme voulait voir : Dean Village.
Et je dois avouer que je n'ai jamais, au grand jamais, vu autant d'affiches pour des spectacles de ma vie. Le Fringe, c'est la plus grande manifestation de théâtre au monde.
Au monde.
Culturellement, avec une maîtrise parfaite de l'anglais, Edinburgh est « the place to go ».
Conclusion, encore une fois : continuer à pratiquer l'anglais, à fond, à fond, à fond.
Une dernière pensée, cela dit, pour ce brave renard paumé en pleine rue et que nous n'avons pas retrouvé après qu'il soit passé dans une ruelle.
Et un tendre au revoir aux porcs qui sont à côté du camping et dont les bébés fournissent le bacon si différent des merdes de supermaché que vend la tenancière du camping (et sans doute propriétaire de la ferme aussi).
Pas de chats vu aujourd'hui par ma femme, juste une chatière...
On essaiera de faire mieux demain où normalement il y a « Ginger », le chat rouquin qui a tant plus à ma femme l'année dernière (et qui explique sans doute pourquoi on passera deux nuits en camping dans la ferme que ma femme a adoré).
Ce soir, j'ai lu un peu l'histoire de l’Écosse dans le lonely planet.
Ecosse, bazar, je te quitte demain plus qu'à regret.
Tellement, que je n'ai même pas pris un malt ce soir.
Tellement, que je réalise à quel point je n'ai rien vu de toi.
Mais je suis tranquille. Je reviendrai.
Vite.

samedi 27 août 2011

Jours 16 à 22


Skye
19 Août 2011
Skye
19 Août 2011


Allez, on est sur le ferry pour aller à Skye, j'ai eu une connexion internet vraiment pas longtemps, bougre, paumée maintenant...
Et la réflexion que je me fais en voyant Harris s'éloigner et Skye se rapprocher, c'est tout simplement : y a que la nature comme chose vraie pour totalement exister en plus de ses passions premières.
Ouais, le rêve serait d'habiter près de la nature tout en ayant l'occasion de pouvoir pratiquer ses loisirs favoris.
Je regarde mes mains mangées par les midges, j'ai envie de me gratter le visage un peu mangé par le vent et le soleil et pas mal par les midges aussi.
Et je pense bêtement à rien ensuite à part la nécessité éprouvée par ma femme et moi-même d'aller ailleurs au moins un mois dans l'année.
En ce qui concerne les nouvelles du continent, je sais que mon chat est trop gros, j'ai eu à peine le temps de répondre à un copain de jeu on line et zoup... La tête dans le cul, perdu entre les deux îles, dans la douceur tranquille d'une matinée ensoleillée, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il faudrait qu'on teste un des pays qu'on a bien aimé, mais l'hiver, histoire de savoir si ça vaudrait le coup d'y vivre. Je rends l'antenne pour fermer un peu les yeux... La nuit fut courte, malgré de gros dodos dans la journée hier.

Boum, dans le petit réduit du très sympathique fermier...
Blam, le voilà qui toque à la porte du réduit. Gros brin de causette, il s'inquiète du vent qui pourrait se lever et nous dit où nous réfugier éventuellement.
Je lui parle des pays où on a préféré la nature et les habitants : le Canada et l'Ecosse. On a aussi pas mal parlé du voyage à St Kilda l'après-midi qui nous a laissé d'ailleurs un peu sur les rotules aujourd'hui. J'ai perdu également un peu de temps avant de lancer la rédaction de l'écrit du jour parce que tout simplement le fermier m'a donné accès à sa connexion internet et que j'ai envoyé un mail ou deux à qui de droit.
Mais bref, si je dois résumer la journée, c'est essentiellement :
Ferry, et pâté mélangé d'un peu de zombie.
Magasins fermés à Uig, hum, pas d'achat possible.
Petite balade près du château de Dunvegan pour voir de magnifiques îles. Le nom m'échappe, je n'ai pas de carte sous les yeux mais je reviendrais sur ce fichu blog dans quelques jours. C'est juste histoire de noter les premières impressions et d'avoir un terreau pour refaire la même chose que l'année dernière en pages du jour.
Ce qui nous a bien marqué lors de la petite balade le long de la plage et des dunes, ce sont les gens se baladant en tee-shirt alors qu'on était avec deux polaires et une veste contre la pluie. J'ai aussi failli pisser sur des gens situés à un mètre sous moi.
La fatigue se faisant de plus en plus sentir, on est allés jusqu'au petit bled de Stein (et quand je dis petit, c'est petit) pour que ma femme puisse goûter leur fameux sandwich au crabe qui est une tuerie au Stein Inn. Et même moi qui n'aime pas particulièrement les produits de la mer, je peux affirmer qu'on était là dans le top du top, mieux sans doute que mes toasties au haggis mariné à la bière (ouais, j'ai pas peur) ou ma soupe brocolis-stilton.
Ce qui a peut-être un peu assommé la journée, c'est qu'en plus de la pinte de ale pression, je me suis laissé aller à l'immense plaisir de goûter mon whisky préféré mais version 15 ans d'âge.
Fatigue, fatigue, pas un coup dans le nez, mais pas non plus frais, on a fait la route vers Portree ensuite pour quelques courses, encore une petite découverte de la ville et se poser dans un autre pub (la pluie n'a pas aidé à vouloir nous faire galoper, vent, froid rajoutés à la fatigue, on a décidé d'une après-midi à faire les merdes)...
Dans ce pub, un truc familial, j'ai goûté à la pression locale, faite spécialement pour le dit pub et à un single malt que je ne connaissais pas, le Jura, histoire de savoir si ça vaut le coup de l'acheter en bouteille. L’Écosse est vraiment bien pour faire son choix en achetant soit un verre au bar, soit des petits échantillons.
Puis, eh ben, bêtement on est rentré... content de trouver dans le petit abri tous les légumes qu'on avait commandé au fermier ainsi que les fameux œufs de poule qui nous avaient tant plus la dernière fois...
Une soirée à la ferme, donc... A apprendre encore un truc con que je ne savais pas : il ne faut pas faire bouillir des œufs trop frais, la peau ne se détache pas. On s'en foutait, on les mangeait « soft boiled, limite coque » mais sinon, eh bien il vaut mieux réserver les œufs frais pour le plat ou pour les mayonnaises, quoi.
Rha.
J'aime vraiment cet endroit...
Je donnerai l'adresse un peu plus tard. Le gars est vraiment extrêmement sympathique et c'est quelqu'un de vrai, proche de la nature, et seulement adepte des produits naturels pour faire sa production. Je lui souhaite de pouvoir un jour aller sur St Kilda.
Je rends l'antenne pour l'instant en essayant de repenser à quelques images fortes de la journée :
- la dame forte en débardeur qu'on croise sur le chemin et retrouve des kilomètres plus loin dans un bar.
- mon rire au deuxième pub qui aurait pu me donner l'occasion de sérieusement sympathiser avec les gars du crû si on était resté.
- l'achat d'un petit guide sur les randonnées possibles à faire dans les environs qui va se révéler essentiel dans les prochains jours.
- La sympathie et la bonhomie du fermier qui m'a rappelé que j'avais apprécié de le voir lui et son fils l'année dernière et qui ne cesse de me convaincre que c'est plus un truc comme ça que ma femme devrait faire. J'ai l'impression qu'elle rêverait bien d'un concept entre la ferme et le camping / bed and breakfast... si possible dans un autre pays que la France...
- Les poules de ce brave fermier qui nous avaient tant plus l'année dernière.

Allez. Au dodo. Et tant pis pour les fautes pour l'instant...

Bien trop tard le 21...
1 heure 44...

Mauvaise nuit, trop de vent qui souffle. Lever tôt.
Départ pour le phare de Point of Ness après un passage éclair dans le parking pour aller au château de Dunvegan.
Point of Ness, comment dire ?
Avec des bourrasques de vent à sans doute pas mal de kilomètres heures et la pluie, il nous a fallu du courage pour descendre jusqu'au phare et pour aller encore un peu plus loin là où aucun autre touriste ce matin semble être allé, sur les rochers en face de la mer déchaînée avec des dizaines de constructions en rochers, des assemblages typiques qu'on trouve souvent ici.
La rencontre de l'homme, de la nature et des éléments, féerique.
Petit passage, au retour, dans la plus vieille boulangerie de l'île, une dame nous vole presque tous les scones, hum...
Et là, à partir de là, vu ce qu'on s'est pris dans la gueule dans l'après-midi, eh bien, retour au Stein Inn de Stein, rebelote en sandwich au crabe pour ma femme et en toasties pour moi, mais au fromage sans goût ce coup-ci et sans ale, s'il vous plaît, je ne suis pas formaté pour en boire le midi.
Petit plaisir ensuite avec le ledaig qui est en fait sans doute un 13 ans d'âge plutôt qu'un 15 ans, et parties de billards dans le pub où nous nous avérons bien nuls.
Lorsque je veux prendre un deuxième verre, c'est la fin de la bouteille, moins qu'une dose, je ne la paye pas et ma femme peut se laisser aller à un glayva pour apprécier mieux nos ratés lamentables au billard.
Doucement ensuite, quelques courses à Portree, puis direction la magnifique ferme où nous logeons dans une sorte de cabane en bois.
Lamas, un chat, un chien, un perroquet, des moutons de l'archipel de Saint Kilda, sans doute des alpagas, des paons, des lapins, des chèvres, etc...
Et une vue de folie.
L'endroit s'appelle le Craig Highland Farm et on ne l'a pas quitté après être arrivé vers les 5 heures et demi.
La vue sur la baie, les îles, la forêt, les montagnes, bon sang. Il y a un micro-climat dans le coin, c'est un paradis (midges exceptées).
Le soir, on s'est fait un film en vidéo, sans sous titre, un truc de 2002 appelé Crime Spree avec des briscards comme Halliday, Depardieu, Renaud et Harvey Keitel... Assez marrant.
Je passe aussi sur les trois étonnants et joyeux moments passés aux chiottes à produire les trucs les plus incroyablement collants de mon existence, sticky shit, on appelle ça en vacances, mais ça a été aussi occasion de rigolades.

Retrouvailles...
22 août 2011 pour la journée du 21...

Retrouvailles avec :
- un lever un peu plus tard, merde, c'est dimanche, c'est notre premier vrai jour dans un truc totalement confortable et autonome.
- Plockton, que ma femme avait tant adoré l'année dernière. On a fait toute la grande rue, vu presque toutes les maisons et pris des photos des menus des 4 restaurants de la ville pour savoir où aller cette semaine.
- la petite cabane, chez un fermier, où nous avions acheté des œufs de cane l'année dernière. Cette année, le fermier était là, ses chiens ont fait la fête à ma femme, on a pas eu d’œufs de cane mais on a acheté pas mal de ses produits, dont un très bon chutney pommes courgettes qu'on a goûté ce soir. Ça a été excellent de mettre un visage sur un type qui a la sympathique idée dans les Highlands de continuer à croire aux honesty box.
- Le fermier de Skye chez qui nous avons dormi, il est venu taper à la porte de notre cabanon pour me rendre le port USB de ma souris que j'avais oublié chez lui. « Aren't you lucky » m'a-t-il fait en me rendant l'objet, et pour cause, il était justement de passage aujourd'hui dans le coin pour voir des amis.
- Locharron, Strome Castle et la péninsule d'Ardaneaskan où nous étions allés l'année dernière. Ça aurait pu être chiant de refaire parfois les mêmes trucs, mais là, non, même pas...
- Le temps relativement beau qui nous a permis de nous balader sans souffrir de toute la journée.
- La Suède, en goûtant un cidre ce soir qu'on buvait tout le temps là-bas.
- Le Ledaig. Bon sang, j'ai goûté ce soir de la bouteille à 19 livres que j'ai achetée et qui n'a pas d'indication d'âge... Ce n'est pas pour dire, mais ça ressemble à de l'ancienne formule du Ledaig que je préfère légèrement à la nouvelle et à ce prix là, l'investissement vaut plus que le coup.
- Le Trône de Fer qu'on a commencé à regarder ce soir avec ma femme.
- Un chat par jour, on en a aperçu au moins un ce matin à Plockton.
- Des crises de rire ou de la complicité qui sont plus évidentes en vacances.
- Les animaux de la ferme qu'on s'est amusé à nourrir à nouveau, comme hier.
Bref, si je devais un peu comme chaque soir me contenter de quelques images, ça serait le fermier de Skye qui apparaît à ma porte, le château de Strome, le petit bar à Locharron où ma femme avait vu des nains l'année dernière, le fermier de Plockton et ses chiens, Horus qu'on a inscrit avec des pierres sur le sol comme on l'a fait avec Kilda, hier.
C'est vraiment, vraiment, vraiment un coin magnifique par ici.
Pour la magie, c'est pas encore ça car de toutes les manières on a pas vraiment fait de sites particuliers, tout est plus du domaine de l'intérieur pour l'instant.
Mais bon sang, collez-nous une ou deux loutres et ma femme est à deux doigts de s'installer.
Je passe des trucs plus généraux comme un nouveau fromage pas dégueu goûté aujourd'hui, le nombre incroyable de français, d'allemands ou de néerlandais croisés, l'impression que l'herbe est toujours plus verte ailleurs.
L'herbe est toujours plus verte ailleurs.
Mais je maintiens : des bons produits de la ferme et de la mer, la mer, la campagne, la montagne, la forêt, la nature, la bonne ambiance dans les pubs, le micro-climat dans les environs de Plockton, ça ne m'étonne pas que quelques maisons se construisent et je ne serais pas surpris que de plus en plus de gens veuillent s'y installer.
Quoique...
Quand on voit ce qu'il est possible de faire dans une seule région, qu'est-ce qu'il serait possible de vivre si on gagnait au loto et pouvait voyager toute sa vie ?
Existe-t-il des lieux où la perfection est atteinte pour certains individus au point qu'ils se disent : ça y est, j'ai trouvé mon coin de paradis.
Moi je sais que ce coin devrait avoir tous les éléments qu'il y a dans la région de Plockton, choses hautement possibles au Canada, en Nouvelle Calédonie, sur la côte Ouest des États Unis ou Est de l'Australie...
Hum.
Il est tard pour la manière dont on va vivre la journée de demain.
Bonne nuit, moi.
Retrouvailles, les dernières, les bras de Morphée et de tous les esprits qui dansent avec les songes.
Ma femme qui vient de passer trois nuits trop courtes pour elle m'a demandé de la laisser dormir... Bien. Au pire, je me couche plus tard, au mieux, je me lève plus tôt pour me balader alentours.
En tout cas, douche excepté (problème de chaleur et de débit qui la rend moins confortable que toutes les précédentes du voyage), je dois avouer que je tiens à beaucoup remercier ma femme pour cette semaine dans un quasi paradis...
Trois images de la journée ?
La fantastique vue des rochers ce matin...
La grosse rigolade pendant la partie de billard.
Le chat de la ferme qui a un miaulement continu et étrange et qui est forcé de vivre dans la grange par peur des paons...
Je ne mets même pas la vue des Cuillin sur le chemin du retour ou la vue qu'on a du cabanon, c'est hors jeu.

Hum. Addendum, depuis le début de ces vacances, je tourne à un p'tit verre de whisky blend le soir, mais je viens de goûter du fromage en ledaig... Mamma mia, non, c'est ridicule, tant qu'à boire, autant profiter du meilleur.
Et le fromage, fait à partir du lait des vaches qui ont mangé les rejets de la production de l'usine... Mamma mia.
C'est peut-être pas un excellent brebis des Pyrénées ou la force de certains chèvres ou l'excellence du munster d'Alsace, mais il y a ce boisé, cette tourbe et cette force derrière qui font quand même dire qu'il y a des tas de choses de caractères en Écosse, nom des dioux.


Rêves (Parenthèses)... Je suis habitué à noter à l'écrit tous les matins mes rêves et là, mon stylo lapagedujour.net vient de rendre l'âme sans que je n'ai un autre stylo avec moi. Double énervement parce que je n'ai pas acheté un stylo à la con sur le chemin qui m'aurait dépanné et parce qu'avant je ne me déplaçais jamais sans plusieurs stylos...
Le rêve de cette nuit était une sorte de grandeur nature, dans une île, un endroit assez paumé qui respirait un peu la lande, un peu la balade d'hier après-midi autour d'une sorte d'îlot accroché à une la langue de terre...
Mon personnage était une sorte de scientifique, amoureux de la connaissance, intéressé par tout avec aussi un relatif intérêt (c'est peu dire) pour l'amour entre les hommes (pas sexuellement hein)...
Ce qui est assez débile comme dans tous les rêves, ce sont les scènes dont je me souviens :
- une répétition du rôle, dans une fosse, avec des élèves qui passent au-dessus, la personne qui est avec moi (mais qui est moi) dans cette fosse est changeante mais elle n'aime pas être observée, elle se cache derrière un rideau sur une des parois de la fosse. J'ai le temps d'y apercevoir des tas d'étagères avec des bouteilles de whisky.
- mon principal collègue est Grégoire du théâtre, il est un peu à l'Ouest comme toute l'année dernière et lorsque nous recevons des détails plus précis de nos rôles où j'apprends mon rôle de gentil (mais où je réalise aussi que j'ai des capacités de seconde vue)... Il me demande de lui lire aussi son rôle ce qui est quand même embêtant dans un grandeur nature / jeu de rôle où la connaissance des secrets de son personnage me gâcherait la partie...
- l'arrivée au village où nous jouons et où nous animons certainement la Grand'Rue avec nos rôles. Comme souvent, je vole un peu...
- Mon intérêt, dans le rôle, pour deux mystères, notamment un qui concerne la manière dont s'est réalisé une voie naturelle, un chemin, qui pourrait avoir trois explications et donc me mener dans mon enquête sur ce que font ou savent les autres personnages.
- Un autre joueur un peu neuneu qui m'indique que le personnage de Grégoire me soupçonne (ce qui est bizarre parce que j'ai vraiment le rôle d'un gentil, ceci dit, mon personnage est exactement comme certains pnj que j'aime en jeu de rôle, des gentils qui ont une apparence mystérieuse)...
Voler. Enquêter sur des mystères. La seconde vue. La beauté des paysages...
Que demander de plus ?
Peut-être qu'au regard de ce manque de fichu stylo, je vais me décider à écrire le rêve sur le mini pc que j'avais aussi un peu acheter pour ça, mais ce n'est pas le même feeling de taper et d'écrire. En écrivant, je retrouve un peu le travail de la main et parfois je fais des gribouillis. Mais je pourrais aussi associer les dits gribouillis au texte fait le jour en les scannant. On verra à la rentrée...

Dans le coin, minuit 51, le 23...

Si je devais résumer brièvement la matinée, ça serait : lever un peu plus tard, panne de stylo, courses tôt le matin parce que pas de stylo et caméra oubliée, pas de stylo acheté, ranger la bouffe, aller à nouveau chez le fermier d'hier, trouver les œufs de cane, balader près de chez ce fermier, en gros sur les bords de plage aux environs de Plockton, déjeuner au Haven sur Plockton, un hôtel restaurant qui fait dans le pas mal du tout : chèvre chaud et légumes pour moi, ainsi que saucisses / oignons /purée alors que ma femme a donné dans le soupe et fish and ships...
L'après-midi est encore plus courte : quelques photos en sortant du restau de jolies voitures de la marque MG, sieste à Craig, et départ pour une balade entre Durinish et Drumbuie, une balade côtière dans l'espoir de voir des loutres. Mais queud.
Bien sûr, moi, je n'ai pas été déçu, j'ai trouvé deux fois des trèfles ce matin et une fois cette aprèm, mais c'est pour ma femme que ça m'emmerde, elle voulait vraiment voir des loutres.
La soirée est simple, faire la bouffe, manger des tas de trucs achetés chez le fermier, regarder deux épisodes du trône de fer et basta.
Les journées sont longues mais elles passent si vite. 
Trop vite. Je sais déjà que ma femme sera très triste de partir et je ne la force pas à faire des activités débordantes pour une fois même si j'aurais aimé faire un chemin pêchu dans la forêt parce que bon, elle avait vraiment envie de se poser dans cet endroit. Pour déconner, je lui ai acheté un autocollant I Love Plockton à mettre sur sa voiture...
Et puis bon, on a bien rigolé au restaurant en se moquant un peu de la lenteur alors que le serveur était incroyablement attentif et serviable, on a vu une côte et des paysages magnifiques, on a encore constaté que ce coin c'est la rencontre de tout : forêt, campagne, mer, montagne, vie sauvage (si on a de la chance)...
Sans compter aussi sur la sympathie des gens qui vous sourient facilement et avec lesquels on sent que c'est plus facile de communiquer qu'en France...
Quelques images à retenir de la journée ?
Mes fichus trèfles, bien sûr, qui me disent que l'endroit est magique... encore une fois.
Les chiens du fermier chez qui on achète les produits, bon sang, t'as envie d'en avoir des comme ça.
Une petite tombe perdue sur une butte en face de la mer, dédiée à une petite Iona qui n'a vécu que 5 jours, très surprenant de trouver ça dans un coin aussi magnifique. On a envie d'imaginer des tas d'histoires autour de la raison qui a poussé les parents à installer un petit mémorial perdu à quelques mètres d'une balade empruntée par pas plus d'une vingtaine de personnes par jour.
La vue, encore, depuis notre fichue cabanon...Ca donne plus que foutrement envie de s'installer mais je suppose que ça doit le faire pareil aussi dans des endroits comme la Croatie, la Corse ou le Canada comme je l'ai déjà dit hier.
Le restaurant à midi, où définitivement je maintiens qu'il faut éviter absolument de commander de l'expresso dans nombre d'endroits par ici. Mais je dois avouer avoir adoré le cadre de l'hôtel... On peut comprendre les gens qui ont un peu les moyens et viennent explorer ce genre d'endroits.
Les vieilles voitures MG, sorties pour un rallye de 5 jours jusqu'à demain... Il faut que je me renseigne sur cette marque, des dioux, pouet pouet.

Tout ici... A la ferme, où on se trouve, oui, puisqu'il y a des animaux un peu à part, dont un des quatre spécimens du mouton de Borreray existant sur le mainland.
Mais je dois avouer qu'il y a peut-être ce léger regret pour l'instant de ne pas avoir vu des animaux dans les bois ou les champs comme cette matinée à Mull ou ces fichues loutres.
On va tenter de se rattraper demain en allant dans un coin plus sauvage, moins pastoral.
Et je commence à penser que c'est deux ou trois semaines qu'il nous faudrait pour explorer tout cet endroit.
Hum.
Demain la journée sera longue.
Et c'est tant mieux.

Mon vieux Karma...
Minuit 32, le 24...

Ouaip, aujourd'hui, c'est peut-être la journée où j'ai le plus filmé, et tu sais pourquoi ?
Pour trouver la paix et faire une sorte de deuil.
Ça a commencé bien, j'ai fait une sorte de scottish breakfast ce matin, à la manière des Highlands, porridges, œufs, boudin, même (ce qui est quelque chose, quand même, le matin), puis on a pris la route pour une péninsule dont le guide du routard ne parle pas.
Pas de loutre le matin, du côté de l'endroit où on peut prendre un petit ferry pour aller sur Skye, si proche, mais des phoques, un oiseau mort, un paysage qui se découpe, magnifique.
Puis, on a emprunté une autre route paumée pour aller voir des Brochs, des constructions des anciens qui ressemblent en gros aux premiers châteaux. Un petit coin tout paumé dont ma femme retrouvera les noms quand elle lira le journal.
J'ai adoré tellement l'endroit qu'on y a passé plusieurs heures... Il y avait un p'tit café à côté du second broch avec un chien bien sympa, comme j'aurais bien aimé que tu sois si tu avais été un chien...
J'ai oublié comme un con le déjeuner de ma femme, elle a dû se contenter de manger sucré, assise à côté de moi, vue plein pot en hauteur sur un rocher à quelques mètres du premier broch, à se mouiller le cul comme moi.
Puis, à pied, nous sommes allés voir le troisième broch qui dominait un peu plus la vallée, au sommet d'un gros rocher envahi maintenant par de nombreux arbres (dont beaucoup de bouleaux). Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu continuer un peu plus loin sur le chemin après le troisième broch, mais là, j'ai trouvé un rocher où j'ai gravé dans la mousse : « Karma, 1999 – 23 8 2005, RIP buddy » et « Basté 27 7 2001- 7 3 2011 ». Chose normale après avoir inscrit avec des pierres les trois autres chats sur des plages... J'ai voulu tourner une sorte de page, laisser un souvenir de vous qui à l'occasion pourrait être vu par quelqu'un (ce qui n'est pas forcément sûr), un souvenir qui pourrait me permettre de faire un petit pèlerinage dans un endroit absolument magnifique.
Les arbres, la montagne, le cours d'eau, les pierres, de vieilles construction, l'isolement, la paix, tout était parfait dans cette vallée mon vieux Karma et ma vieille Basté...
Tout était parfait et paisible.
L'harmonie, l'état de quiétude vers lequel on devrait tous tendre et que tu m'as permis de toucher alors que tu es mort depuis déjà 6 ans.
Ensuite, eh bien, nous avons repris la route et poussé jusqu'au bout de la péninsule pour atteindre Corran où nous avons pas mal parlé avec la vieille dame – Sheena (ou un truc dans le genre) – qui a ouvert une tea house après la mort de son mari pour ne pas s'embêter. Elle nous a parlé des poules attaquées récemment par une bête sauvage, de ses deux chats enterrés, du chien qui passait du temps avec elle, tout ça... Paumés au milieu de nulle part, ils ont un van qui passe pour livrer à manger et mon dieu, pour rien au monde elle ne quitterait son nulle part.
Pour finir, j'ai fait la sorte de Riviera locale, de l'autre côté du loch où se trouve le château d'Eilean Donan.
Et deux épisodes, encore, du trône de fer ce soir avec une bonne rasade de Ledaig en ton honneur mon cochon.
Une excellente journée, vraiment.
J'ai gardé un p'tit bout du gros rocher où j'ai inscrit vos noms.
J'ai intention de retourner là-bas et d'aller plus loin que le rocher. Un jour. Dans pas trop longtemps et peut-être que mes autres chats vous rejoindront...
Peut-être.
La route est longue...
Des images à garder en têtes ?
La vallée où se trouvent les Glenelg Brochs, Glenelg, donc. Toute la vallée. Il y en a des plus belles, il y en a des mieux loties, il y en a des plus fertiles encore, mais trouver la paix la plus profonde, c'est si rare, mon vieux, si rare...
Le premier broch. Parce que je ne sais pas, peut-être le plus mystique de mon point de vue, et encore, pas forcément ça, celui dont les pierres et l'histoire vibraient plus en moi.
La vieille au bout du bout de Corran. Très volubile, très marquée encore par la perte de son mari, elle avait cette étrange manière de parler en regardant de côté et fut surprise d'apprendre qu'on était français, si peu de français poussent jusqu'à Corran, mais il faut dire que ce n'est pas dans le guide du routard...
Le chien qui squattait chez la vieille en attendant ses maîtres. Un mélange entre un loulou et un King Charles, je suppose.
Le chien qui m'a rapporté son bâton au p'tit café / ferme situé à côté du second broch...
Les voitures MG qu'on recroise par hasard en masse, alors qu'elles venaient de Kylerhea... Oh bon sang, tous ces gens assez nantis avec un loisir de riche, certes, mais un plaisir pour les yeux, je les revois me sourire lorsque je les filmais.

Point break...
2 heures 8, le plus tard du séjour pour l'instant, le 25...

