mardi 3 novembre 2009

Les visages de ceux qui respirent encore

2 heures 03, le 3

Il y a des tas de fois où je me dis que le lundi soir, je devrais essayer de faire quelques lignes sur chaque malade que j'ai rencontrés.
Ce qui est bizarre, de fait, très souvent cela dit, c'est que ce n'est pas tant ce qui est dit qui est important que l'émotion qui passe. Et ça c'est dur à retranscrire.
Il y avait le monsieur, avec un seul oeil, la tête cabossée, épileptique et dans une institution depuis l'âge de 6 ans... Il crachait des glaires bien vertes et m'a demandé plusieurs fois de lui jeter ses mouchoirs.
Il y avait le monsieur qui a causé bien longtemps. Un ancien président d'une association colombophile. Il dresse assez bien le portrait de sa vie et j'apprends quelques petits trucs sur les pigeons.
Il y avait une dame, de la semaine dernière, qui a facilement peur de tout et à qui je conseille de s'envoler un jour vers la Guadeloupe. Elle raconte émue que la fille adoptive de sa fille (qui a eu un cancer jeune et à qui on a dû enlever l'utérus) a découvert qu'elle avait un frère.
Il y avait le monsieur avec un caillot dans les poumons qui avait bien du mal à respirer que ça aurait pu en faire souffrir plus d'un.
Il y avait aussi un monsieur que j'ai l'habitude de voir, mais comme il dormait, hein.
Et puis des dames maghrébines qui attendait que le grand-père soit transféré.
Et j'en oublie.
Mais ce qu'il y avait surtout, c'était quoi ?
La magie de l'instant et les sourires.
Et ce me semble, c'est le plus important, non ?
Il y avait aussi les nouveaux dans le service et puis les visages que je reconnais de plus en plus. A la fin de l'année, il faudra que j'amène des chocolats.

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