lundi 3 août 2015

Le rêve de Dylan...

Jour 15...

Et lorsque la nuit se meurt, sur le rivage baigné par les étoiles, que le souffle du vent me ramène aux souvenirs plus anciens que ma mémoire, à ces autres vies passées qui ont contemplé les mêmes dunes, bancs de sable, rochers et forêts verdoyantes, les rêves, soudain, s'estompent pour se mélanger à ces objets pensées flottant comme des nuages... Je deviens les autres vies...

Dylan Thomas, enterré à Laugharn, a baigné notre journée. Nous avons passé presque toute celle-ci dans le village qu'il adorait tant à faire la promenade (et plus encore) qui a servi d'inspiration à un poème écrit pour ses trente ans... Nous avons même mangé deux fois (un scone avec un truc de dingue : la clotted cream, une crème à 60 % de matières grasses) au dylanthomasboathouse (je mets tout en un mot) et je vais devoir nécessairement faire des recherches sur l'auteur, obligé, car il a eu une vie mouvementée, certes courte, mais flamboyante...
Je pense honnêtement que cette matinée fut ma meilleure marche et découverte du Pays de Galles, j'ai pu goûter quatre des spécialités galloises avec mes deux commandes, la curiosité culinaire est satisfaite.
Je retiens en particulier deux ou trois choses de ce village : le fait d'y passer du temps et de faire les balades conseillées pour voir la marée descendre et révéler les incroyables bancs de sable, Dylan (bien sûr) et la tombe de Dylan (toute simple, juste une croix blanche sans pierre tombale). On est tombés, d'ailleurs sur deux enterrements aujourd'hui : un en visitant le cimetière de Laugharn et un autre avec des gens fêtant au pub le défunt, à deux cents mètres à peine de l'endroit où on loge à Swansea...
Je dirais presque trois enterrements d'ailleurs, parce que je n'ai pas pu m'empêcher d'être ému par la disparition trop tôt de Dylan Thomas au hasard des panneaux indicateurs, des boutiques ou de la balade... Je ne sais d'ailleurs pas toujours exactement comment il est mort. Je sais où et que c'était une maladie soudaine et qu'il était alcoolique. Mais les poèmes que j'ai lus de lui m'ont fait penser que c'est le genre de trucs que j'aurais aimé écrire si j'avais fait de la poésie.
C'est en plus totalement un hasard qu'on se soit finalement rendus dans cette ville. Après avoir salué notre propriétaire ce matin, on avait rien décidé sur la carte, tout s'est fait dans la voiture et avec l'aide vague du guide du routard qui date de 2009.

Amertume, je dessine un nom sur le chenal de sable, je pleure en regardant les ajoncs tristes mourir après avoir été arrachés par les pieds fâcheux d'un touriste qui ne pensait qu'à regarder l'horizon... Un oiseau s'envole, un cri s'égare dans la brise, je ne sais pas de quelle espèce il est, tout comme j'ignore le nom de l'arbre qui se tient derrière moi...
Nous sommes silence devant ce que nous ne savons pas, nous sommes des ombres qui ne nommons pas, ni la pierre, ni la feuille, ni l'oiseau, ni la forme des nuages...
Larme égare-toi sur la rivière de la mémoire, pense à celui qui fut un phare qui te donne envie de te transformer en phalène...

Je sais... C'est bizarre de parler comme ça ?
Là, dans cette cuisine, d'un quartier de Swansea, après avoir longuement discuté avec la propriétaire des lieux qui est française, enseignante en technologie des matériaux, fan de de Trône de Fer, folle de la culture anglaise et résolue au choix qu'elle a fait de quitter la France depuis dix ans parce que le caractère des gens ici est apparemment infiniment plus aimable que le caractère de nombre de gens en France, je pense au bonhomme avec qui j'ai discuté dans le pub d'à côté, au type un peu saoul qui faisait de « l'air lancer de fléchettes » (toujours dans le même pub) et à tous ces gens qui se marraient après avoir enterré un proche.
Je ne me suis pas marré avec des proches à l'occasion de la mort de mon père. Je ne connais pas assez de gens.
Mais je peux analyser des conversations que j'ai eues qu'il y a des personnes qui comptent. Je ne vais pas les renommer.
Mais si jamais Eric tu me lis ou Jenny (ah merde, j'en ai nommé deux), sachez que vous êtes des raisons pour que je reste à un endroit ou que je m'y déplace à nouveau.
Cécile, qui nous accueille, m'a fait penser que si j'avais le niveau d'argent suffisant, je serais certainement un résident de Londres pour profiter de l'anglais et pouvoir exprimer mon art en français dans la communauté de 500 000 français qui vivent dans la capitale et sa conurbation...

Ma blessure est comme la peau d'une orange dont le cœur serait la plus douce des roses et dont l'odeur serait celle du jasmin.
Pas de regrets.
Prends-le chemin de l'âme, mon enfant...
Dans le miroir, je me vois, je n'ai pas sept ans.
Que donnerais-je pour revenir sur mes pas et changer tout ce qu'il faudrait changer ?
Pas de regrets. Il n'y a plus rien à changer à partir de maintenant.

Quoi ?
Tu trouves bizarre quand je fais de l'écriture automatique ?
Eh.
C'est la meilleure qui soit, non ?

Et je m'en vais, sur le goût pas mauvais d'une India Dark Ale distinct roasted malt hop notes of an IPA nommée Catchy-Pole de la Pembrokshire craft brewery (ou Caffle)...

Hu ?
Non ?
Tu veux savoir absolument ce que j'ai préféré en UN aujourd'hui ?
La vue sur la baie depuis Laugharn, mon bon, et en second mettre ma main sur la croix qui marque l'endroit où repose ce qui reste de ce brave Dylan Thomas.
Oui, ça fait deux.
Mais tu savais de toutes les manières que je tricherais, pas vrai ?


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