dimanche 2 août 2015

Un parfum de départ...

Jour 14

Franchement, force est d'avouer que c'est notre meilleure location du séjour (et donc la plus chère pour le coup) et qu'il aurait sans doute fallu profiter une semaine de l'endroit pour pouvoir faire vraiment pas mal de choses dans le coin.
J'ai été émerveillé par le fait de découvrir trois lectures intéressantes au hasard dans la petite bibliothèque : un bouquin de faits notables (du genre que fut la guerre de la taxe des chiens, qui fut l'Oncle Sam, que signifient plusieurs expressions notables et autres miscellanées... le seul ouvrage que j'ai d'ailleurs amené est un ouvrage de divers petits faits du genre, fait pour asseoir des conversations au cours de soirées), un livre très sympathique rempli d'illustrations tirées du Telegraph de Gary Larson (the Far Side Gallery) et « Life : an exploded Diagram » d'un auteur pour adolescents nommé Mal Peet décédé voici trois ou quatre ans et qui ne devait pas que avoir la plume pour adolescents. Et puis la plume... Je n'aime pas la plume compliquée, je ne pense pas qu'il faille des tonnes et des tonnes de fioritures pour écrire une histoire (exception faite des textes de théâtre faits pour être déclamés, et là, une belle plume peut être intéressante, oui, pour le coup). Je ne suis pas fan d'absurde également ou de délires sous acide.
J'ai commandé l'ouvrage de Mal Peet (absolument pas disponible en français, mais ça ne me fera pas de mal de lire un autre roman en anglais, en plus de ceux que je dois relire de mon auteur fétiche).
Je me préserve le fait de chercher si l'ouvrage de petits faits divers a un équivalent en français ou plutôt de chercher sur internet l'origine de certaines choses au gré de l'expérience de la sérendipité.
Pourquoi je parle de ça ?
Parce que voilà, après deux semaines à conduire et bouger, j'ai besoin de me poser un peu, ne serait-ce qu'une journée, et que ces bouquins se sont naturellement présentés comme des opportunités, même si je sais que je ne pourrai pas en profiter ce soir parce que le soir, eh ben mes yeux, ils ne répondent plus les congs ;)
Or donc, esprit de l'aventure, non nous n'avons pas fait des marches de tas de kilomètres, le visage battu par le vent et les embruns... On a fait plus sobre. Le matin, un arrêt bien tôt à Solva pour découvrir le village du bas en fin de balade et le bord des falaises et un bon début d'une balade de 9 kilomètres (aller). Ce fut assez plaisant de retrouver un parfum de Bretagne ou d'Ouessant et, en même temps, un peu bizarre. Je ne suis pas retourné à Ouessant depuis que la maison est vendue, je ne saurais quoi y faire pendant une seule journée, à part aller sur la tombe familiale ou dans mon coin préféré de l'île. Peut-être que c'est une expérience qu'il faudrait que je fasse avec ma sœur. Je lui en parlerai. Mais bref, esprit de l'aventure, je ne vais pas étaler certaines cicatrices ou plaies qui pourraient se réveiller si j'approfondissais le fond de ma relation avec mon père et ce qui s'est passé après qu'il soit mort. Dans les séries télé, les personnages principaux sont souvent capables d'analyses très pointues du caractère des autres personnages, force est de constater que c'est déjà difficile de le faire avec soi-même, je préfère donc t'éviter ça. J'ai découvert des choses sur moi, c'est tout. Et certains regrets ou manques n'auront d'autres manières d'être compensés que par l'art, voilà tout.
La balade de Solva nous a permis de goûter une ou deux mûres et de nous dire que d'ici un mois, ça serait la fête à la confiture... Ma femme va garder un souvenir impérial de la plus grosses libellule aperçue de sa vie et moi, sans doute, des vaches en bord de falaise qui nous regardaient passer à un mètre ou deux.
Nous avons esquivé le fait de payer le parking privé, étant arrivés très tôt, et nous avons filé ensuite à St David pour voir sa cathédrale (le monument le plus visité du pays de Galles). Nous avons commis le léger impair de rentrer pendant la messe, mais au final, ce fut une expérience pour moi exceptionnelle d'entendre les cœurs et les solistes résonner dans les murs magnifiques du lieu de culte. Une petite exploration d'un bout du centre-ville, quelques achats chez le boucher local pour prendre un truc ou deux (dont un traditionnel chausson gallois farci aux légumes et à la viande, ainsi que des scotch eggs) et constater que la forme de leur boudin ici ressemblait au nôtre en France et nous avons décidé de goûter une