Tu veux que je te raconte une histoire ?
On avait décidé de faire la péninsule d'Applecross, et on l'a fait...
Petite balade dans le principal village, déjeuner à l'Applecross Inn, soupe au poireaux – patates et duo de saumons pour ma femme, soupe de choux-fleurs fromage et haggis flambé avec crème et oat cakes pour moi... Plus un plat de frites seulement.
Belle balade. Bonne auberge. L'estomac un peu lourd, on a poussé jusqu'à Toscaig, vers le sud... La pluie qui commence à tomber. Une petite balade sur les collines après un chien noir qui jappe et une jolie maison en pierres avec des rajouts en bois à vendre.
Un bout du monde, avec des pêcheurs, quelques moutons et sans doute pas plus de dix maisons...
On avait une autre balade à faire, mais on s'est dit qu'on voulait balader ici, alors on s'est contenté, parce que le temps devenait plus clément, de tenter la boucle vers le nord de la péninsule.
C'est qu'on avait déjà pris le chemin de traverse le matin et eu l'occasion de marcher au sommet de certaines des montagnes et qu'on voulait faire la côte qui nous ramènerait jusqu'à Shieldaig, un village où nous finîmes très fatigués l'année dernière dans une sorte de camping sauvage bourré de crottes de moutons juste au-dessus de la ville.
Mais tu sais quoi mon vieux ?
A quelques centaines de mètres de Shieldaig, la pluie qui recommence à tomber et le câble pour passer les vitesses qui lâche.
La voiture étant bloquée en seconde et comme on était en descente, j'ai pu nous amener jusqu'au village de Shieldaig où ma femme a bataillé comme une malade avec les assurances pour qu'elles nous trouvent un garagiste agréé... Comme elle croyait qu'elle n'avait du réseau que dans un endroit très pluvieux et rongé par les midges, elle a sérieusement mangé pendant que je gardais nos affaires et que j'éclusais en dessinant dans l'auberge de Shieldaig...
Un garagiste très sympathique est venu nous secourir en fin de journée et nous voilà bloqués à plus de trois kilomètres de la ville la plus proche à attendre une pièce de rechange.
Il était sympathique ce garagiste, bon sang. Ex conducteur de bus scolaire, sauveteur en mer volontaire, sa dernière intervention remontait à 15 jours pour sauver un vieil homme qui avait eu une attaque.
Et tu sais quoi ? Ben j'ai laissé glissé le crayon, et je t'ai écrit à toi et puis à l'autre aussi auxquels je parle parfois, comme des guides ou plutôt des images modèles.
Et j'ai bien réalisé que dans tout ce malheur on avait eu de la chance. On est pas tombé au milieu de nulle part, on a pas eu à attendre plus de trois heures (comme ces chinois bloqués à Eilan Donan) une fois notre coup de fil passé et surtout on est pas morts. Le câble d'embrayage qui lâche, c'est pas si catastrophique après tout.
Et tu sais quoi ?
J'avais cette intuition qu'on aurait une merde et qu'on passerait plus de temps qu'on ne l'aurait voulu dans le coin.
J'avais pas voulu exprimer cela, mais c'était là...
Alors quoi ?
Deux bières à l'auberge, un excellent cheese cake, la journée la moins végétarienne de ma vie mais que avec du bon...
Les courses sont déjà faites.
Toute la matinée a été tranquille.
On est pas aux pièces, on peut toujours faire sauter Edimburgh...
On peut toujours.
On peut toujours appeler et dire qu'on a eu une grosse merde... Et trouver le moyen de loger ici deux jours de plus si la pièce pour la voiture prend du retard. On peut, ouais, on peut vraiment toujours, quitte a rouler une douzaine d'heures un jour.
Je sais pas s'il faut y voir un signe. Mais quand même.
D'aucuns diraient que quelque chose nous a poussés à rester ici pour découvrir plus de choses sur nous mêmes.
Je revois le bord de mer, la balade dans la campagne, au bord de la mer et dans un petit bois de pin. Je repense à la bonhomie et sympathie du dépanneur qui connaissait Sheela de la pointe de péninsule d'hier et Patty de notre ferme
.
Je revois le visage un peu rude du patron de l'auberge d'Applecross.
Je repense au couple de français et leur deux filles dans la même auberge que moi et avec qui j'ai échangé quelques paroles complices.
Et ma femme qui me dit que Shieldaig est maudit pour nous... La pluie, les midges, une aura liée à des emmerdes (fatigue d'une après tempête ou fatigue d'un accident qui aurait pu être pire)...
Et je me dis, bien...
On aura le temps de découvrir vraiment, vraiment, vraiment à fond le coin.
C'est quand même rigolo que j'ai commencé la journée en montrant une maison à vendre qui me plaisait bien à deux kilomètres d'ici.
Shit happens.
Mais on est là, bien, et prêt à bien vivre la journée de demain, voiture ou pas.

4 et demi
1 heure 05, le 26...

Le matin ?
Assez t ard avec un rêve concernant le changement, une voie tracée pour moi dans la dégustation.
Plus tard dans la matinée ?
Pas de connexion wifi à la maison des propriétaires, pas de propriétaires non plus, on a pas pu les prévenir que nous étions en panne.
Petite poussée jusqu'au Duncraig Castle et aux jardins de celui-ci. Trois chats font le bonheur de ma femme dans le jardin, dont un dénommé Freddy Fat Cat le bien nommé, une boule de sans doute 7 à 8 kilos.
Avec la brume qui s'élève du Castle et les vieilles reliques d'animaux empaillés qu'on aperçoit derrière les fenêtres, ma femme ne peut s'empêcher de voir le château comme « hanté » (au sens graphique du terme).
Midi, toujours pas de proprio et glande à Craig Farm. On teste pour l'honneur une soupe petits pois menthe qui s'avère très dispensable. C'est qu'il y a une gamme de soupe qu'on apprécie par ici, particulièrement carottes coriandre, et que je tenais à goûter ce qui n'était pas à la tomate.
Départ ensuite dans des sentiers un peu boueux vers Plockton. Longue est la route, surtout quand je reste bredouille sur les milliers de trèfles que je regarde sur la route.
Longue, mais belle.
Quelques courses à Plockton après découverte de la zone résidentielle côté Est du village puis on se pose, en tee-shirt, dans le jardin de l'auberge, face à la mer et la baie.
Une pinte d'ale locale, je trouve dans le petit jardin 6 trèfles, deux que je garde, un que j'offre au barman, trois à des couples, dont le dernier bien après avoir trouvé les premiers.
Les midges arrivent, les gens partent manger, j'ai deux pintes dans les dents et une demi-pinte de Guiness et je commence à parler à Mark et Karen, le dernier couple à qui j'ai offert le trèfle. Ils vivent dans le Speyside, il est originaire de l'Est, elle de l'Ouest, ils se sont rencontrés dans un pub de l'Ouest après avoir passé sans le savoir plusieurs années quasi voisins et sans jamais se rencontrer.
Bref. Elle a été infirmière et lui travaille pour une boîte allemande dans les « pipe line »... Solide et bonne conversation, Mark me propose un dernier verre dans le pub, auquel se rajoutera encore un verre (mais j'ai pris garde de ne commander que des demi-pintes ensuite pour ma femme qui a eu plus de mal à encaisser la dose)...
Incroyable niveau de conversation et de sympathie. J'ai pas mal appris des écossais, de leur manière de vivre un peu comme les français, relâchés, détendus, sympas mais aussi parfois grandes gueules. Ils sont assurément très différents des anglais et tiennent à cette différence.
Mark et Karen ont deux chats très vieux (20 et 17 ans) et un red setter de neuf ans, lui adore le mountain bike alors qu'elle est plus fan de canoë kayak. Le couple me fait pas mal penser à Eric et Lydia en Australie...
J'offre un des trèfles de mon carnet à Mark pour les deux coups qu'il m'a payé à boire (trois heures de route pour eux pour arriver jusqu'à Plockton et une semaine prévue dans quelques jours plus au Nord avant que Mark ne parte 6 semaines en Australie, à Perth)...
Et il est quoi ?
10 heures – 20 heures locale... (peu ou prou).
On a pas vu le temps passer, et en discutant avec le couple, et en restant devant la baie de Plockton qui inspire tant de paix et de félicité à ma femme.
On rentre donc passablement éméchés dans la presque nuit en se marrant. Un bon moment. Très bon.
Ma femme est couchée, j'ai tenu visiblement les ales comme jamais j'ai supposé que je pouvais le faire.
Le mot qu'on a laissé à la propriétaire de la ferme où nous résidons est donc obsolète (on lui avait dit qu'on récupérerait notre linge dans l'après-midi) et je pense aux images de la journée...
Le château, bien sûr, avec son très moche bâtiment rajouté sur le côté pour servir de pensionnat.
La ferme pour nous tout seuls en rentrant à midi.
Les coins sombres du chemin pour aller à Plockton.
L'église de la free church of Scotland, à l'air libre.
Des bikers de Harley, le gosse qui essaie de pêcher, un gars et trois femmes qui parlent en gaélique ou néerlandais, les deux premiers couples à qui j'offre des trèfles, le jeune barman, puis Mark, cheveux courts et gris, mince, peau de rouquin, sportif et Karen, brune, un peu ronde, mais sportive, amateur de bons vins.
Je revois la manière dont elle fait un hugging quand elle a quitté Clarisse et la sincérité avec laquelle ils nous ont invités chez eux si jamais on passait par Moray dans le Speyside où ils habitent.
Je repense à la pensée magique (si je trouve un trèfle à Plockton, ça vaut le coup de s'installer)... J'en ai trouvé dans le petit jardin de l'hôtel / Inn en plein milieu de la ville ?
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Eh bien déjà qu'on ne regrettera pas une seule seconde ce qu'on a loupé dans la région, il y a tellement de choses à voir.
Et surtout, qu'il y a sans doute un avenir au delà des frontières de l'hexagone.

Loutres...

