dimanche 12 octobre 2014

Schizo

http://www.lapagedujour.net/octobre2014/douzeoctobre2014.htm

Deux textes en une semaine, c'est un peu schizo.
Mais on va y arriver, on va y arriver.
On va envoyer la banane.
On va envoyer la banane jeudi prochain.

Je copie colle l'extrait de l'Iliade que j'ai choisi pour essayer de le dire par coeur, une fois aux poètes, à la soupe aux choux...
Extrait du chant 22 de l'Iliade, donc.

Le grand Hector au casque étincelant alors, le premier dit :
« Je ne veux plus te fuir, fils de Pélée : c'est fini. Si j'ai fait trois fois en courant le tour de la grand-ville de Priam au lieu d'oser attendre ton attaque, cette fois en revanche mon cœur me pousse à t'affronter. Je t'aurai, ou tu m'auras. Allons ! Prenons ici les Dieux pour garants : ils seront les meilleurs témoins et gardiens de nos accords. Je ne songe pas, pour ma part, à t'infliger de monstrueux outrages, si Zeus m'octroie de tenir bon et de t'arracher la vie ; mais, au contraire, quand je t'aurais pris tes armes illustres, j'entends rendre ton corps, Achille, aux Achéens. Fais donc, toi, de même. »
Achille aux pieds légers sur lui lève un œil sombre et dit :
« Hector, ne viens pas, maudit, me parler d'accords. Il n'est pas de pacte loyal entre les hommes et les lions, pas plus que loups ni agneaux n'ont des coeurs faits pour s'accorder ; sans relâche, au contraire, ils méditent le malheur les uns des autres. Il ne nous est pas permis davantage de nous aimer, toi et moi. Aucun pacte entre nous n'interviendra, avant que l'un des deux n'ait, en succombant, rassasié de son sang Arès l'endurant guerrier. Rappelle-toi donc toute ta vaillance : c'est bien maintenant, si jamais, qu'il te faut être un combattant, un guerrier intrépide. Il n'est plus pour toi de refuge : c'est à l'instant même que Pallas Athéné te va dompter sous mon bras ; et tu vas payer d'un seul coup tous les chagrins que j'ai sentis pour ceux des miens qu'a tués ta pique furieuse. »
Il dit et, brandissant sa javeline, il la lance en avant. Mais l'illustre Hector la voit venir et l'évite : il a prévu le coup et s'est accroupi ; la pique de bronze passe, dans son vol, au-dessus de lui et va se ficher dans le sol. Pallas Athéné aussitôt la saisit et la rend à Achille, sans être vue d'Hector, le pasteur d'hommes. Hector alors s'adresse au Péléide sans reproche :
« Manqué ! Donc tu ne savais nullement de Zeus, Achille pareil aux Dieux, l'heure de ma mort. Tu le disais pourtant ! Mais tu n'es qu'un beau parleur, un fourbe, et tu voulais que, pris de peur, j'oubliasse ma fougue et ma valeur. Non, tu ne planteras pas ta pique au dos d'un fuyard : je marche droit sur toi ; pousse-la-moi donc en pleine poitrine si le Ciel te le permet. Et, pour l'instant, évite, toi, ma javeline de bronze. Ah ! Si tu pouvais donc l'emporter, toute, dans ta peau ! La guerre serait moins lourde aux Troyens, si tu étais mort : pour eux, tu es le pire des fléaux. »
Il dit, et brandissant sa longue javeline, il la lance en avant. Il atteint le Péléide au milieu de son bouclier, sans faute. Mais la lance est rejetée bien loin de l'écu, et Hector s'irrite de voir qu'un trait rapide est parti pour rien de sa main. Il reste là, humilié ; il n'a plus de pique de frêne. Il appelle d'un grand cri Déiphobe au bouclier blanc, il demande une longue lance : et Déiphobe n'est plus à ses côtés ! Hector en son cœur comprend, et il dit :
« Hélas : Point de doute, les dieux m'appellent à la mort. Je croyais près de moi avoir le héros Déiphobe. Mais il est dans nos murs : Pallas Athéné m'a joué ! A cette heure, elle n'est plus loin, elle est là, pour moi toute proche, la cruelle mort. Nul moyen de lui échapper. C'était donc là depuis longtemps le bon plaisir de Zeus, ainsi que de son fils, l'Archer, eux qui naguère me protégeaient si volontiers ! Et voici maintenant le Destin qui me tient. Eh bien ! Non, je n'entends pas mourir sans lutte ni gloire, ni sans quelque haut fait, dont le récit parvienne aux hommes à venir. »
