Je vole l’enfant
15 heures 45, le 31...
J’ai le pouvoir, oui, assurément. Dans le rêve, dans cette école. Et lorsque l’enfant avec un grand pouvoir apparait, je lui vole son pouvoir en mettant mes mains contre ses joues et ses tempes.
Lever tôt à Bowen. J’ai clairement passé l’âge de partager ma chambre avec des inconnus. C’est pas franchement agréable pour trainer le soir. On fera notre possible pour que ça ne soit pas le cas demain, seul jour où nous n’avons rien réservé.
La journée ?
Route de Bowen à Eungella (ma femme corrigera les fautes). Un gros coup de barre après un arrêt à Proserpine me fait laisser le volant à ma femme qui conduit jusqu’à Finch Hatton pour visiter les Finch Hatton Gorge, un spectacle magnifique qui nous prend trois heures et quart sans qu’on s’en rende compte. J’ai l’occasion de plonger deux fois dans des trous d’eau, d’escalader des rochers au bord de l’eau, d’observer un tas d’iguanes et de remarquer mon premier serpent en liberté du voyage.
L’après-midi, on se pose à l’eco-resort (luxury) de Broken river. La nuit est chère pour notre budget mais l’endroit est magnifique.
Balade dans une rain forest qui nous met une claque à ma femme et moi.
Observation des ornithorynques ( vu un seul dans le noir) et des tortues juste à côté.
Bière en regardant un opossum manger des fruits.
Internet dans un magnifique salon.
Tout le nécessaire pour manger dans la chambre.
Et l’envie de rester jusqu’à dix heures le lendemain matin. Ouille, j’ai mal quand je tape : au doigt où je me suis ouvert avec une huitre sur les rochers.
Bon, bilan : les vacances qui se rapprochent de la fin. Iguanes et tortues vus. Envie de faire dodo. De la brume qui monte derrière ma fenêtre. L’envie d’aller me connecter au salon mais la flemme de me lever. Et un merci à ma femme pour avoir réservé ce bel endroit.
Demain matin on repart essayer d’observer les ornithorynques et on liquide notre heure d’internet.
22 heures 32...
Deux rêves, un concernant une invasion maritime de c’te planète et qui commence comme une partie de jeu de rôle dans laquelle au lieu d’incarner un loup garou comme les autres, je suis un corbeau garou (même si j’aurais préféré être un aigle). J’ai un max en dextérité cela dit et avec ma force et mes muscles, je plie le champion local au bras de fer et également son pote encore plus musclé que lui.
Je me vois également plaider devant la foule dans une sorte de bar, après avoir vaincu les deux costauds qui parlent de moyens de gagner dans leur sport favori. Je plaide pour de la justice et je me rends compte que pas mal de gens sont corrompus, déjà transformés.
La fin du rêve où l’eau déborde, où les ennemis abondent (-des gens transformés par les puissances atlantes de la mer) montrent un humain un peu paumé qui devient roi des atlantes et deux de ses conseillers conspirateurs qui acceptent que les humains soient maintenant épargnés dans une terre à moitié ravagée par les inondations. Je ne compte plus le nombre d’ennemis dégommés en compagnie d’une sorte de petit garou rongeur.
Les atlantes / envahisseurs ont en effet trouvé un banc sur lequel le visage de leur futur roi est marqué.
Il y a aussi un rêve où dans notre cité favorite, peut-être une sorte de Vancouver, ma femme se fait bousculer verbalement par une sorte de gros bonhomme qui lui demandait de le laisser passer. Il prend en pitié que ma femme boude et aille un peu se cacher après sa réflexion et l’invite, nous invite (moi et quelqu’un d’autre avec moi semble-t-il) à venir manger un soufflé chez lui. Il a un chien, vit au rez-de-chaussée d’une sorte de petit immeuble à côté d’étudiantes. C’est un gros bonhomme plein de gouaille prêt à tout pour nous faire goûter son super soufflé et nous parler des délices de vivre dans sa ville.
Dans le premier cas, le truc est : comment vivre après l’invasion, y a des tas d’idées de scénarios possibles sur des cairns garou ou des lieux de pouvoir disparus. Quel sera le rapport avec ceux des océans (et peut-être d’ailleurs).
Dans le deuxième cas, est-ce que le monsieur est aussi gentil que ça (apparemment, oui).
