samedi 3 août 2013

Orage...

Orage...
Il pleut, il tonne...
Un orage vient de s'inviter au-dessus du ciel d'Evry-Gregy
J'ai presque envie de regarder toutes mes vacances et d'essayer de voir ce qui m'a le plus transporté.
Corrimony, le cercle de pierres près de Cookstown, la chaussée des géants, la rencontre avec Eric Gregory, la discussion dans l'avion au retour avec un certain Joe, diminutif de Joseph.
J'ai bien aimé Joe. Vraiment. Je regrette de ne pas lui avoir demandé son adresse email. Mais il ne faut pas oublier que les anglosaxons ont le contact très facile, mais qu'ils ne cherchent pas forcément à maintenir des liens.
Joe était place 13 B, ma femme 13 C et moi, 13 A, on lui a demandé s'il préférait la fenêtre ou le couloir. Je n'aime pas trop les fenêtres a-t-il fait.
Tu n'aimes pas trop les fenêtes ? Hu ? C'est donc que tu as un peu peur de l'avion, non ?
Du coup, comme moi aussi, j'ai peur, j'ai parlé avec lui, tout le long du vol.
Il a retrouvé un amour d'adolescence d'il y a 32 ans voici un an. Une française qui l'a recontacté après qu'ils se soient séparés, aient eu un mariage chacun et un divorce. Il partait la rejoindre jusqu'à lundi avant de passer 11 jours en Slovénie.
Joe, il a travaillé comme ingénieur et il a deux endroits qu'il adore par dessus tout au niveau des paysages, un coin du Nord de l'Italie et une île de Grèce.
Il a été 6 mois en Italie et aussi en Corée, quand il était plus jeune. Il est fan de festivals et de concerts, il en a vu plus de 500. Il m'a parlé de la brasserie locale de Belfast : Hilden.
Et j'en passe : le fils de son amie d'enfance qui vient quelques jours bosser avec lui dans son entreprise spécialisé dans le traitement de l'eau, la manière dont les coréens boivent de la bière (chacun sert quelqu'un d'autre), sa fille qui s'endort sur son bras après avoir dit je n'aime pas trop l'avion, un atterrissage difficile en Corée avec des ailes qui touchent le tarmac, son amie d'adolescence qui a vécu à New York et à Londres ce qui facilite grandement le rapport entre eux...
Je pourrais aussi parler du vendeur du magasin de liqueurs et d'alcools de l'aéroport de Belfast, je lui achète deux bouteilles de single malt irlandais et il me parle d'un excellent blend d'une nouvelle maison qui vient de se monter, il me donne même l'adresse du site où il commande son whisky, ils n'ont pas mis une blonde juste là pour vendre mais un mec qui s'y connaît et avec lequel on peut se connecter.
Je pourrais aussi causer de la dame du B&B ce matin, 35 ans, un physique d'une actrice que j'ai vu dans une série télé, un peu desperate housewife, éminemment sympathique et attentionnée qui nous fait un petit déjeuner d'enfer et nous prête un pèse-dinde (si si si, ça existe) pour peser nos bagages.
Je pourrais causer de l'émotion en voyant dans le cimetière près de la vieille croix celtique située à Ardboe l'image d'un jeune gars qui aurait eu mon âge et qui est décédé d'un accident de canoë à l'âge de 23 ans.
Il y a la pointe de regret de n'être pas retourné au cercle de pierres d'hier, bon sang.
Je mets le lien :
Il ne tonne plus. Il pleut sans doute toujours.
Ma femme est contente d'avoir retrouvé sa Kilda. Horus est content d'avoir retrouvé mon pied pour se frotter dessus. La chienne a fait un peu la fête après avoir mis un instant à capter qu'on était revenus.
Et les vacances sont déjà derrière nous. Moins derrière moi que les autres années puisque j'ai les pages du jour à faire sur plusieurs semaines, mais quand même, derrière nous.
Envie d'Irlande, d’Écosse à nouveau, de Canada, de Japon, de Suède, d'Islande, d'Italie, de Corse, de Grèce, de Marrakech, des États-Unis, de Nouvelle-Zélande, d'Australie...
C'est la force d'un voyage, de donner envie de voyager encore, en dépit de tes appréhensions ou de tes peurs, pour mon cas prendre l'avion.
Se dépasser.
Devenir aigle ou corbeau.
J'ai perdu du poids. Les derniers repas ne passaient pas bien. Des relents de vieux démons.
Mais ce que j'ai laissé, je vais le retrouver, plus fort, encore, le transcender dans les pages et puis j'ai hâte de voir la petite vidéo que j'ai fait de Beaghmore, de la chaussée des Géants et de Corrimony.
Hâte de lire aussi pour mon jeu fétiche le supplément sur l'Irlande.
Non pas que ça soit plus beau que l’Écosse ou que le Canada, mais les gens, putain, les irlandais sont communicatifs et sympas.
C'est à peine si j'entends la pluie maintenant.
Les images de la croix celtique, du trèfle que j'ai trouvé non loin, du vent balayant le grand lac s'estompent, un peu comme si tout n'avait été qu'un rêve, un peu comme si j'avais été vraiment embrassé par une fée à Beaghmore et que j'étais maintenant dans un autre temps, dans un autre rêve...
J'ai fait une page du jour qui peut prolonger cet écrit, pour une fois.
Normal. Nécessaire.
Je n'ai pas tout de suite, cela dit, envie de retourner à la réalité, les paperasses pour le statut de handicapé, le boulot, les examens, les arrêts maladies, voire se faire arrêter un an...
J'ai envie de rester encore un peu là-haut, dans les nuages que nous avons traversé Joseph et moi, dans le cœur de l'orage, je viens d'apercevoir une lumière dans le ciel, dans l'espace infini, libre et détache de toutes les contraintes.
Les contraintes ?
Quelles contraintes.
Je sais qu'il est possible de vivre avec juste celles que l'on se donne...

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