Il dit, et il tire le glaive aigu suspendu à son flanc, le glaive grand et fort ; puis, se ramassant, il prend son élan, tel l'aigle de haut vol, qui s'en va vers la plaine, à travers les nues ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un lièvre qui se terre ; tel s'élance Hector, agitant son glaive aigu. Achille aussi bondit ; son cœur se remplit d'une ardeur sauvage ; il couvre sa poitrine de son bel écu ouvragé ; sur son front oscille son casque étincelant à quatre bossettes où voltige la crinière d'or qu'Héphaestos a fait tomber en masse autour du cimier. Comme l'étoile qui s'avance, entourée des autres étoiles, au plein cœur de la nuit, comme l'Etoile du soir, la plus belle qui ait sa place au firmament, ainsi luit la pique acérée qu'Achille brandit dans sa droite, méditant la perte du divin Hector et cherchant des yeux, sur sa belle chair, où elle offrira le moins de résistance. Tout le reste de son corps est protégé par ses armes de bronze, les belles armes dont il a dépouillé le puissant Patrocle, après l'avoir tué. Un seul point se laisse voir, celui où la clavicule sépare l'épaule du cou, de la gorge. C'est là que la vie se laisse détruire au plus vite. C'est là que le divin Achille pousse sa javeline contre Hector en pleine ardeur. La pointe va tout droit à travers le cou délicat. La lourde pique de bronze ne perce pas cependant la trachée : il peut ainsi répondre et dire quelques mots. Et cependant qu'il s'écroule dans la poussière, le divin Achille triomphe :
« Hector, tu croyais peut-être, quand tu dépouillais Patrocle, qu'il ne t'en coûterait rien ; mais tu n'avais cure de moi : j'étais si loin ! Pauvre sot !... Mais, à l'écart, près des nefs creuses, un défenseur – bien plus brave – était resté en arrière : moi, moi qui viens de te rompre les genoux, et les chiens, les oiseaux te mettront en pièces outrageusement, tandis qu'à lui les Achéens rendront les honneurs funèbres. »
D'une voix défaillante, Hector au casque étincelant répond :
«  Je t'en supplie, par ta vie, par tes genoux, par tes parents, ne laisse pas les chiens me dévorer près des nefs achéennes ; accepte bronze et or à ta suffisance ; accepte les présents que t'offriront mon père et ma digne mère ; rends-leur mon corps à ramener chez moi, afin que les Troyens et femmes des Troyens au mort que je serai donnent sa part de feu. »
Achille aux pieds rapides vers lui lève un œil sombre et dit :
« Non, chien, ne me supplie ni par mes genoux ni par mes parents. Aussi vrai que je voudrais voir ma colère et mon cœur m'induire à couper ton corps pour le dévorer tout cru, après ce que tu m'as fait, nul n'écartera les chiens de ta tête, quand même on m'amènerait, on me pèserait ici dix ou vingt fois ta rançon, en m'en promettant davantage encore ; non, quand bien même Priam le Dardanide ferait dans la balance mettre ton pesant d'or ; non, quoi qu'on fasse, ta digne mère ne te placera pas sur un lit funèbre, pour pleurer celui qu'elle a mis au monde, et les chiens, les oiseaux te dévoreront tout entier. »
Et Hector, mourant, Hector au casque étincelant répond :
« Oui, oui, je n'ai qu'à te voir pour te connaître ; je ne pouvais te persuader, un cœur de fer est en toi. Prends garde seulement que je ne sois pour toi le sujet du courroux céleste, le jour où Pâris et Phoebos Appolon, tout brave que tu es, te donneront la mort devant les portes Scées. »
A peine a-t-il parlé : la mort, qui tout achève, déjà l'enveloppe. Son âme quitte ses membres et s'en va, en volant chez Hadès, pleurant sur son destin, abandonnant la force et la jeunesse. Il est déjà mort quand le divin Achille dit :

« Meurs : la mort, moi, je la recevrai le jour où Zeus et les autres dieux immortels voudront bien me la donner. »

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