lundi 31 août 2009

Du 23 au plus ou moins 30

Sous une tente
13 heures 25, le 23
Tu vois mon vieux Karma, j’aurais bien aimé t’emmener là.
J’aurais bien aimé aussi que tu vois l’endroit où avait vécu Zoé, la chatte que j’ai dû laisser en venant en France.
Bon, bien sûr, je n’aurais pas forcément aimé que tu me vois sur toute la longueur cette journée.
J’ai bien fait perdre deux heures de temps à notre équipage, histoire de lutter contre mon estomac et mes boyaux.
Mais je te laisse quelques minutes, le temps de regarder un épisode de Supernatural, sous la tente. Sous la tente, ouais. Une sorte de tente de l’armée avec des arceaux métalliques et un toit plat.
14 heures 54, le 23
Tu vois, vieux, on est à Cape Tribulation dans le Daintree National Park.
On a loupé deux p’tites marches à cause de moi comme je te le disais mais tant pis, qu’est-ce que tu veux. C’est pas simple le mal au bide, mais passons, tu veux bien.
Or donc, si je résume la journée.
On part tard, on fait des courses tard, je manque d’acheter des tas de donuts avec mon cappucino et puis pouf plouf, voiture depuis Cairns jusqu’à Cape Tribulation. Y a 140 bornes à peine à faire, mais ça prend près de trois heures. Ouais, trois heures, à cause des routes en lacet et du ferry à prendre pour traverser la rivière Daintree.
En début d’après-midi, par contre, épiphanie mon cochon. On a participé à une dégustation de fruits dans une ferme bio créée par d’anciens instituteurs. Ils ont près de 150 espèces d’arbres fruitiers sur leur plantation mais n’en commercialisent qu’une seule (à cause des problèmes de conservation et de résistance dans les transports). Une épiphanie, je te dis. J’ai goûté à des trucs que je n’avais mangé. Une grosse claque en particulier avec un fruit mexicain nommé « Sapote » je crois (j’ai le nom sur la vidéo que j’ai faite). Il y a une version noire du fruit qui est sublime avec une texture magnifique de pudding au chocolat et il y a une version jaune de cette espèce, avec un goût totalement différent et une texture en bouche également à faire tomber.
Ca ne peut que donner envie de s’installer dans un coin qui permette la pousse de tous ces arbres fruitiers, pitin.
J’ai beau être végétarien, je préfère avant tout les fruits aux légumes. Et là, mon dieu, mon dieu, j’ai mangé aussi un truc de la famille de la pomme cannelle, mais en bien meilleur.
Je pense que je vais donner le lien vers le website de la ferme dès que je serai rentré en France et que je vais inscrire les patrons comme « amis » (ou du moins faire une demande) sur facebook.
Le reste de la journée fut passé à découvrir un peu le bord de plage et à faire une petite balade dans la rain forest locale sur un sentier tout tracé.
Une claque quand on est tout seul. Tout comme les marques sur le sable laissées par les coquillages ou les petits crabes ont pu inspirer les indigènes, on comprend que leur nature n’a pu qu’être à l’origine de l’extrême richesse de leur rapport avec le dreamtime.
Bon, bien sûr, il y avait les moustiques, mais on a rien sans rien et c’est pas dur de trouver des moyens de se protéger.
Le soir discussion au campement avec un londonien qui s’est exilé à Sydney, un gars marrant qui a beaucoup voyagé et qui se retrouve avec deux gosses en bas âge et quelques mots échangés avec un couple de grenoblois dont le fils (ou la fille) sont en Australie depuis déjà neuf mois. Et on les comprend bien.
Demain matin, mon vieux, je vais faire de l’accro-branche.
Il va falloir se lever tôt, aussi autant te dire que je ne vais pas faire de vieux os ce soir.
Dans les plus de la fin de soirée, le pied total, sous la tente, d’avoir un vrai lit, l’électricité et la possibilité de se tenir vraiment debout.
Tu me manques, mon vieux, tu me manques. Ch’uis pas sûr qu’Horus devienne comme toi et puis faut aussi rajouter que loin des yeux, loin du cœur chez moi. Sauf quand on n’existe plus que dans le « dreamtime », comme toi.
Hu ? Si j’ai eu des « visions » dans la forêt comme j’aime à le faire souvent ?
Oui mais surtout ce qui était cool, c’est que toute ma balade sur la plage et sur le sentier dans la forêt se sont faits sans que je n’aie à porter des lunettes. J’espère peut-être un bond dans ma guérison, comme ce qui s’était passé au Canada. On verra bien, ha ha ha.