Minuit 20, le 27
Femme malade ce matin, très malade, crise de sinusite.
Du coup, lorsqu'on a vu Patty pour récupérer notre linge et qu'elle nous a dit qu'il y avait souvent des loutres dans le coin, on a essayé d'aller les voir. Mais rien.
Puis Patty m'a demandé si j'avais besoin de quelque chose, non, à part du pain (donné) et des balades intéressantes à faire dans le coin.
Chose faite, Patty me dessine une carte du coin et me donne les temps nécessaires pour faire certaines balades.
Sauf que bon, je ne suis pas un randonneur, moi. Je m'arrête pour filmer, regarder, chercher parfois des trèfles.
Quoiqu'il en soit, j'ai monté donc seul un chemin.
Celui qui mène au relais télé au-dessus de la baie de Plockton.
Une pure merveille une fois qu'on est là haut, une vue incroyable sur des lochs, les montagnes, la mer, Plockton tout au loin. Des tas de bruyères, des libellules, et même ce qui ressemble à deux perdrix, mais en plus petit...
Ma descente a été plus rude, j'ai voulu jouer au rude. Mon cœur, lui, n'a pas lâché mais j'ai bien senti qu'il s'agitait plus que de raison... Ceci dit, bon, j'ai fait de la grimpette et ça m'a rappelé combien j'aimais faire ça môme...
Ça m'a aussi permis de découvrir tout un aspect que je ne soupçonnais pas de l'Ecosse... Ce qui se passe là-haut, en dehors des routes.
Je fais la merde l'après-midi puis Patty me dit que la voiture est prête alors que je m'apprêtais à aller à pied à Plockton pour acheter des trucs pour consoler ma femme de sa journée au lit.
Dans la voiture qui nous mène à Kyle, je discute avec Patty : née en Egypte, élevée longtemps à Singapour, plusieurs années aux Etats-Unis, dont neuf mois l'année dernière quand elle est partie s'occuper de son frère qui est mort maintenant, j'ai le temps aussi d'apprendre les noms des différents moutons en écossais selon que ce soit une brebis, un mâle ou un jeune mâle castré. De savoir qu'il y a des cons de chasseurs comme chez nous qui abattent des faisans lâchés le 12 août, qu'elle tue elle-même ses animaux, mais d'une manière humaine et que les deux cochons qu'elle prend chaque année sont pour la nourriture.
Au garage, j'oublie mon sac, mais je suis bien content de revoir notre sauveur. Je reviens au garage après des courses sur Kyle puis file à Plockton chez notre fermier fétiche pour acheter des œufs de caille et ensuite au pub pour goûter un whisky d'Islay dont j'ai toujours difficulté à prononcer le nom...
Deux fois pour moi et trois fois pour ma femme on est allés voir des loutres, et que dalle. Donc décision est prise d'un lever tôt demain matin pour tenter de voir ça.
A côté de ça, on a des chances dans la ville à côté du château d'Urquhart de voir des Highland Games demain. Et on est à peu près sûr de revenir dans le coin dans les deux semaines, ma femme voulant ce coup-ci amener nos chats (à voir).
On a aussi fini les deux derniers épisodes de la première saison du trône de Fer et je dois avouer que c'est frustrant de ne pas avoir la suite (ceci dit, il est possible de lire les romans du coup).
Des loutres.
Il y a une loutre et ses deux bébés dans la baie. Vont-ils se montrer ? Ma femme aura-t-elle ce plaisir après une journée passée allongée ?
Y-a-t-il quelque chose de psychologique dans le déclenchement des crises de sinusites ?
Je sais que ma femme serait restée plus longtemps. Je sais qu'il y a encore des tas et des tas et des tas de trucs qu'on a pas fait dans la région...
Des images de la journée ?
Moi, tout seul, une petite demi-heure au pub à gribouiller sur un carnet pendant que je sirote mon malt, en position d'introverti.
Le magnifique panorama de ce midi, une pure merveille... avec tous les éléments...
La photo de la sorte de perdrix saisie au bon moment.
Le gosse que je croise sur les chemins et qui a un peu peur du type agenouillé devant des trèfles.
Des tas de libellules que n'aura pas vues ma femme.
Le magnifique arc-en-ciel qui dure une plombe de ce soir.
Ce brave fermier à qui on achète les légumes et les œufs qui n'avait pas sorti ces chiens aujourd'hui...
Allez, dodo plus tôt parce que peut-être loutres demain, des dioux...

samedi 20 août 2011

Jours 9 à 15

Skye...
Minuit 11, le 15, mais toujours onze heures, le 14 en Écosse.

Je fais quoi ? Je parle des émotions ? Je raconte dans l'ordre ?
Non.
Je laisse les impressions dominer, c'est plus parlant comme ça. Je revois le château de TIORAM ??? sur sa petite butte, un panneau interdit d'entrer à l'intérieur, comme si j'allais me gêner. Un des meilleurs moments de la journée de voir de l'intérieur ce château envahi par les ronces et les mûriers et en train d'être reconstruit depuis un paquet d'années si j'en juge l'écriteau datant de 2000 interdisant l'approche de la face nord du château.
La route, le long de la péninsule d'ARDNAMUCHAN, impossible à prononcer comme nom, bon sang. Magnifique. La route, ensuite, pour rejoindre Mallaig où l'on peut bifurquer pour aller vers le château...
Il y a aussi ce notaire écossais, rencontré à Tobermory en attendant le ferry. Il est amoureux des bonnes choses et de pas mal de choses en France. Sa voiture est une pièce de collection magnifique vieille de 31 ans. Il nous donne un truc pour des croisières en Europe, toujours profiter des mois de Mai ou de Novembre quand les paquebots sont entre leurs saisons Caraïbe et Méditerranée...
Je revois le chien sympa prêt à rentrer dans la voiture alors que la pluie tombe près du phare qui indique quasiment le point le plus à l'Ouest des terres d’Écosse (non île).
Le visage bonhomme du propriétaire de l'auberge de jeunesse d'ici, c'est quelque chose également. Il a une tronche caractéristique avec un large menton et une bonhommie incroyable.
Les quatre allemands qui partagent le petit coin de l'auberge où nous nous trouvons (il y a trois chambres pour deux et une cuisine à part)... je leur offre des crunchies, il est impossible de ne pas goûter à un des plaisirs des cochonneries Cadbury.
Bêtement, il y a aussi le film que je viens de voir, thin knight (ou men) dancing, qui m'a bien tenu la soirée dans la chambre pendant que les allemands jouaient aux cartes.
Le moment le plus drôle de la journée fut cependant l'attente dans une auberge / café / restaurant le matin après avoir débarqué du ferry de Mull. Ma femme n'a pas pu s'empêcher de faire des réflexions sur les grains de café encore collés à la tasse et à l'énorme pot de pisse d'âne qu'on nous a amenés pour deux, sans compter le temps d'attente.
Et puis il y a ce rêve par lequel j'ai commencé ma journée où hors de mon corps je laisse mon aveugle de père pister ma mère qui refuse sa couche... Ma pauvre mère qui boîte sur une voie ferrée et se fait rattraper par le prédateur vicieux et aveugle mais avec un sens de l'odorat très développé.
C'est une fois ma mère morte que j'affronte mon père et sa canne épée et que je le pousse de la falaise.
Y a de quoi réfléchir à de sérieuses interprétations au sujet d'un rêve comme ça, pas vrai ?
A côte de ça, toujours pas de trèfles, ni de loutre, mais un temps somme toute normal je suppose pour un mois d'Août écossais... On a pris pas mal de soleil... Notamment moi, à midi, en descendant seul dans une baie pendant que ma femme dormait.
En touchant des pierres de la vieille maison en ruine qui se situait au bord ouest de la baie, j'ai senti encore des pierres vibrer.
Peut-être que ce voyage est celui de la pierre et de la nature, c'est essentiellement ce que j'ai collecté pour le moment dans ce sac médecine...
Qui sert à quoi d'ailleurs ?
De focus.
De focus pour moi et une manière de percevoir ou de s'ouvrir aux portes de l'invisible.
L'étui dans lequel sont mes dés fétiches et les cheveux de mon père, l'étui dans lequel la boucle d'oreille de mon père avait été mise après son décès s'est brisé aujourd'hui.
Quels signes interpréter ?
Une nouvelle étape ?
Je peux sans peine avouer que me trouvant isolé des habitudes sans doute trop pesantes, il est facile d'avoir envie de se retrouver ici ou au Canada avec d'autres choses à faire.
Rencontrer un notaire, voir des tas de choses à vendre... Il y a de quoi se poser des questions et avoir des envies pas vrai ?
Le sac à mes côtés, les parents tués, je constate aussi que j'ai bu un café dans un endroit que j'avais déjà visité l'année dernière, j'ai passé de même une soirée dans un pub déjà pratiqué et pour la première fois, je passe la nuit dans une auberge déjà visitée... Une boucle qui se ferme peu à peu... Un écossais aime la France, un français aime l’Écosse...
Bien sûr, je n'ai pas vu le pays dans des conditions plus rudes. Mais forcément, ça appelle, ça fait envie. Ma femme me dit que ça ne serait pas une bonne solution d'essayer une semaine l'hiver car les aéroports en France sont si facilement en rade...
A voir. Elle voulait essayer aussi Stockholm en hiver.
Et je pourrais relancer d'un Vancouver ou d'un Québec, tiens... Ou d'une ville écossaise...
Ouais... Comment est cette fichue île de Mull l'hiver ? Comment sont tous les paysages qu'on a traversés aujourd'hui ? Aussi changeants ?
Pluie, soleil, vent, calme, bruine, couleurs, arcs-en-ciel, paysages sans cesse changeants...
C'est normal qu'il y ait tant de français et d'allemands qui viennent à leur saison des vacances...
Il faut vraiment que je découvre les Alpes ou les Pyrénées ou la Corse avant de voir quel pays je préfère.
Non, mieux, il faut vraiment que je puisse continuer à voyager.
Bien que je sais déjà que certaines mystiques m'attirent plus que d'autres.
Mais quelles claques pourrais-je recevoir si je pouvais faire comme ce type interrogé à la BBC ce matin à la radio et qui a passé 35 ans à photographier les cérémonies rituelles à travers le monde. Il a parlé d'une sorte de succédané que les gars du Bangladesh ont pour palier leurs difficultés d'aller à la Mecque. Imaginez 5 millions de personnes qui s'unissent dans un terrain grand comme Hyde Park pour communier dans le silence pendant près de 22 minutes...
Imaginez ça dans n'importe quelle foi.
Imaginez qu'on puisse se débarrasser de tous les oripeaux de l'enrobage pour n'aller qu'à l'essentiel, la communion de l'homme avec l'homme, avec la nature ou l'univers...
Hum... La nature...
Je me passerais bien de ma communion avec les midges ce soir, tiens. Je suis relativement ravagé par les midges. Ça pique et ça gratte. Et pourtant...
Et ben je suis vivant. Plus que jamais, sauf dans les épiphanies parfois en jeu de rôle ou au théâtre.
Joue.
Joue avec tout. L'invisible et l'envie. Le rire et le jeu.
Offre aussi un peu. Ah bon sang, je pourrais presque résumer tout cela en finissant sur l'anecdote suivante... Au p'tit bar où on a attendu une plombe, où je suis allé goûté un bout de beignet laissé par quelqu'un (pour éviter d'avoir à en acheter et savoir si c'était bon), où il y avait une grosse plume d'oiseau sous une des tables, où au comptoir ils avaient encore en dégustation l'ancienne bouteille de Ledaig, dans ce bar, j'ai déboursé 4 livres pour acheter deux Cds qui iront à un fond de lutte contre le cancer... L'un des deux est une merde presque sans nom de refonte des musiques traditionnelles d'ici presque uniquement à l'accordéon. Bien. Mais surtout le deuxième est un album des pogues avec sodomy dans le titre.
J'achète un truc avec sodomie dedans pour aider à lutter contre le cancer.
Ouais.
Et c'est comme ça que je ne veux pas cesser d'être.
J'ai tué le père et laissé tuer la mère handicapée après tout, merde:)

I don't like when boats sink. It makes me poop in my pants.
23 heures 48, le 15 août sur Harris, à Lickisto.

