mardi 23 juin 2009

Adios Gilles.

1 heure 50, le 23...
La plus grande difficulté quand tu visites des malades, c'est quand tu noues des liens avec certains. Ca fait des mois et des mois que je vois chaque lundi Gilles. Gilles est vraiment dans un sale état avec une vilaine tumeur qui lui déforme le côté droit du visage. Il a aussi beaucoup de mal à saisir des choses avec les mains.
Des mois et des mois.
Et aujourd'hui l'infirmière en chef est venue me dire qu'il désirait ne plus me parler.
- Ca fait mal à l'ego, hein ?
- Ouais. A l'ego. Parce que tu dois apprendre à ne pas prendre les choses pour toi, à considérer que tu n'as pas forcément mal fait les choses mais que la personne, dont l'état de santé ne s'améliore pas préfère être seule avec sa douleur et éventuellement sa fin imminente.
- Tu penses que le gars est vraiment dans un sale état ?
- Plusieurs mois à l'hosto et maintenant en isolement et en plus il refuse de voir quiconque à part sans doute la psychologue... Ouais, il est dans un sale état. Ouais, je l'ai entendu dire qu'il se foutrait volontier en l'air s'il pouvait si la douleur continuait comme ça.
- Ca fait mal de voir une personne avec qui t'as tissé des liens chuter ?
Ouais. Mais ça apprend à être plus fort. A ne pas prendre les choses pour ça, à respecter les différentes de manières de se comporter dans la douleur. Il n'y a aucune règle. Aucune. Chacun sa manière de gérer.
Bon courage, Gilles. Tu ne liras jamais ces lignes. Mais ce n'est pas si grave. Quelque part, je continue à penser qu'on est tous connectés. Une pensée pour toi et la pensée de ceux qui m'ont lu ce soir. Après tout, je ne suis rien, strictement rien d'autre qu'un petit moment de partage quand je suis à l'hôpital. Ca ne pèse que sur mon p'tit ego. Qui lui n'est pas grand-chose non plus dans l'absolu.

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