Bêbêtes.

14 heures 57...
Je fais rapide, ok ?
Ce matin, lever tôt et accro-branches avec deux guides vraiment, vraiment très sympas : un australien et un écossais. Nous étions accompagnés par deux femmes et leur fille adoptive. L’une d’entre-elles était originaire de Londres et était dans le design graphique de matériel de cuisine sur Sydney.
Ensuite, balades le long de deux plages, petits chemins et un tour dans un autre morceau de la rain forest avant de découvrir une ville qui sent bon le sucre, Mossman, et où l’on produit de la canne à sucre (mais où aucun alcool local n’est fabriqué).
Route très en lacet pour rejoindre un coin paumé du Nord-Est, moitié sauvage, moitié exploité. C’est dans une sorte de camping avec divers niveaux de chambres aménagés que nous avons échoué.
Mais là, bingo. Ma femme avait décidé de faire du bird watching de nuit.
Nous avons aperçu dans l’ordre :
Un couple de hiboux, un mouth frog, des grosses grenouilles, un opossum, un rat marsupial, des bandicoots, un ornithorynque et encore d’autres grenouilles.
Ca a compensé pour le presque zéro bestiau aperçu pendant nos balades du matin.
J’omets de dire aussi les gorges de Mossman étaient très attirantes pour ceux qui aiment se baigner en rivière et se laisser un peu porter par le courant. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’asseoir dans l’eau à un endroit où son filet se resserrait pour tomber en cascade.
Comme chaque soir, aussi, un épisode de Supernatural.
Et comme chaque soir, la fatigue qui vient bien plus tôt qu’en France.
Allez, je colle le réveil à 6 heures pour qu’on puisse faire un tour de la propriété et découvrir au petit matin d’autres animaux.
- Tu ne penses pas à tes collègues qui ont repris le boulot ?
- Je pense surtout à le quitter en ce moment pour trouver quelque chose ici. Rien à faire de travailler ici quand c’est tellement possible d’avoir un paysage t’offrant tout ce qui est possible, et surtout une terre sur laquelle tout peut pousser.
Allez, je m’en vais tenter de photographier une grenouille dans les toilettes des femmes. Je colle des sodas au frais. Et pouf ronron.