Réveil un peu plus tard que d'habitude... Petites caresses aux poneys élevés par le propriétaire de l'auberge. Ils font partie d'une race très rare, les Eriskay. Tout blanc avec quelques reflets gris ou noir. Plaf, des crins dans le sac de médecine.
La route jusqu'à Portree est sans failles, on la connaît déjà. On prend la peine de découvrir un petit endroit de Portree qu'on avait pas vu avant, du côté de la clinique qui se trouve en haut de la ville.
Je suis particulièrement content de pouvoir retourner dans la petite boutique où j'ai acheté un carnet l'année dernière, celui dont je me sers pour noter mes rêves. J'aime bien le papier blanc, sans carreaux, pour écrire et parfois gribouiller. Paf, je m'en commande 5 ou 6.
Je suis aussi assez ému en retournant dans la « bakery » de Portree... On se prend à essayer tuna et egg mayo rolls avec des scones, des fruit squares et une tarte au pomme qu'on ne mangera du coup que demain matin. Déjeuner sur le parking, en face des poubelles mais avec une belle vue de la baie au fond en essayant de deviner la nationalité des touristes qui passent... C'est qu'il faut voir que les français sont quand même vachement nombreux avec les allemands...
On entend aussi quelques espagnols ou italiens et un peu de néerlandais.
Mais majoritairement, en août, le touriste est français ou allemand ici.
Courses au supermarché de Portree, ça nous remet aussi dans les souvenirs de l'année dernière et la ginger beer est notablement moins chère.
Un peu de glande à Uig, passage obligé à la brasserie du crû et deux ou trois photos de maison pour localiser où pouvait se trouver la maison d'un pnj à Shadowrun... C'est quand même d'Uig qu'est parti un bateau dans lequel il y avait des aventuriers qui ont empêché une sorte de fin du monde dans une de mes campagnes de jeux de rôle actuelle.
Le ferry, shooté par le demi médoc contre le mal de mer, je le passe dans le pâté.
Puis c'est l'installation au camping. Un site très joli, une magnifique « blackhouse » en vieilles pierres pour se replier du fait de l'omniprésence des midges, un temps plus que sympathique également... Trop, les midges sont sacrément de sortie ce soir.
C'est simple, il n'y a pas un pet de vent. Chose rare, je suppose.
Avant de prendre le ferry, tant que je suis chaud et que je me souviens de tout, il y avait à remplir un p'tit formulaire... Je me suis permis d'y laisser dans les recommandations spéciales ce qui fait le titre de ce chapitre.
Ma femme raye un peu la voiture avant de sortir du camping et on se tape la route Est d'Harris.
Magnifique. Une balade jusqu'à la St Clement's Church liée aux clans Mac Leod et Mac Donald... Un petit bijou parfaitement restauré dont on peut visiter aussi la tour. Une grande claque en ce qui me concerne et un p'tit bout de pierre en plus dans le sac médecine.
Je passe un temps dingue, au milieu parfois des midges, dans le cimetière à ressentir l'endroit (presque aussi habité que le centre de l'église) tout en cherchant des trèfles. Que dalle. Puis au moment de repartir, pris d'un acquis de conscience (après tout j'avais la sensation que j'en trouverais à côté de l'entrée – j'ai cru que c'était l'église, mais non, c'était le long du mur d'entrée du cimetière) je vérifie les trèfles sur le côté du mur alors que les midges attaquent en rafale et ô miracle, mes premiers vrais trèfles écossais.
J'espère, pensée magique qui me dit que si je trouve des trèfles ma femme trouvera une loutre, qu'on verra une loutre au cours du séjour. Il y en a une dans la baie d'après ce qu'on dit les propriétaires.
Le soir, un peu de conversation avec un gars du centre de l’Écosse, en vacances avec son fils et dont la mère est originaire de Stornoway, la capitale de Lewis. Il m'informe que la spécialité de la ville est le black pudding. Bien. On en essaiera donc.
Là, je meurs d'envie de retourner voir la lune, de me balader dans le joli jardin, voire de marcher dans la nuit près des rochers.
Mais ma jambe et les midges disent non. Et le sommeil nécessaire aussi. Demain, on se lève tôt pour aller voir les alignements de pierres hors des flux de touristes et profiter de la capitale à l'heure de midi.
Je suis tout seul dans la maison en pierre, avec pour seules compagnes des petites suceuses de sang qui m'ont laissé des dizaines de traces sur tout le corps.
Et si je devais retenir que trois images de la journée, je dirais : St Clement's church, les poneys et le petit café de Uig, à côté de la brasserie, ou de jolies poteries pouvaient être peintes par des enfants...
J'ai aussi l'image d'un des trois gars d'un groupe de six d'anglais. J'aime bien sa tête mais il lui manque l'avant bras droit... J'ai pas pu m'empêcher de me demander comment il avait perdu l'avant bras et de songer à quel point la technologie du futur devrait exister maintenant.
Dans ce monde, où des aventuriers ont sauvé la terre d'une invasion, eh bien ce n'est pas un problème de perdre un membre. C'est dommage que les prototypes de bras mécaniques activés par la pensée ou ce qui reste de muscle n'en soient qu'à ce stade là justement.
Houuu, je baille.
Le sommeil me gagne malgré le feu que je ressens pourtant à de nombreux endroits de ma peau. Demain, sera je l'espère aussi beau qu'aujourd'hui...

Du Sud au Nord...
23 heures 24, le 16...

Lever tôt, très tôt avec les rêves mangés... La pluie tombe sur la tente, le son est amplifié, impossible de se rendormir... Rêves mangés, bon sang, j'aime pas ça, mais des images et des impressions restent au réveil qui sont malgré tout notées dans le carnet de rêves...
Nous filons en direction de Lewis, vers Calanish / Calanais (Calanaigh pour moi), l'alignement de pierres qui constitue un des phares de la visite de Lewis.
Au début, je suis un peu déçu, l'endroit n'est pas aussi empreint que les sites des Orcades en dépit de leur ancienneté et de plusieurs périodes d'utilisation... Puis, je me dis que ce site est comme une porte dont on doit trouver la clé, une serrure qu'il faut apprendre à ouvrir et je décide de me recharger un peu sur place. Après avoir visionné les photos du site, nous nous sommes rendus compte à quel point certaines choses étaient invisibles dedans, les jeux des ombres et de la lumière dessinant de nombreuses formes, une magie de l'imaginaire à tout va... Des anges, des fées, des visages apparaissent alors... Des pierres chargées de toutes les croyances qu'on veut bien y mettre...
Le deuxième site de Calanish se situe dans le champ d'un paysan, il est plus petit, un peu comme son plus grand frère, verrouillé... Et surtout habité par un taureau à poils longs un peu énervé, ma femme doit l'esquiver et me hurle de faire attention. Je regarde le bestiau qui avance vite vers moi et suis gêné par le fait qu'il y a une gamine de 13 – 14 ans sur le site avec moi. Je passe une barrière pour me retrouver nez à nez avec le taureau qui tente un p'tit coup de corne quand j'essaie de le caresser. Ah le bougre, je tente de l'attirer pour qu'il ne voit pas la gamine, mais celle-ci presque sans s'en rendre compte fait un bruit qui fait fuir la bête, toute la scène se déroulant sous les yeux de ma femme et des parents de la gamine...
Le brave taureau se mettra un peu plus tard sur la route d'autres touristes mais sans la volonté de charger et on le retrouvera encore plus tard à attendre l'herbe coupée que lui donne le fermier qui vient de tondre de l'herbe.
Le troisième site de Calanish est recouvert de merdes, de grosses bouses de vaches, et vas-y qu'on s'assoit sur le respect qu'on doit aux anciens...
Bref, la route étant longue, les choses à voir étant nombreuses, on file sur Stornoway pour... euuuh, pour découvrir un peu la capitale des Hébrides extérieures. 8000 habitants sur les 19000 que comptent Lewis et Harris.
Hum, comment dire ?
Ma femme est déçue par le fait que la ville ne soit pas jolie, jolie mais assez souvent austère... Le temps est pourri et comble de la bizarrerie, on se retrouve quand même à devoir lutter contre quelques midges, choses pourtant rares en ville. Le déjeuner se fait dans un restaurant thaï, tenue par une thaï, justement, qui a épousé un écossais.
Je me réserve en végétarien le midi sachant que je veux acheter du black pudding sur les bons conseils d'un écossais rencontré la veille dans la maison qui nous sert de refuge au camping.
Hum... Je n'ai pas la même opinion que ma femme. On a pas fait toute la ville et il nous faut tenir compte de la très forte présence religieuse. Bref, je trouve mon black pudding (une tuerie au demeurant au niveau du goût) et je m'achète une trousse pour mes dés en Harris Tweed ainsi qu'un petit dictionnaire français (si si si) gaélique chez un antiquaire / vendeur de laines très typique mais sympa...
Il reste cependant l'expérience du café, dégueulasse.
Et celle d'un chat derrière une fenêtre, magnifique.
Le menu du restaurant pour nous deux ? Beignets de crabes et Nouilles de riz sautées aux crevettes avec cacahuètes, choux et carottes pour ma femme... Beignets de maïs et riz avec légumes sautés pour moi et une petite métisse, y a pas à chier, ça fait des beaux enfants, qui joue un peu à la serveuse avec nous.
Coup de barre, mais la route est morne et assez plate, je dors le temps du trajet jusqu'à Point of Ness où nous enfilons l'équipement de guerre contre la pluie afin de marcher un peu le long des falaises. On fait ensuite très brièvement le petit port de Ness avant de se rendre compte que l'heure est finalement bien avancée et de rentrer.
Le soleil se lève lors du retour, enfin et quelques images magnifiques de la chaîne de montagnes séparant Lewis d'Harris nous donnent l'occasion de colorer un peu les souvenirs de cette journée fortement empreinte de la pluie.
La nuit, on la laisse doucement couler sur le camping où, comme hier soir du fait des midges, on s'isole dans le cabanon commun qui permet au campeur de lire, manger, se rencontrer, voire jouer ensemble...
Je passe les intéressants moments de grosses rigolades liés aux aventures de nos intestins, en particulier à Stornoway où ma femme trouve qu'on s'est particulièrement fait chier. Ha ha ha ha...
Plusieurs images d'animaux à conserver de la journée ?
La limace quasi translucide sur une des pierres de cairn de Calanish.
Le mouton caché dans l'abri bus.
Les deux chats derrière leur vitre à Stornoway.
Le taureau nous fonçant dessus...
Le troupeau de béliers à Point of Ness, mais maman, pourquoi sont-ils aussi si sévèrement burnés ?
Ça m'a fait penser à une idée pour des animaux totem dans un jeu...
Ok, vous choisissez l'animal totem que vous voulez mais le sexe de votre personnage sera en rapport avec celui de votre totem question taille... Qui veut être shaman chat ?
Hum...
Et combien alors on aurait de shamans chevaux ou moutons hein ?
Je demande, pour finir, à ma femme ce qu'elle a pensé de Lewis, ce qu'elle en retient : monotone à conduire, une pierre en forme de chat à Calanish 2, les chats derrière les vitres, la bouffe thaï, les falaises, au nord, bien paumés.
Ce qui me permet de penser à une dernière histoire, celle d'un phare, en 1900, où les trois occupants ont disparu un beau jour, on ne sait comment. Une histoire à creuser, n'est-ce pas pour un scénario voyage dans le temps...

