vendredi 31 juillet 2015

Ainsi meurt l'oiseau...

Jour 11...

Pour tout dire, mon gars, une rude journée avec une nuit entrecoupée de nombreux réveils. Ah ça. C'est pas tant le nombre de kilomètres faits dans l'absolu (quoique...) que la vitesse qu'il fallait pour les faire.
La distance importait un peu aussi... Tant d'endroits traversés et si peu d'arrêts finalement, et pas de vraies longues balades dans la forêt.
Snowdonia qui s'est offert à nous ce matin sur la route est vraiment splendide, même sous la pluie du début de matinée. On va dire que deux choses ne remplaceront jamais l’Écosse : les places de parkings finalement bien chères car il faut payer partout et le fait que finalement tu ne te sentes pas totalement dans la nature sauvage, comme si elle était un peu domestiquée au gré des villages ou bas côtés.
J'ai légèrement les poils de l'anus rentrés encore à l'intérieur du fondement pour le prix de la cascade (4 livres 50 pences) assez minable au regard de toutes celles qu'on a déjà vues qu'on a payé ce matin...
Et je dois avouer que j'ai peu apprécié le fait d'avoir à raquer chaque parking, n'importe où. Comme je suis un geek indécrottable de mon jeu de rôle favori, on s'est arrêtés le midi dans un village du nom de Harlech (un grand dragon dans l'univers de Shadowrun avec une orthographe différente) et on a fait de l'essence dans une station service appelée Dragon. Nous n'avons pas visité le château, ni payé les 3 livres obligatoires pour se parquer et aller à la plage. Non, nous avons bêtement mangé dans la voiture, un peu marris du « paye, paye, paye, ton écot mon brave »...
Enfin bref, esprit de l'aventure, si nous avions eu le temps... à Betws-y-Coed, le village où apparemment les marchands sont aimables plus ils ont de touristes, nous aurions fait une marche de 8 miles qui nous aurait menés dans des collines et des forêts.
Et si nous avions pu, nous aurions pris plus qu'une heure à Dolgellau, ville jumelée avec Guérande, où vit la sœur de ma femme, pour profiter un peu plus du village.
Nous aurions aussi fait une marche de 6 heures (donc de 10 pour nous) qui nous aurait permis de voir le sommet de plein de montagnes après avoir payé 10 livres de parking pour la journée (hurg) en étant arrivés tôt parce que les places sont pitins de chères.
On se serait arrêtés aussi dans des tas d'endroits charmants avec vue sur des lacs ou possibilités de grimper dans les monts et montagnes, toujours en payant plusieurs livres (5 pour 4 heures et 10 pour la journée en général).
Je me rappelle, esprit de l'aventure, sans doute un peu fatigué par le fait de devoir tenir la route, m'être dit : pitin, à ce tarif là, c'est la dernière fois qu'on me voit au Pays de Galles. Puis, plus loin, je me suis dit qu'en fait on a vu gros. C'est bien deux semaines qu'il faudrait consacrer uniquement au Nord du pays de Galles.
Nous logeons actuellement dans une ferme sise non loin de la ville de NewCastle Hemlyn, et je regrette de ne pas pouvoir visiter l'exploitation de 160 vaches, 120 moutons et 6 cochons. La fermière fut plus que sympathique et agréable et nous sommes tombés le jour de ramassage du foin pour l'hiver, une opération harassante qui doit se faire dans la journée.
Fait étrange, un oiseau a cogné la vitre de la cuisine pendant que nous mangions. Ma femme l'a pris dans sa main et l'a posé au sol. Elle n'était pas sûr qu'il s'en sorte. Mais ce fut le cas. Ceci dit en parlant de l'accident à la fermière, nous avons trouvé un autre oiseau mort. Deux oiseaux se sont donc pris la même vitre aujourd'hui. Un oiseau qui se plombe la gueule sur une fenêtre est un signe de mauvaise augure dans certaines cultures, mais moi je vois le fait que ma femme a touché celui qui a survécu.
Pourquoi ?
Pourquoi deux oiseaux au même endroit, aujourd'hui ?
T'as une idée ?
Y a un signe et un sens ?
Même en goûtant pour la première fois du whisky du crû, le Penderyn, en version finie en fût de madère, je n'ai pas d'idée mon pauvre vieux. Je ne peux laisser que trois mots couler : vie, destin, écho.
T'es pas mort, t'es blessé, tu peux continuer grâce à ta femme où à ceux qui t'aident.
Trois images de la journée ?
Je veux effacer celle de l'oiseau mort.
Je vais prendre la sympathie de la jeune fermière qui nous a accueilli. Vraiment, chaud au cœur.
Je prends aussi le bête déjeuner dans la bagnole, face au château Harlech avec les dunes dans le dos en sachant qu'on aura le temps de rien faire.
Et puis, pour finir, peut-être tout simplement ce petit écureuil gris aperçu lors de la balade à Betws-y-Coed ou l'oiseau qui attendait de pouvoir pécho un poisson, installé sur un rocher au milieu de l'eau, toujours lors de la même balade.
Bien sûr que je devrais parler des magnifiques paysages aperçus au cours de la route. Mais justement, c'est ça : aperçus, survolés.
Ouais, de la forêt, des lacs, des montagnes, de la légende arthurienne. Mais pas le temps...
Des regrets ?
Nan, on ne va pas en avoir. C'est bien d'avoir fait cela, même si c'était trop rapide. Ça nous a donné un premier aperçu des possibilités galloises (avoir l’Écosse en plus chaud, et plus près de la civilisation).
De retour de la douche...
Eh, j'ai pensé... Pourquoi seulement trois images ?
Je t'en donne d'autres, juste comme ça, parce que.
L'église de Dolgellau qui fait crèche, où j'achète pour un prix ridicule un livre rigolo sur la crise de la quarantaine (que je commence à me taper) et où une femme refuse le trèfle (rare, dans les cimetières, j'en trouve rarement) le trèfle à quatre feuilles que je lui offre.
Les monts de Snowdonia, allez, parce qu'ils envoient la patate, quand même.
L'incroyable lenteur de la circulation en pays de Galles.
La bouteille de Penderyn, à côté de moi.
Moi, qui n'ose pas regarder l'oiseau blessé mais qui sent que ça ira bien, et le drame quand j'en trouve un mort avec la fermière, j'appelle vite ma femme pour constater que ce n'est pas le même oiseau.
Les chiens partout, surtout des border collies, si j'ai un autre chien un jour, ça sera cette marque.
Les nombreuses choses seulement aperçues, parfois même pas photographiées et qui vont s'estomper dans la mémoire, en particulier un lac éclairé par un rayon de soleil perçant les nuages ou les forêts dans lesquelles nous n'avons pas eu le temps de mettre les pieds.
Mais finalement tant pis si nous avons roulé une heure de plus que prévu (une location s'étant annulée la semaine dernière) et si nous avons abouti ici en ce jour le plus industrieux de l'année pour eux (d'où la raison pour laquelle ils n'ont même pas encore mangé à près de dix heures du soir).


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