On the road…
Une visite dans une winery spécialisée dans l’alcool de mangue. Hum. Je n’aime pas leur vin dry. Je peux tolérer le médium. Le sweet est définitivement mon favori. Et je n’aime pas leur sparkling comme tout ce qui est champagnisé. Je ne peux pas comprendre qu’on aime cette arrière goût un peu soufré (et de toutes les manières mauvais pour la santé). Le champagne ou tous les alcools fabriqués avec le même procédé, hurg… Autant, je peux dire qu’un vin blanc est bon, même si je n’aime pas ça. Autant j’ai du mal avec le champagne et ses notes qui détruisent toute réelle appréciation du produit par derrière.
J’ai goûté aussi de la liqueur de mandarine et de la liqueur de mangue (n’allant pas jusqu’à goûter un autre produit qui m’aurait plu pourtant : de la liqueur de mangue renforcée au brandy).
Bref, on a acheté la liqueur pur de mangue. Le matin et la balade pour découvrir le verger de l’endroit où nous avons dormi était déjà oublié.
Sur la route, nous nous sommes arrêtés ensuite à Mareeba (ma femme me corrige et me met les bons noms) pour visiter quelques magasins, faire quelques courses, acheter de la paraffine pour moi (je suis vraiment, vraiment, vraiment constipé) et manger un burger végétarien. On s’est amusé à regarder le prix de l’immobilier. Il y aurait des choses dans notre budget en vendant la maison, cong.
On a poussé jusqu’à Atherton (orthographe à vérifier) parce que je n’ai pas compris des explications de ma femme concernant les « Crystal cave », un magasin vendant des cristaux et au comble du kitsch. On pouvait même se faire photographier avec son aura. Le magasin, un brin ésotérique de la ville, pas très loin de Crystal cave, ne proposait pas grand-chose par rapport à une boutique européenne. Une discussion avec la vendeuse m’a appris qu’il y avait eu une communauté de « psychic healers » sur Darwin mais que dans le coin, ce n’était pas trop des grandes réunions de gens branchés sur la chose. S’il y a des sectes, elles ne sont pas super présentes en Australie.
L’après-midi, on a fait un des deux lacs des « crater lakes » mais je ne me suis pas baigné. Pas forme niveau bide, peur que l’eau froide me porte trop sur le cœur et j’ai tenu à faire le circuit des trois cascades proposé à une quarantaine de kilomètres de Yungaburra où nous logeons actuellement. Les trois cascades n’avaient en somme absolument pas la majesté de celles aperçues dans les Rocheuses au Canada mais à la deuxième ma petite voix ma parlé de changement intérieur, effectif des demain. On verra bien si c’est aussi simple que cela.
Une petite voix qui m’a prévenu du fait qu’il fallait freiner quinze secondes avant que ça ne soit nécessaire ou qu’il fallait ralentir dans la route des cascades.
Ouais, mais passons, la route des cascades et le paysage alentour où nous nous trouvons a quelque chose de la comté des hobbits et donc de la Nouvelle Zélande. Hou bon sang, que c’est beau dans le coin aussi. Je me suis un peu revu lors de mon premier séjour à la ferme.
Nous avons juste eu le temps de rentrer pour apercevoir par nous-mêmes un ornithorynque nager dans la rivière non loin. Il faudrait qu’on recommence l’expérience demain matin tôt.
Que dire d’autre ?
Ah si, j’ai appelé Eric. J’ai eu sa femme. Demain, pouf bloum, deux jours posés chez l’habitant. Ca sera sympa pour savoir comment c’est de vivre en Australie. Et de voir qui serait ce nouveau moi demain aussi. Si possible pas constipé. Si possible.
J’omets sans doute de parler des courses qu’on a faite le midi à Mareeba : pois au wasabi (pitin j’adore ça), petits gâteaux au soja moutarde / miel, olives, beignet d’aubergine et de fromage. Tout ça dans une ville de seulement 6000 habitants.
Ce qui différencie énormément l’Australie de la France, c’est encore une fois de plus l’espace.
Pitin, j’aime les vieilles pierres et les monuments dans les villages ou les grandes villes, mais bon sang, j’aime encore plus l’espace aménagé pour une bonne qualité de vie.
Bon d’accord, en échange, tu ne fais rien sans ta bagnole ou à l’extrême limite ton vélo, mais avoir la nature à côté, hein, mérite bien qu’on s’attèle à fabriquer des voitures plus propres.
Hum. Je ferme les yeux, le silence enfin. Il y a dans cette auberge de jeunesse littéralement un troupeau d’allemands (et sans doute un autre d’australiens), chacun venu en bus. Et un troupeau, ça faisait beaucoup de bruit quand on regardait la vidéo ou quand on mangeait. Beaucoup.
Mais ce n’est pas ça qui a empêché ma femme se s’endormir. Elle ne semble étrangement avoir aucun problème à le faire ici. C’est normal. Ici, c’est facile de s’endormir. Très facile. Et il n’y a pas le stress du boulot. Ou du moins d’un boulot qu’on ne sent toujours pas.