Une journée entre soleil et vent...
8 heures 09, le 16...

Ça fait un peu rager que les vacances passent si vite.
Je n'ai pas noté tout mon rêve de cette nuit sur mon carnet et je me souviens d'une scène où des gens à la queue leu leu (en double queue leu leu à vrai dire) arrive en haut d'un escalier et où on leur désigne un partenaire sexuel. Un homme est assez dérangé qu'on lui demande d'aller avec un autre homme qui attend là-haut et préfère laisser la place à un autre homme, pas forcément arrangé...
Un des types entre celui qui attend ou un des deux de la queue n'a pas trop de restrictions en ce qui concerne le choix d'un partenaire... Un peu plus tard, sur un bateau, en tant que capitaine de la plus ou moins bande de super héros que je dois former, je traverse le couloir, vois des cabines dont une où se trouve le non regardant qui tente de violer un autre homme. Le capitaine fait rapidement justice sur le violeur.
J'étais une sorte d'individus armé d'un grand pouvoir de régénération. Je me souviens aussi d'une bataille avec une sorte de double féminin dans un marais gadouilleux... Il s'agit relativement d'une constante dans mes rêves, une aspiration à plus de pouvoir sur soi et de contrôle aussi ainsi qu'à une meilleure place, sans doute, dans la vie sociale par le fait d'être facilement quelqu'un avec un don... Il est possible que je sois influencé par la mystique du lieu et ma mystique personnelle ici... La lune est en effet quelque chose de très important dans les anciens cultes... Et puis il y a à considérer la manière dont ma mystique personnelle croit s'être rechargée au niveau des pierres.
Une pensée stupide qu'ont parfois certains rôlistes m'a fait me dire : hé, si j'avais un alignement comme à Donjons et Dragons en fait je serais sans doute neutre bon...
Allez, il est temps d'aller balader.

22 heures 25...
Et quelle balade...
Le matin, pas de complications, nous sommes allés jusqu'à une magnifique plage avec des dunes de sable située sur  Lyken... Le soleil, le soleil toujours avec nous... Nous fûmes mouillés par les hautes herbes chargées de gouttes dans les dunes, nous fûmes fascinés par les zones de sable pur, ne comprenant pas pourquoi en certains endroits ne poussait pas d'herbe dessus... Il y avait un parfum des dunes de Durness l'année dernière, sauf que cette fois-ci, en dépit d'une légère crampe au mollet, ma femme m'accompagnait. Les noms des défunts lorsque nous avons longé le cimetière étaient un peu tous les mêmes... Morrison, Macdonald, Macleod et j'en oublie...
Le reste de la matinée a consisté à suivre la côte ouest d'Harris pour bien nous rendre compte qu'elle est autrement plus belle que Lewis. Une deuxième plage, près d'un camping semblait moins intéressante alors qu'une balade, sur un chemin au milieu d'un champ chargé de fleurs, apparaissait très prometteur. C'est avec aussi un certain regret que j'ai résisté à l'envie de retourner dans St Clement qui était quand même sacrément quelque chose.
Midi, on s'embête pas (comme moi qui largue le passé simple pour repasser au présent), on déjeune ici, dans le bothy... Je me charge lourdement de finir le Stilton ouvert depuis longtemps et mal, je crois, m'en prendra dans l'après-midi...
Petite sieste, discussion avec une dame qui aide nos hôtes et en route vers le Skoon Art Cafe, un petit établissement sympathique perdu sur les routes d'ici. Je sens que le café ne passera pas bien...
Et effectivement, ça commence à être un peu difficile(chocolat aux marshmallows).
Nous nous arrêtons à Tarbert où j'achète les quatre formes de pudding (white or black) que produit le boucher local qui fait aussi magasin d'alimentation. Petit moment de grâce en voyant dans une si petite ville, deux personnes en uniforme – un curé et peut-être un garagiste – discuter entre eux.
Bref, nous faisons route vers Huisinis où la route est marquée par des paysages somptueux, des vaches, des moutons, un arrêt vomi tout le déjeuner en préventif parce que je sens que je vais être malade pis qu'un chien sinon, une balade sur la plage de Huisinis, pieds dans l'eau.
Une balade où j'essaie de me soigner, fondu finalement aux quatre éléments de la journée : le vent qui souffle légèrement, l'eau jusqu'aux mollets, le sable sous les pied et le soleil qui nous éblouit presque et menace quasiment d'un coup de soleil.
Une petite balade pour prendre l'air nous amène à découvrir l'autre côté de la plage qui donne sur l'île de Scarp. Jamais vu autant de lapins de ma vie qui couraient sur le « machir », la bande végétale qui surmonte les dunes, un véritable écosystème perclus de terriers, de plantes rases et de fleurs (ainsi que de moutons et leur déjections).
Le retour est tout aussi bien, mieux pour moi, moins malade. Il y a un truc assez fascinant sur cette route, en plus de tous les aspects incroyables du paysage, c'est le château devant lequel on passe, comme si on pénétrait dans une propriété privée...
Le soir, remis, je teste tous les puddings avec des pommes et oignons cuits et c'est une véritable tuerie... Je crois que j'ai mangé ce soir un des trucs que j'ai jamais préféré manger de ma vie et tant pis si ce n'est pas végétarien, c'était vraiment une incroyable expérience. Si les anglais ou les écossais appellent leur boudin blanc ou noir « pudding », c'est qu'il n'a pas la même texture que le nôtre et qu'il inclut de la mie de pain, ou comme ce que j'ai mangé ce soir, de l'avoine (et des fruits secs pour un des boudins blancs).
Encore un plat du pauvre et de récupération, comme le haggis...
Une philosophie de ne rien jeter, de ne rien gaspiller qui a sans doute valu aux écossais leur réputation d'avare alors qu'il ne s'agit que de faire au mieux avec tout ce qu'on a.
Et quand je regarde ce que je mange de non végétarien, c'est évidemment bizarrement ça que je préfère... Ces choses que le commun des mortels ne veut généralement pas.
Enfin bref, si je devais retenir un moment de la journée, c'est bien moi à essayer de me soigner et à réaliser soudainement que j'étais au milieu des quatre éléments aujourd'hui et qu'il y avait matière à se ressourcer autant dans ces conditions par soi-même qu'au milieu d'un cairn ou d'une église empreinte.
Si je devais retenir une seule image, ça serait quasiment impossible, mais je finirai sur la petite déception qu'on a eue aujourd'hui à quelques kilomètres du camping quand on a cru voir des loutres et qu'on s'est arrêté sur une « passing place » pour se rendre compte que ce qu'on avait à observer était une colonie de phoques essayant de se dorer à ce qui restait de soleil.
Demain, St Kilda. Ma femme est en train de préparer toutes les affaires, des gosses piaillent dans la douche à côté, un couple de je ne sais pas quoi – peut-être mix néerlandais et anglais ou gaéliques, finit de lire des trucs en face de moi...
La nuit sera un peu moins claire.
J'espère juste que je n'ai pas paumé mon couteau fétiche, celui acheté au Canada que je croyais avoir laissé quelque part dans la tente et que je ne retrouve pas...

