mercredi 8 juillet 2009

Disparition...

2 heures 22, le 8
- Ca te ferait quoi si ta femme n'était plus là ?
- Pas facile comme question mais c'est une question que je me pose si je dois faire un truc sur la gestion du deuil. Il faut être capable d'essayer de se regarder ou de se projeter dans la même situation.
- Grosse période de déprime ?
- Peut-être encore plus à la disparition des choses que nous avons eues ensemble : les chats par exemple. Une fois la bête qui était là pour nous deux disparue, huuuu. Pas simple. Sinon, j'imagine bien le noir un moment, un hommage absolu en écrivant des chroniques de Giulia Carter pour Shadowrun ou en reprenant les souvenirs de vacances que je n'ai jamais passés sur PC. Une fuite dans le jeu de rôle serait difficile, c'est avec ma femme que je joue le plus. Mais c'est sûr que j'aurais besoin un peu de ça, à moins que ça ne soit carrément le théâtre pour transcender la sale expérience. Ouais, je me réfugierai en partie dans l'expression, peu importe les moyens.
- Tu déménagerais ?
- Houuu non. Pas dans un premier temps. Ou alors, hors de France, pourquoi pas. Mais ça, ça reste annexe. Parce qu'il y aurait forcément en partie rapprochement avec la belle-famille.
- Une autre femme ?
- Huuuuum. Nan. Pas comme avec ma femme. Ch'uis pas sûr d'obtenir autant avec quelqu'un d'autre qu'avec elle. Ca a l'air égoïste et calculé mais ça fait partie du jeu. J'ai des défauts qui ne sont pas forcément compatibles avec la vie de couple. Comme tout le monde, cela dit. Mais il y a surtout aussi les goûts communs. Faut que ça soit les chats, les mêmes séries télés, le voyage, le jeu de rôle, le théâtre. Pas simple, pas simple. Et puis chaque individu est unique, ça serait vain d'essayer de retrouver ma femme dans quelqu'un d'autre. Je suppose que je sortirais plus. Ma femme est facilement fatiguée le soir... Mais bref... Je pense aussi que j'essaierais comme beaucoup de gens d'avoir des "signes" d'une vie après la mort. Mais pas longtemps, pas trop longtemps. J'ai coupé ces signes quand mon père est mort pour que si âme il y ait, elle puisse suivre son chemin. Je pense que c'est bien de ne pas chercher constamment le défunt.
- Tu t'imagines quoi d'autre ?
- Rien pour l'instant. Rien d'autre que le fait que les gens vivent très facilement dans l'illusion et dans le fait que tout soit acquis. Ceci dit penser à la perte même si elle n'a pas lieu, c'est sans doute aussi vu comme une sorte d'angoisse. Il est fragile le juste milieu entre se préparer éventuellement par une sorte de projection dans un contexte "et si" et le fait d'avoir peur de perdre l'autre en permanence. Mais avoir peur de perdre l'autre, c'est aussi avoir peur de perdre son confort, une partie de soi qui est bien rôdée et qu'on comprend bien. Perdre l'autre, c'est devoir réapprivoiser une partie de soi. Je me demande si ce n'est pas ce qui est le plus dur pour la plupart des gens.
- Et ça ferait quoi à ta femme si toi tu n'étais plus là ?
- C'est un exercice qui ne m'appartient pas. Ce n'est pas à moi de répondre à ça. Déjà que pour soi c'est dur d'imaginer, alors pour les autres, tu penses.
Je reste juste persuadé d'un seul truc. La perte de l'autre est moins dure quand tu as eu un enfant avec. Parce que c'est quelque chose à quoi se raccrocher et une partie de la personne défunte qui continue à exister.
- Hé c'est pour ça aussi que les gens font des gosses, pour continuer à exister.

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