Longue route…
16 heures 45...
Lever tôt pour voir un ornithorynque s’ébattre dans le ruisseau.
Puis grosse claque dans la gueule à Curtain Tree où il y a un des plus beaux arbres du monde. Je ne raconte même pas la sensation que ça m’a fait quand je l’ai touché…
Arrêt sur la route vers Innisfail et la « silk road » vers deux cascades où ma femme a sans doute eu la chance d’apercevoir un casoar ou un émeu.
Rêve plutôt étrange d’une copine de mon pote Thibaud des beaux-arts. Une copine inventée dans le rêve et qui avait une mare remplie d’animaux dans mon rêve.
La petite voix qui me guide toujours sur le chemin pour me faire comprendre que tout est maintenant en moi.
Route, pas mal de route du tout même jusqu’à Tooluma où habite Eric, un copain d’enfance.
C’est bizarre de rencontrer à nouveau un des seuls copains que j’ai eu dans mon enfance. C’est bizarre de presque se souvenir de rien.
Mais excellente soirée dans la villa qu’il loue et où nous avons aperçu grenouilles des arbres, cacatoès et wallabies.
J’ai dû faire une entorse à mon végétarisme notoire mais ce n’est pas tant parce que je veux être végétarien que parce que je ne veux manger en produit animal que ce que j’aurais tué par ma main ou qui aurait été tué lors d’une chasse ou d’une pêche par un particulier et qui ne ferait pas l’objet d’un commerce.
Une saumonée que s’appelait le poisson pêché par Eric. Ch’uis pas fan du tout de poisson, mais en sauce lait de coco, il se laissait manger.
Bonnes retrouvailles, à table, en goûtant de la bière maison, du bourbon et de la liqueur de black sapote.
Il m’a rappelé, ce brave Eric, un autre truc que j’avais mangé dans mon enfance : des sortes de prunes au vinaigre qu’on trouvait chez le chinois.
Sa femme Lynda m’a fait découvrir à quel point j’avais tout raté de la Nouvelle Calédonie et de ses us et coutumes étant môme. Ca aurait été vraiment autre chose si j’avais été éduqué à la technique des coups de pêche ou des balades sur des ilots. Je me suis aussi senti bien couillon à apprendre qu’il y avait des dugongs en Nouvelle Calédonie.
Enfin, bref, il est très tard. Demain, ça sera le lever au p’tit bonheur la chance, j’ai l’impression. Mes boyaux vont mieux en tout cas et je prends aussi définitivement le chemin du shaman urbain ou du psycho naute. J’ai décidé d’écouter ma petite voix. Plusieurs fois aujourd’hui, elle m’a fait comprendre ce que c’était que de pouvoir être un homme nouveau. Retrouver Eric, c’était comme retrouver mon enfance et pouvoir effacer tout ce que je regrette de n’avoir jamais fait.

Bateau
16 heures 35, le 28
Un bon jour le 28.
Un très bon jour. Mais pas beaucoup le temps.
Or donc, je résume, en quelques mots chaque phase en tentant de laisser passer un max d’émotions.
Matinée du 27 : Townsville. Café et balade sur le strand. Un groupe d’associations sportives dont certains déguisés en écossais. Des toilettes publiques qui ne marchent pas tant que ça. Une ville à dimension plus humaine que Cairns. Le fantasme de voir quelqu’un qui aurait connu mon père. Déjeuner sur place dans la voiture : brumby et subway.
Départ l’après-midi pour Havannah Island, un peu avant Palm Island. Une petite île très peu empruntée. Un chalutier au loin, un p’tit voilier planté dans la baie, nous seuls sur la plage. Petite balade au sommet pendant qu’Eric pêche. Il tue devant nous un calamar après que je l’ai touché. Pas de pitié, j’en mange un peu le soir. Mise en abime jeu de rôle et mystique au sommet de l’île. Le temps du rêve ouvre ses portes, j’ai mon p’tit coin de paradis.
Bonne soirée au coin des étoiles.
Lever assez tôt pour aller pêcher un peu et finir par se poser sur Palm Island. Petite balade dans les bois pendant qu’Eric pêche. Déjeuner sur les restes de la veille. Balade à nouveau et pêche ratée ce coup ci pour Eric. Départ, on aperçoit des baleines et des dauphins. Mais surtout des baleines. J’ai vu aussi des petits requins sur Palm et je sais que je pourrai me baigner parmi eux.
Retour le soir à la maison d’Eric. Un peu trop de liqueurs en apéro (mais après tout, j’aime boire quand c’est l’ambiance et festif). Bon repas du soir. Discussion séries télés avec Lynda jusque tard.
Et au final…
Une amitié que j’espère retrouvée avec quelqu’un de simple, de la mer et de l’eau. Il est physique, sans prise de tête, gentil. Très agréable à connaitre même si ce n’est pas lui le tchatcheur du groupe.
Sa femme est très sympa elle aussi.
J’apprends également que la cousine du père d’Eric est mariée à Sean Connery. Cré nom d’une cacahuète.
Mais bref. Plus qu’une demi journée à être au tas. Ouverture des portes. Ponts établis entre le réel et l’imaginaire et plus que jamais le jeu de rôle sera nourri de mes expériences spirituelles et vice-versa.
Et l’envie de revenir. De goûter aux charmes simples et sans prétentions d’une balade dans les îles, de la vue des baleines et des oiseaux dans une nature qui n’est pas encore souillée (si on excepte quelques détritus laissés par je ne sais qui dans la dernière baie)… Charme simple aussi de l’ouverture des portes et de la connexion avec cette idée du temps du rêve.
Allez, ce soir je rêve. Et je m’en souviens.
Demain, nous partons à Magnetic Island avec la ferme intention de caresser des koalas.
Après-demain, douloureusement, il nous faudra quitter Eric pour poursuivre nos vacances avec un petit gout amer : combien de temps avant de s’en redonner à cœur joie ? Hu ?
Et avec ça, par contre pas de possibilité d’actualiser la page du jour ou les vidéos. Mais qu’importe. Il me fallait vivre ces vacances ci. Et retrouver Eric. Comme je le disais, retrouver des racines et pouvoir rebondir.

La nuit de l’opossum

29 / 08 / 2009
Magnetic Island
Un départ, tôt, choppé de justesse à trois minutes près. Une balade un peu dure classée niveau « average » le matin de Horseshoe Bay to Radical Bay. Fatigue sans doute. On évite un détour par les nudistes de Balding Bay.
L’après-midi, un tour très sympathique avec un ranger qui l’est tout autant pour découvrir la nature australienne.
Une occasion de toucher un crocodile, deux types de lézards, un koala, un échidné, un serpent, un cacatoès (juste pour les filles car il n’aime pas les garçons). Juste à côté du campement, on a pu aussi observer un koala dans la nature et des papillons en pagaille. Le rêve de ma femme de tenir un koala dans ses bras s’est enfin concrétisé; Elle a également beaucoup aimé tenir un serpent. Sur la fin du tour, le ranger offre à des dizaines et des dizaines de perruches de la nourriture en nous en mettant un peu de leur repas dans les mains. Un truc dément. Je ne prends pas les bons mots pour décrire tout ça, assis que je suis (le 30) à côté d’une table assez bruyante sur Bowen. Mais passons. La famille Boglio s’est pointée à ce moment là. Benjamin, le fils d’Eric s’en est aussi donné à cœur joie. Ca m’a fait un peu marrer de voir le couple un peu improbable d’une fille super canon et de son gars juste normal manquer de se faire chier dessus (et réussir pour le gars) par le lot de perruches.
J’ai aussi adoré le « It might not be a good idea » de quelqu’un à un autre allant pour s’asseoir sur un banc où au-dessus se trouvaient les perruches affamées.
Fin d’après-midi d’abord sur Horseshoe Bay pour prendre des cocktails puis au Koala Resort pour notre premier vrai restau australien et le fait de goûter des bières un peu meilleures que celle déjà goûtées exceptées celles fabriquées par Lynda.
Mon dernier jour pour être un vrai malade.
Et enfin, les opossums la nuit. La maman avec son bébé. Un must absolu pour moi.
Et le rêve promis la nuit dernière ?
J’étais en Australie tout simplement.

Rêve sur le pouvoir.

Le matin du 30...
En vrac.
Le fils d’un Dieu qui se fait passer pour un neuneu et qui parvient à asseoir tout le monde en leur intimant cet ordre, la grosse surprise de la fin du discours du dit neuneu.
Une enquête un peu fantastique où je suis capable de parler avec un fantôme. Il est possible que je sois avec Eric.
La compréhension du temps et de son échelle. On peut visiter le temps pour changer une donne mais jusqu’à où ? Hein ?
On peut donc aussi changer son temps intérieur (la réflexion que je me fais en ce moment en tentant de ne pas jalouser tous ces jeunes français qui sont là pour un an et qui vivent une vraie vie comme je n’ai pas eu l’occasion de vivre).
Une balade dans une sorte de jardin à Françoise (mon ex). Les herbes sont moins hautes que les nôtres.
Le fils du Dieu qui explique à son père qu’il veut des élus avec du libre arbitre et que c’est pour ça qu’il n’a pas puni les deux personnes qui se sont exprimées lorsqu’il a fait son discours où personne ne pouvait être sûr s’il était juste un neuneu ou le fils d’un Dieu. Le fils du Dieu veut des élus avec un certain libre arbitre.
700 grammes de richesse, d’une chose qui est un véritable trésor.
Je ne me rappelle plus de la quête et de l’enquête dans le rêve mais la sensation de complétion et de prendre des décisions radicales est incroyable.
J’entends bien comprendre que j’ai ce pouvoir sur le temps (même si le rêve est d’un point de vue observateur, moi suivant les deux protagonistes principaux) et que je peux ou non changer le monde après avoir défié le fils du Dieu et avoir reçu son pouvoir.

Bowen
13 heures 23, le 30
Après le réveil et le petit-déjeuner, un peu de glande pour attendre Eric qui est parti chercher de quoi déjeuner pour sa famille.
J’aurais bien voulu faire la balade des forts mais il veut emmener son fils nager à Radical. Je n’ai pas vu le bougre depuis au moins un quart de siècle, je les accompagne à partir de dix heures malgré le fait que j’ai un peu souffert hier.
Juste auparavant, cela dit, on l’avait fait un peu attendre en passant dans le bois aux papillons où nous avons aussi l’occasion de massacrer un paquet de moustiques et de voir un cacatoès à queue rouge et un wallaby.
Wallaby, la veille Eric nous a expliqué une histoire assez incroyable à propos de la wallaby que nous avons aperçu dans son jardin. Elle est venue frapper à la porte de sa voisine pour déposer son « Joey » (un bébé wallaby ou kangourou) avant de mourir. Sa voisine va adopter le p’tit Joey, une situation assez commune en Australie.
Bref, le chemin Horseshoe Bay - Radical n’a rien à voir avec la veille. Il est « normal ». C’est que la veille je devais être fatigué et que j’ai aussi dû trainer ma pauvre femme qui tachycarde et qui met deux fois plus de temps pour faire quelque chose de normal en montée.
Eric, gentiment, a prévu un tee-shirt blanc pour que je ne me défile pas en plongée. Et pouf. Je plonge avec lui pour observer quelques coraux et poissons. Deux ou trois minutes d’angoisse lorsque je dois apprendre à respirer par la bouche avec le tuba. Mais je dois avouer que je regrette énormément ne pas avoir été emmené en « plongée » avec mon père du coup. Petite discussion avec Lynda, le temps de faire une sorte de tête totémique d’ornithorynque dans le sable. Déjeuner en compagnie pas loin d’un rock wallaby puis retour à Horseshoe Bay pour rejoindre ma femme.
Je prends un capuccino au petit marché du dimanche auprès d’une femme qui a une jolie histoire à raconter à des hongrois à propos d’un de ses cocktails de fruits bio. Elle est née la même année où son arrière grand-mère est morte et tout le monde lui a toujours dit à quel point elle ressemblait à cette femme qui savait préparer des remèdes avec les plantes. Elle a toujours voulu connaitre cette vieille Alma et la voilà qui débarque sur Magnetic Island il y a quelques années pour découvrir qu’une baie là-bas se nomme « Alma Bay ». C’est pour ça qu’elle a créé « Alma’s Kiss », un mélange pomme, carotte et gingembre.
Petite discussion au retour avec Eric sur le ferry. Gros coup de blues en le quittant et quelques coucous plus tard en voiture lorsqu’il nous croise.
Hum… Et cette fragile sensation qu’il lui arrivera quelque chose à un certain âge.
Et l’envie de retourner vite en Australie. Et de profiter là-bas (ou à la limite en Nouvelle Calédonie) de choses que j’aurais dû vivre dans mon passé, faire faire une boucle au temps.
Il m’a dit que nous étions ensemble en classe en CM2 et sixième et cinquième. Bizarre, je ne m’en souviens pas. Mais je suppose qu’à l’époque, il avait aussi pas mal d’autres copains ailleurs alors que je n’avais pas l’occasion d’en avoir beaucoup.
Ceci dit, comme je l’ai déjà précisé, c’est surtout l’occasion de pouvoir retrouver quelqu’un qu’on a connu enfant. C’est si commun pour tant de personnes. C’est si évident que j’ai été tout seul si longtemps. Un extraverti réprimé.
Eric m’a d’ailleurs fait un peu marrer en me disant que lui et Lynda s’étaient fait la réflexion que je ressemblais pas mal en caractère à son frère Philippe. Le fait que pas mal de choses me passent au-dessus, que je ne me préoccupe pas de trucs qui énerveraient d’autres personnes.
Oh, je m’énerve. Ou du moins, je m’énervais beaucoup, comme pas mal de personnes.
Mais je sens que de plus en plus c’est mon chemin de ne pas le faire.
Ne pas laisser à la rage ou la colère le pouvoir de te faire du mal.
Savoir qu’il n’y a que toi comme ennemi.
Ne pas se préoccuper des réflexions et des absurdités débitées par les ignorants ou les abrutis.
Ne pas hésiter, cependant à balancer aux irresponsables leur irresponsabilité dans la face.
Ouais.
C’est pas facile d’essayer de changer sur certaines choses ou du moins d’essayer carrément de se réveiller. Se réveiller. Voilà, la chose qui est de plus en plus sure dans cette connexion entre le réel et le temps du rêve.
Bref, bref, bref, pour en revenir au réel, après avoir quitté Eric, nous sommes descendus jusqu’à Bowen, un bled qui accueille essentiellement des saisonniers travaillant dans l’industrie de la culture (melons, mangues et je ne sais plus trop quoi).
C’est assez intéressant d’entendre français et australiens communiquer ensemble et de pratiquer un anglais qui est forcément meilleur que le mien.
Ouais, je reviens à ce vieux fantasme de passer trois mois dans un pays anglophone pour me faire totalement à la langue.
Hum, j’espère que ça se fera. Vite.