St Kilda
23 heures 25, le 18 (déjà – grumf)

Lever tôt. Pas de loutres mais encore des phoques sur le chemin. Je prends une pilule contre le mal de mer. Ma femme, elle était déjà patraque sur la route sinueuse menant à l'embarcadère. J'ai dû m'arrêter pour la laisser conduire.
Départ du petit bateau. Un capitaine de la quarantaine et un jeune de la fin vingtaine constituent l'équipage.
Je n'ai pris le médicament qu'une demi-heure avant d'embarquer, je me force à rester à l'arrière et à observer les îles s'éloigner peu à peu, ainsi qu'à me rendre compte qu'il y a aussi un aspect psychologique dans le mal de mer. Plus les îles s'éloignaient à l'horizon, plus on arrivait au point où sur ma droite il n'y avait plus la moindre langue de terre, plus une sorte de sourde angoisse montait...
Plus la fatigue aussi, l'effet du médicament commençant à se faire ressentir. Je n'avais que deux choix pour ne pas gerber : rester dehors avec les yeux qui commençaient à se fermer ou aller dormir. Le médicament m'a bien aidé à choisir, je suis tombé comme une seiche... pour n'être réveillé vaguement à un moment par ma femme qui dégueulait en dépit de ses deux médicaments... Dans un demi-sommeil comateux, j'ai voulu lui prendre la main, mais elle tenait un mouchoir plein de vomi et s'est plutôt chargée de me repousser pour se contenter d'entrecouper des périodes d'une demi-heure de sommeil par une petite gerbouse des familles.
On arrive à St Kilda, obligés de débarquer en canot à moteur. Rapide tour du village, trop rapide, mais je voulais voir l'ancien village et puis grimper sur le plus haut sommet.
Et là, que dire... je ne suis pas un gars qui va se dire, allez, je retrousse mes manches et je décris le moindre brin de mousse, morceau de falaise ou coup de vent.
Non, je vais simplement dire les choses suivantes : on a loupé les deux trucs que font les plus les touristes – la mistress stone et la visite approfondie du village, on a loupé sans doute le site de la maison des fées qui a fait quand même l'objet de mon scénario final d'une campagne...
Mais on en a pris plein la gueule niveau beauté, grandeur, soleil, impression de remonter dans le temps, se mettre à la place des habitants...
Oui, et même ma femme qui en temps normal sur d'autres sites se serait arrêtée, elle a continué. On ne nomme pas son chat Kilda sans faire un effort une fois qu'on est sur place.
Une des plus belles journées de l'été. A un moment, j'étais en tee-shirt à me balader attachées autour de moi les trois vestes prévues pour le voyage en cas que le temps change vite. Mais non, il n'a pas changé, à peine trois ou quatre gouttes à un moment et c'est tout.
En repartant, il faisait tellement beau et chaud qu'on a vu des militaires torses nus prêts à se jeter dans l'eau (car à marée basse il y a une petite plage de sable blanc). Je leur ai demandé la température de l'eau : ils m'ont répondu « cold » et ils ont plongé.
Le retour s'est fait en visitant en bateau, après une petite collation café / pain d'épice offerte à bord du bateau, l'île de Boreray, le stac an Armin et le stac Lee...
Absolue majesté des rochers et totale féérie du vol des oiseaux par centaines au-dessus de nous.
Bon, il y a ma femme, une passager et le capitaine qui se sont mangés des éclats de guano, mais je me demande comment on a pas été plus à être touché et je dois avouer avoir fait confiance à ma petite voix qui me disait l'un de nous va se faire chier dessus et avoir pris la précaution de redemander mon bonnet à ma femme de peur que de la merde tombe dessus.
Pas de baleines sur le retour, mais sans doute, donc, tous les oiseaux de l'île observés.
Puis fuite éperdue dans les bras de Morphée, grands ouverts par la pilule et demie contre le mal de mer qui me décalque grave la gueule.
Retour ensuite avec un arrêt à St Clément que je ne peux pas m'empêcher de voir comme « habitée »... Il y a une forte présence dans cette petite église, bon sang.
Le soir, beaucoup, beaucoup d'enfants dans le bothy.
Des arrivés tard. On a donc pas la tranquillité escomptée et on finit un bout de la soirée en discutant avec un couple de hollandais qui ont l'habitude de voyager beaucoup, beaucoup, beaucoup et à qui on confirme que les 12 heures de voyage pour St Kilda, c'est pas forcément pour les enfants.
Je rejoins ma femme pour regarder les 300 et quelques photos faites aujourd'hui...

Skye
19 Août 2011

Allez, on est sur le ferry pour aller à Skye, j'ai eu une connexion internet vraiment pas longtemps, bougre, paumée maintenant...
Et la réflexion que je me fais en voyant Harris s'éloigner et Skye se rapprocher, c'est tout simplement : y a que la nature comme chose vraie pour totalement exister en plus de ses passions premières.
Ouais, le rêve serait d'habiter près de la nature tout en ayant l'occasion de pouvoir pratiquer ses loisirs favoris.
Je regarde mes mains mangées par les midges, j'ai envie de me gratter le visage un peu mangé par le vent et le soleil et pas mal par les midges aussi.
Et je pense bêtement à rien ensuite à part la nécessité éprouvée par ma femme et moi-même d'aller ailleurs au moins un mois dans l'année.
En ce qui concerne les nouvelles du continent, je sais que mon chat est trop gros, j'ai eu à peine le temps de répondre à un copain de jeu on line et zoup... La tête dans le cul, perdu entre les deux îles, dans la douceur tranquille d'une matinée ensoleillée, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il faudrait qu'on teste un des pays qu'on a bien aimé, mais l'hiver, histoire de savoir si ça vaudrait le coup d'y vivre. Je rends l'antenne pour fermer un peu les yeux... La nuit fut courte, malgré de gros dodos dans la journée hier.

Boum, dans le petit réduit du très sympathique fermier...
Blam, le voilà qui toque à la porte du réduit. Gros brin de causette, il s'inquiète du vent qui pourrait se lever et nous dit où nous réfugier éventuellement.
Je lui parle des pays où on a préféré la nature et les habitants : le Canada et l'Ecosse. On a aussi pas mal parlé du voyage à St Kilda l'après-midi qui nous a laissé d'ailleurs un peu sur les rotules aujourd'hui. J'ai perdu également un peu de temps avant de lancer la rédaction de l'écrit du jour parce que tout simplement le fermier m'a donné accès à sa connexion internet et que j'ai envoyé un mail ou deux à qui de droit.
Mais bref, si je dois résumer la journée, c'est essentiellement :
Ferry, et pâté mélangé d'un peu de zombie.
Magasins fermés à Uig, hum, pas d'achat possible.
Petite balade près du château de Dunvegan pour voir de magnifiques îles. Le nom m'échappe, je n'ai pas de carte sous les yeux mais je reviendrais sur ce fichu blog dans quelques jours. C'est juste histoire de noter les premières impressions et d'avoir un terreau pour refaire la même chose que l'année dernière en pages du jour.
Ce qui nous a bien marqué lors de la petite balade le long de la plage et des dunes, ce sont les gens se baladant en tee-shirt alors qu'on était avec deux polaires et une veste contre la pluie. J'ai aussi failli pisser sur des gens situés à un mètre sous moi.
La fatigue se faisant de plus en plus sentir, on est allés jusqu'au petit bled de Stein (et quand je dis petit, c'est petit) pour que ma femme puisse goûter leur fameux sandwich au crabe qui est une tuerie. Et même moi qui n'aime pas particulièrement les produits de la mer, je peux affirmer qu'on était là dans le top du top, mieux sans doute que mes toasties au haggis mariné à la bière (ouais, j'ai pas peur) ou ma soupe brocolis-stilton.
Ce qui a peut-être un peu assommé la journée, c'est qu'en plus de la pinte de ale pression, je me suis laissé aller à l'immense plaisir de goûter mon whisky préféré mais version 15 ans d'âge.
Fatigue, fatigue, pas un coup dans le nez, mais pas non plus frais, on a fait la route vers Portree ensuite pour quelques courses, encore une petite découverte de la ville et se poser dans un autre pub (la pluie n'a pas aidé à vouloir nous faire galoper, vent, froid rajoutés à la fatigue, on a décidé d'une après-midi à faire les merdes)...
Dans ce pub, un truc familial, j'ai goûté à la pression locale, faite spécialement pour le dit pub et à un single malt que je ne connaissais pas, le Jura, histoire de savoir si ça vaut le coup de l'acheter en bouteille. L’Écosse est vraiment bien pour faire son choix en achetant soit un verre au bar, soit des petits échantillons.
Puis, eh ben, bêtement on est rentré... content de trouver dans le petit abri tous les légumes qu'on avait commandé au fermier ainsi que les fameux de poule qui nous avaient tant plus la dernière fois...
Une soirée à la ferme, donc... A apprendre encore un truc con que je ne savais pas : il ne faut pas faire bouillir des œufs trop frais, la peau ne se détache pas. On s'en foutait, on les mangeait « soft boiled, limite coque » mais sinon, eh bien il vaut mieux réserver les œufs frais pour le plat ou pour les mayonnaises, quoi.
Rha.
J'aime vraiment cet endroit...
Je donnerai l'adresse un peu plus tard. Le gars est vraiment extrêmement sympathique et c'est quelqu'un de vrai, proche de la nature, et seulement adepte des produits naturels pour faire sa production. Je lui souhaite de pouvoir un jour aller sur St Kilda.
Je rends l'antenne pour l'instant en essayant de repenser à quelques images fortes de la journée :
- la dame forte en débardeur qu'on croise sur le chemin et retrouve des kilomètres plus loin dans un bar.
- mon rire au deuxième pub qui aurait pu me donner l'occasion de sérieusement sympathiser avec les gars du crû si on était resté.
- l'achat d'un petit guide sur les randonnées possibles à faire dans les environs qui va se révéler essentiel dans les prochains jours.
- La sympathie et la bonhomie du fermier qui m'a rappelé que j'avais apprécié de le voir lui et son fils l'année dernière et qui ne cesse de me convaincre que c'est plus un truc comme ça que ma femme devrait faire. J'ai l'impression qu'elle rêverait bien d'un concept entre la ferme et le camping / bed and breakfast... si possible dans un autre pays que la France...
- Les poules de ce brave fermier qui nous avaient tant plus l'année dernière.

Allez. Au dodo. Et tant pis pour les fautes pour l'instant...