samedi 17 décembre 2011

Voyage en écosse, 23 Août 2011 (Jour 17)


Mon vieux Karma...
Minuit 32, le 24...

Ouaip, aujourd'hui, c'est peut-être la journée où j'ai le plus filmé, et tu sais pourquoi ?
Pour trouver la paix et faire une sorte de deuil.
Ça a commencé bien, j'ai fait une sorte de scottish breakfast ce matin, à la manière des Highlands, porridges, œufs, boudin, même (ce qui est quelque chose, quand même, le matin), puis on a pris la route pour une péninsule dont le guide du routard ne parle pas.
Pas de loutre le matin, du côté de l'endroit où on peut prendre un petit ferry pour aller sur Skye, si proche, mais des phoques, un oiseau mort, un paysage qui se découpe, magnifique.
Puis, on a emprunté une autre route paumée pour aller voir des Brochs, des constructions des anciens qui ressemblent en gros aux premiers châteaux. Un petit coin tout paumé dont ma femme retrouvera les noms quand elle lira le journal.
J'ai adoré tellement l'endroit qu'on y a passé plusieurs heures... Il y avait un p'tit café à côté du second broch avec un chien bien sympa, comme j'aurais bien aimé que tu sois si tu avais été un chien...
J'ai oublié comme un con le déjeuner de ma femme, elle a dû se contenter de manger sucré, assise à côté de moi, vue plein pot en hauteur sur un rocher à quelques mètres du premier broch, à se mouiller le cul comme moi.
Puis, à pied, nous sommes allés voir le troisième broch qui dominait un peu plus la vallée, au sommet d'un gros rocher envahi maintenant par de nombreux arbres (dont beaucoup de bouleaux). Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu continuer un peu plus loin sur le chemin après le troisième broch, mais là, j'ai trouvé un rocher où j'ai gravé dans la mousse : « Karma, 1999 – 23 8 2005, RIP buddy » et « Basté 27 7 2001- 7 3 2011 ». Chose normale après avoir inscrit avec des pierres les trois autres chats sur des plages... J'ai voulu tourner une sorte de page, laisser un souvenir de vous qui à l'occasion pourrait être vu par quelqu'un (ce qui n'est pas forcément sûr), un souvenir qui pourrait me permettre de faire un petit pèlerinage dans un endroit absolument magnifique.
Les arbres, la montagne, le cours d'eau, les pierres, de vieilles construction, l'isolement, la paix, tout était parfait dans cette vallée mon vieux Karma et ma vieille Basté...
Tout était parfait et paisible.
L'harmonie, l'état de quiétude vers lequel on devrait tous tendre et que tu m'as permis de toucher alors que tu es mort depuis déjà 6 ans.
Ensuite, eh bien, nous avons repris la route et poussé jusqu'au bout de la péninsule pour atteindre Corran où nous avons pas mal parlé avec la vieille dame – Sheena (ou un truc dans le genre) – qui a ouvert une tea house après la mort de son mari pour ne pas s'embêter. Elle nous a parlé des poules attaquées récemment par une bête sauvage, de ses deux chats enterrés, du chien qui passait du temps avec elle, tout ça... Paumés au milieu de nulle part, ils ont un van qui passe pour livrer à manger et mon dieu, pour rien au monde elle ne quitterait son nulle part.
Pour finir, j'ai fait la sorte de Riviera locale, de l'autre côté du loch où se trouve le château d'Eilean Donan.
Et deux épisodes, encore, du trône de fer ce soir avec une bonne rasade de Ledaig en ton honneur mon cochon.
Une excellente journée, vraiment.
J'ai gardé un p'tit bout du gros rocher où j'ai inscrit vos noms.
J'ai intention de retourner là-bas et d'aller plus loin que le rocher. Un jour. Dans pas trop longtemps et peut-être que mes autres chats vous rejoindront...
Peut-être.
La route est longue...
Des images à garder en têtes ?
La vallée où se trouvent les Glenelg Brochs, Glenelg, donc. Toute la vallée. Il y en a des plus belles, il y en a des mieux loties, il y en a des plus fertiles encore, mais trouver la paix la plus profonde, c'est si rare, mon vieux, si rare...
Le premier broch. Parce que je ne sais pas, peut-être le plus mystique de mon point de vue, et encore, pas forcément ça, celui dont les pierres et l'histoire vibraient plus en moi.
La vieille au bout du bout de Corran. Très volubile, très marquée encore par la perte de son mari, elle avait cette étrange manière de parler en regardant de côté et fut surprise d'apprendre qu'on était français, si peu de français poussent jusqu'à Corran, mais il faut dire que ce n'est pas dans le guide du routard...
Le chien qui squattait chez la vieille en attendant ses maîtres. Un mélange entre un loulou et un King Charles, je suppose.
Le chien qui m'a rapporté son bâton au p'tit café / ferme situé à côté du second broch...
Les voitures MG qu'on recroise par hasard en masse, alors qu'elles venaient de Kylerhea... Oh bon sang, tous ces gens assez nantis avec un loisir de riche, certes, mais un plaisir pour les yeux, je les revois me sourire lorsque je les filmais.

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