samedi 2 août 2014

No whales

Jour 6
Ah ah ah ah.
98 % de chance de voir des baleines ?
Ha ha ha.
Mon cul.
Du coup, un peu dégoûté de la matinée qui a coûté cher, a fait dégueuler ma femme et plein de passagers sur le bateau et ne nous a laissé voir que quelques dauphins par une mer houleuse et relativement agitée...
Je dois confesser avec Anne-Laure, restée avec moi à l'avant du bateau, où ça bouge le plus, un plaisir amusé (sans méchanceté) à deviner quel était le prochain passager qui allait dégueuler. Deux russes sont tombés devant nous. Nous, pas.
Le revers du cachet, c'est que j'ai été défoncé une bonne partie de l'après-midi aussi mais sans cela, j'aurais fini dans le même état que la dame russe pour laquelle les urgences sont venues à la fin du trajet.
Plus jamais je ne fais de tour pour voir des animaux. Non.
Je ne dis pas que j'ai passé une mauvaise matinée, j'en ai appris sur ma résistance au mal de mer avec le cachet et sur ma manière de sourire un peu du malheur des autres pour avoir connu moi aussi le même malheur.
L'après-midi, on a eu le temps que de faire deux choses.
Hverir et ses solfatares.
Kràfla et son chemin de randonnée qui mérite de rentrer dans le top trois des randonnées à faire en moins d'une heure et demi.
Pour Hverir, j'ai particulièrement aimé rester dans la vapeur qui sortait d'une cheminée et l'étrangeté de ces soupes minérales en ébullition qui sentaient un mélange de jaune d’œuf, de petits pois qui auraient brûlé et d'autres éléments à déterminer qui pourraient s'approcher de certains pets.
Pour Kràfla, ça a commencé quand j'ai fait rire les filles en sortant des toilettes avec un rouleau de PQ qui me tombe de la main quand je veux mettre mes gants (je l'avais embarqué sans le remarquer) ou lorsque j'ai fait un rot de ma mort qui tue pile au moment où une jeune femme que j'ai pris pour ma femme une demi-seconde passait et où je lâchai un : putain, j'ai du mal avec les oignons frits de midi. J'imagine la tête de la pauvre fille en passant à ma hauteur au moment d'un bruit qui sortait des tréfonds de l'ignoble...
Mais ensuite...
Je n'ai qu'un regret, ne pas avoir évolué plus au milieu des concrétions magmatiques du centre du site.
Ma femme et moi avons convenu qu'on avait vécu là sans doute la plus belle balade du séjour parce que la plus extraterrestre. C'est un autre monde. Je ne sais pas s'il y a d'autres endroits sur terre pour faire une balade comme ça, mais le dépaysement est effectivement total et il est impossible de rencontrer plus la synergie des quatre éléments.
Nous avons ensuite échoué dans une maison d'hôte perdu au milieu de la lande islandaise. Elle est occupée cette nuit par deux couples et leurs quatre enfants, tous francophones. C'est un peu loupé pour le dépaysement linguistique, mais en même temps, on a croisé facilement un tiers des touristes qui devaient être français.
11 heures du soir, le soleil s'éteint doucement à l'horizon. Il ne doit pas dépasser les quatre degrés dehors. Les gens qui sont avec nous dans la maison n'auraient pas dû y être, ils sont campeurs, mais le froid les a obligés à changer de plan pour la nuit.
Si je n'avais que trois images à retenir de cette journée, ça serait :
- Être en face des russes et tenir mieux la mer qu'eux, avec la résignation, en plus, de ne pas voir de baleines, mais d'en apprendre sur ses capacités de résistance.
- Se rendre compte de la synergie des éléments à Kràfla et de la puissance de la terre, finalement, et à côté de ça du soleil, et de la futilité de vénérer d'autres forces que celles, tangibles, de la nature... La terre incroyablement travaillée par le feu, bon sang...
- L'étrange rêve de ce matin qui a mélangé une amie de Lily, une amie de Jenny, le collège de mon enfance et la certitude qu'on devrait se souvenir plus de nos rêves, ils ne me semblent pas moins réels que le « vrai ».
Alors, bon, bien sûr, il y a la déception du mauvais temps par moment (la houle le matin, la pluie à Hverir) ou de ne pas avoir vu les fichues baleines. Mais Kràfla avec des nuages qui nous esquivent totalement, bon sang.

Je ne doute pas qu'on puisse certainement voir encore mieux dans l'intérieur des terres seulement accessibles par 4X4. Mais eh. Non, rien de rien, non, je ne regrette rien...
http://www.lapagedujour.net/aout2014/deuxaout2014.htm

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