vendredi 29 octobre 2010

Le petit Edward...



Le petit Edward se gratta le nez. Hou la belle crotte, avec presque la forme d'un continent. L'Australie peut-être.
- Si je suis un ange, comment ça se fait que je sois encore capable d'avoir des cacas de nez ? Demanda-t-il avec une certaine candeur à John Douglas qui était en train d'écouter un rocher.
Silence.
Edward s'approcha de John...
- Qu'est-ce que tu fais ?
Silence toujours. Et la brume qui se lève et qui estompe la lande, la drapant du manteau quasi-lunaire de la lueur du chien et loup.
- Qui est Lei ? Fit alors le petit Edward.
John se retourna et fixa droit le petit dans les yeux. Il ne put s'empêcher de penser que le petit Edward ressemblait quand même drôlement à une image qu'il avait trouvée un jour de son père. C'est que John, il portait le nom de sa mère qui elle-même portait aussi le nom de sa mère voyez-vous.
- QUI EST LEI ? Insista le petit.
- Une fille que je veux sauver. La fille que je dois sauver.
- Pourquoi ?
- Elle est perdue, elle s'est perdue dans le flot du temps, des voiles et des frontières déchirées, elle a laissé des traces, des échos, mais je ne suis pas certain d'avoir connu son âme quand je me suis réincarné dans le futur.
- Tu t'es réincarné dans le futur ? Interrogea Edward, perplexe.
- Ouais, dans un futur que j'ai effacé en plus. Quelqu'un avait joué avec l'essence des 28, l'avait copiée, lorsque nous nous sommes tous sacrifiés en 2012. Disons que ça a mis un bazar monstre et qu'on a eu l'occasion de remonter dans le temps et d'empêcher notre création... Ceci dit, ce faisant, il a bien fallu que je devienne autre chose.
- Un ange.
- On peut dire ça.
- Ben, je croyais que tu m'avais dit qu'on était des anges...
- D'une certaine manière, oui. Mais je ne suis pas certain qu'on ne pourrait pas avoir d'autres sobriquets, du genre demi-dieu ou trinité ou élu ou "observateur", tu vois.
- Je préfère rester un ange. J'aime pas quand tu dis d'autres mots.
- J'aime pas quand il existe d'autres mots. Mais qu'est-ce que tu veux, je ne m'explique pas tout à fait encore pourquoi ceux qui ont survécu à l'Apocalypse comme moi se sont connectés chacun à une époque et un lieu.
Edward sourit. Il n'avait pas envie de connaitre les autres lieux, les autres époques. Elles n'étaient pas importantes. Derrière les rochers où se tenait John Douglas le ciel était en train de se déchirer, le chaos commençait à prendre forme et une masse d'énergie était prête à se former, à dévorer l'essence de tous les 28 et les sources présents à New York en ce moment. La faute à ce Cavendish et cet Ephram et puis aussi aux amis de John Douglas et peut-être à John, qui avait fait des "choses" aux rochers pour essayer de ramener Lei... Edward essaya d'oublier qu'il était un enfant, qu'il avait rêvé de John Douglas et appelé de ses voeux, dès l'âge de deux ans.
- Est-ce qu'on peut traverser le chaos ?
- Non, on risquerait d'être déchirés, de se dissoudre et il ne resterait plus beaucoup d'ancres pour ce que nous sommes. Des ancres si éloignées derrière le chaos, les frontières ou les voiles que plus jamais un ange ne pourrait exister dans ce monde ci.
- Mais comment je fais pour me rejoindre ? Pour parler aux mangeurs de péchés et les dissuader de faire du mal aux amis de grand-mère ?
- Tu espères que ton corps et ton esprit sont assez forts en bas. Et tu comptes sur les messages qu'ils vont recevoir par l'intermédiaire de Mikaela.
Edward se pencha sur le corps qui gisait dans l'herbe humide, les cheveux trempés par la tourbe, le visage d'un beau jeune homme aux cheveux sombres mais au regard absent.
Il posa sa main sur le front du jeune homme, une lumière sembla naître à l'intérieur du prince endormi.
- John ? Demanda Edward.
- Quoi ?
- Est-ce qu'il est un ange, comme nous ? Combien va-t-on finir par être ? Hein ?
- C'est un "28", il est ange, il est mage, il est changeur, il est chevalier, il est même aussi sorcier. Je ne sais pas si on peut vraiment le compter dans nos rangs.
- Pourtant il a notre pouvoir.
- Est-ce que tu lui as vu des ailes ?
- Pas encore, mais je suis sûr que ça viendra.
- Tu voudrais qu'il en ait ?
- Je voudrais que tous les "28" deviennent des anges et que l'Apocalypse, eh ben, elle soit changée.
- Je sais, moi aussi... Et c'est pour ça que je ramène Lei. Elle a quand même sans s'en rendre compte, aidé quelqu'un à foutre le bordel le plus noir qui se soit jamais créé.
- Pas de gros mots, s'il-te plaît, j'ai seulement six ans et demi.
John éclata de rire. "Seulement six ans et demi". Et le voile du temps qui risquait de se déchirer et son âme et celle du petit Edward qui risquaient d'être déchiquetées pour l'éternité, qui étaient d'ailleurs peut-être déjà mises en pièces depuis l'éternité.
- Pourvu que nous ne sachions jamais qui est Dieu. Lança Edward.
- Quel Dieu ? Rétorqua John en prenant soudain le masque Tyr, presque malgré lui. Ça lui arrivait si souvent ces temps ci.
- Pourvu que nous découvrions que nous ne soyons jamais Loki. Répondit Edward en prenant sans le vouloir le masque de John Douglas à moins que ce ne fut celui de Baldr...

Et loin, là-bas, dans la cité, John, John Ghost, posa sa plume... Il regarda dans son miroir.
Il avait le masque de Thoth, à moins que ce ne fut celui de Bastet ayant reçu la garde du livre de la connaissance de Thoth, il ne savait plus...
Et il songea soudain qu'il avait envie de reprendre deux fois du pâté.
Avec une bonne soupe au paprika. Au paprika, oui... Une épice aussi corsée qu'allaient être les choses sur New York...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire