jeudi 15 mai 2014

Un texte d'il y a des semaines, mais...

Je suis Parfione Rogojine.
Je suis un héritier, avec toute la fortune qu'a laissé mon père à ma disposition.
J'étais un bon à rien, noceur, fêtard, buveur.
Puis j'ai rencontré cette fille, Nastassia. Elle est la fille qu'un homme comme moi devrait avoir pour maîtresse d'une seule nuit. Elle est fille entretenue et d'aucuns... diraient... câtin.
Mais je ne sais pas. Une femme ne se résume pas à comment les autres la voient. Elle est au-dessus de la mêlée, elle est forte, elle est libre, elle n'a pas de chaînes.
En l'aimant, je suis redevenu humain. En la sauvant, c'est moi que je sauve.
Le drame, c'est qu'elle aime l'autre partie de moi. Celui qu'il aurait tant fallu que je sois (à défaut d'aimer être).
Elle aime le Prince.
Mais elle ne veut pas le faire souffrir. Elle ne s'estime pas assez bien pour lui.
J'aime aussi le Prince. Je ne peux pas faire autrement. Nastassia l'aime. A travers l'amour de Nastassia pour lui, je connais le sentiment de l'amour que j'attends d'une femme.
Je deviens humain.
J'ai plusieurs fois eu envie de la tuer, de le tuer, pour revenir à une vie plus simple, de noceur et de bamboche.
Mais qui serai-je enfin ?
Je me demande, au final, si je n'aime pas plus le Prince que je n'aime Nastassia. Avec Nastassia, j'aime l'impossible. Avec le Prince, j'aime la pureté et surtout je m'aime moi. Peut-être que l'idéal eut été que nous soyons tous les trois ensemble, que nous partagions Nastassia.
Mais il n'y a pas d'idéal.
Il n'y a que le tourment.
Nous sommes le manche, la lame et la main qui tient le couteau à nous trois.
Je ne sais même pas si le Prince aime Nastassia comme moi j'aime cette femme. Je crois qu'il est capable plus de compassion que d'amour et qu'il confond les deux sentiments. L'amour est destructeur, le Prince est trop pur pour être détruit par de tels transports de l'âme.

Je suis l'ombre et le prince est la lumière. Mais dans mon ombre, je découvre la lumière alors que le prince, lui, découvrira sa part d'ombre : il deviendra aussi fou que moi.

J'en ferai bien le début d'un essai, Rogojine dans une cellule, confronté à des fantômes.

La page du jour, sinon :

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