14 heures… Tentative automatique…
Je veux et je veux.
Il exige n’importe quoi.
Là-bas dans les ombres, ils s’enfoncent dans la mangrove.
Des yeux s’allument, jaune comme ceux de la mangouste.
Les moustiques brûlent ma peau.
L’oiseau hurle.
Il n’est plus temps de souffrir.
Il me dit de partir. De courir. Sans me retourner.
Je lui ris au visage. Son visage déformé. Il a été malade. Il a gardé les stigmates.
Il est plus petit que moi. Pourquoi aurais-je peur de lui ?
Parce qu’il est le fils d’un Dieu crie la voix provenant du noir de la forêt là où brillent les yeux de la mangouste.
Le fils d’un Dieu. Le fils d’un Dieu. Fais-je en rigolant. Nous sommes tous les fils d’un Dieu. Tous, entends-tu. Tous.
Il met sa main sur mon épaule, on dirait une serre. Il me fait l’effet d’un oiseau de proie.
Il me sourit.
Son regard plonge dans le mien, il devient la mangouste.
Ses crocs se dessinent alors que je sens les miens pousser.
Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Je comprends l’évidence. Une évidence bien trop facile. Il n’est que mon reflet. Ou je ne suis que le siens.
Je sens les plumes pousser dans mon dos, je deviens la mangouste et le rapace.
Je deviens la grenouille qui se cache sous le nénuphar et la loutre qui glisse derrière le rocher.
Il pose une autre main sur moi. Une autre patte.
Qui es-tu ? me dit-il en continuant à me faire croire qu’il n’est pas moi.
Je sens une odeur douceâtre monter. Du citron. Une crème au citron. Le marais sent la crème au citron.
Je tourne la tête. Je change de place. Le temps n’existe pas. Les lieux non plus.
La vieille femme au sourire édenté me temps un morceau de gâteau.
Vous en prendrez bien un morceau ?
Je ne fuis pas. Je ne fuis pas. Je suis le fils du Dieu et la vieille femme.
Je suis le policier qui regarde à travers la fenêtre et le petit enfant qui traverse en courant les passages cloutés.
Je souris. Plumes, écailles, poils et porcelaine.
Je suis l’homme et l’animal.
Je trempe ma main dans la crème. Je dessine sur le mur la truite que je viens de pêcher. J’appelle de mes vœux et de ma magie une aussi bonne récolte pour le lendemain.
Et demain sera sans doute le jour où je m’envolerai dans les étoiles, à travers cette faille qui nous emportera à la rencontre des autres, de ceux qui nous feront prendre conscience que nous avons plus que l’égoïsme à apporter dans l’univers.
Tu es enfant me fait le petit gamin qui a finit de traverser la route.
Je suis aussi la vieillarde qui va t’offrir un bout de tarte au citron ou te permettre de porter le masque aux yeux jaunes pour m’effrayer dans la forêt.
Tout est dans tout et réciproquement.
Surtout réciproquement.
Je m’envole.

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