demi-pinte de la bière locale dans l'auberge la plus courue de l'endroit (avec vue sur la cathédrale). Bonne bière, ma foi, et gros regrets qu'on serve tant de merdes en France dans les bars classiques. Si seulement les gens avaient idée de consommer mieux... Mais passons... Retour à la location pour manger le midi (enfin à quatorze heures passées) et se reposer un peu avant d'attaquer une des pointes de l'endroit : St Anne's Head, lieu de formation des officiers radar pendant la guerre et maintenant station radar encore je suppose. Beaucoup de marche sur la route pour arriver à l'endroit, tour du bord de falaise, absolument pas touristique ou familial. Plus destiné à quelques curieux marcheurs échoués là par hasard. Vu qu'il y avait facilement un quart d'heure de marche sur le bitume pour arriver à St Anne, on a vraiment pris le temps de faire le tour et de mitrailler le paysage, même l'étrange station pétrochimique au loin qui ruine le paysage des falaises, sauf si tu le vois dans la brume comme une cité futuriste issue d'un roman ou d'une série de science-fiction. Ma femme a trouvé le plus beau trèfle à quatre feuilles du séjour pendant que j'en trouvais certainement dans un autre endroit et me l'a offert, celui-là devra donc rester dans mon portefeuille.
Je serais bien passé à nouveau à la « free-house » d'hier soir pour goûter un autre cidre, mais ma femme voulait profiter de l'endroit... Elle me demande, pile, de regarder dehors, un petit oiseau se régale de quelques miettes laissées dehors, c'est le paradis des piafs, ici, de toutes les manières (et certainement des lapins, vu que j'en ai aperçu un à St Anne).
St Anne, j'ai pensé à St-Anne la Palud, non loin d'où habite ma mère. Hmm. C'est qu'il faudrait que je fasse un tour par là-bas dis-donc, aussi, s'ils n'ont pas l'occasion de venir nous voir cette année.
Un parfum de départ, disais-je donc, en ouvrant une « Old Crafty Hen, oak aged vintage », une bière de la brasserie Morland dans le Suffolk, qu'on peut nettement recommander pour les parfums de raisins sec, de caramel et son malt caramélisé (je ne doute pas bien sûr que le oak ne provienne que de morceaux de bois qu'on a mis à macéré dans la bière plutôt que de la bière qu'on aurait laissé vieillir en fût, mais bon)...
Un parfum de départ, parce qu'ensuite, c'est un peu le retour finalement. Même si on a encore beaucoup de choses à faire (vu qu'on fait en une semaine de vacances bien plus qu'en une année bien souvent), il y a quelque chose, en quittant ce qu'on sait être la meilleure location du séjour, de... comment dire ? D'au-revoir, c'était bien, si on peut, on reviendra.
L'avantage du coin par rapport à l’Écosse, c'est que les températures sont facilement quatre à cinq degrés supérieures, moins besoin de se couvrir.
Mais je peux d'ors et déjà affirmer que je préfère l’Écosse (même si c'est plus froid, avec un temps plus pourri, avec des midges, avec des prix beaucoup plus chers, avec beaucoup moins de châteaux qu'ici)... Parce qu'en Écosse, tu peux oublier un peu la civilisation et t'as plus d'occasion de balader dans les bois. Dans l'absolu, je pense que je tomberais donc littéralement amoureux de la Nouvelle-Zélande ou des endroits de la Nouvelle-Calédonie que je n'ai jamais faits pour avoir l'équivalent de l’Écosse, mais en un peu plus chaud.
Trois images de la journée mon cochon ?
Le chœur dans la cathédrale de St David, un moment un peu magique tout de même qui me conforte dans mon prochain sujet d'écriture : Dieu (mais pas le chrétien, hein).
Le voile de nuage sur l'horizon à la pointe de St Anne qui me fait penser au plus beau coucher de soleil de ma vie sur fond d'après tempête sur une plage californienne...
Traverser au milieu des vaches ce matin ou des bœufs cette après-midi. J'y peux rien, ça me fait marrer ce genre de conneries.
Bise, ma couille. Je sais que ça sera difficile d'entretenir notre flamme quand je serai un peu moins en aventure, mais je compte sur toi pour l'aventure intérieur, voire même pour m'aider dans cette idée de texte que j'ai à propos du quatrième prophète et d'un Dieu vaguement cynique et désabusé, un brin goguenard et assez moqueur, finalement, tout en restant incroyablement plus juste et sensé dans son discours que ce que disent tous les livres le concernant.
Hu... Oui, je sais, c'est un gros projet.

Mais je ne doute pas que septembre sera un mois qui portera ses fruits pour ce faire...

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