C’est marrant de le voir essayer de rassurer ma femme.
Ma femme m’avait suggéré un titre marrant, mais j’ai oublié.
15 heures 13, le premier septembre.
Pas envie de retourner à la routine.
Mais il faut bien se payer de telles vacances.
Pas envie d’avoir froid.
Que faire peser dans la balance ?
Dieu sait que j’aime le jeu de rôle, mes chats, le théâtre mais voilà : loin des yeux, loin du cœur (sauf ma femme au bout de plusieurs jours).
Ca me ferait quoi d’habiter ici, hein ?
J’ai adoré Eungela - terre des nuages en aborigène. Y avait tout là-bas. Des animaux en pagaille, dont certains que je n’avais jamais vu, de la forêt humide, des ornithorynques, des putains de paysages pastoraux, une emprise mystique dans les bois, une vision ou deux dans les bois, en particulier ce matin.
Bon sang, je m’arrête sur le chemin, shooté par la majesté de l’endroit, réceptif à l’énergie de la terre et je vois apparaitre un totem dans le fond, un portrait, l’équivalent de ce qu’un karadji aurait appelé un mimi. J’ai dû prélever un tout petit morceau d’essence de cet arbre où j’ai eu ma vision. En échange, j’ai voulu laisser un peu de moi. J’ai mes propres rituels, ma propre vision de ce que doit être le shamanisme quand je suis dans les bois. Mais pas envie de me couper et impossible de m’arracher les cheveux. Je pense alors à la plaie que j’ai au pied, je soulève un bout du pansement, du sang. J’en soulève un peu plus deux masses noires prises sous le sparadrap et semblant émerger de ma chair. Elles se nourrissaient, voraces, sur ma plaie depuis déjà un bon moment. Petit instant de panique (une seconde) puis le sang posé sur le tronc, le devoir accompli.
C’est de toutes les manières normal de ramener quelques compagnons lorsque la balade se fait dans les bois et qu’il pleut.
Le fichu « resort » où on se trouvait valait vraiment le coup, même sous la pluie, même sous la brume.
Après tout ce matin, on a quand pu voir deux ou trois ornithorynques et c’est le coin d’Australie où ils sont le plus facilement visible.
Le déjeuner s’est passé aussi à Broken River en compagnie d’une dinde et de magnifiques oiseaux colorés extrêmement peu farouches.
J’étais prêt à passer une heure ou deux de plus là-bas, dans la région d’Eungella, mais ma femme m’a rappelé que nous avions beaucoup de route. Beaucoup.
Et de fait nous n’en avons pas fait beaucoup cette aprèm, nous arrêtant dans la région de Sarina.
Plusieurs arrêts dans cette petite ville, le temps de me faire appeler Darling par la caissière du supermarché, d’avoir des tas d’explications de la vieille bénévole de l’information center (qui prend la peine de nous réserver un motel à 110 dollars sur Sarina Beach), d’acheter à l’information center un ornithorynque sculpté qui vient compléter ceux que j’ai achetés le matin (mais en peluche, pin’s et plastique), de prendre deux bières dans le drive-in liquor store et d’essayer d’aller voir des vieilles roches sur la côte (en vain), nous sommes revenus la nuit bien tombée au motel où nous avions laissés nos affaires vers 17 heures.
Il semble que le coin soit très occupé par des surfers, des travailleurs dans l’industrie de la mer ou de la canne à sucre. Les motels étaient très facilement bondés.
Je passe les petits problèmes de boîte de vitesse, le réservoir d’essence qui fonctionne mieux, l’arrêt à une station où l’essence est plus chère.
Je passe beaucoup de choses en fait.
Je regarde l’espace que nous avons dans ce motel. Nous avons payé deux fois le prix d’il y a deux jours.
Je réfléchis à mes goûts.
Et je me dis que bien utilisé l’argent fait le bonheur. Sans mon demi-salaire cette année, on n’aurait pas pu s’offrir les vacances les plus chères de notre vie et on est bien prêts à recommencer l’expérience.
Je sais que les montagnes que j’ai vues (si on peut parler de montagnes) n’ont pas la majesté de Yosemite ou des Rocheuses, je sais qu’on a vu des paysages superbes au Canada, en Suède ou aux States. Mais ici, il y a autant de beauté (c’est un continent) et le climat qui va avec pour voyager.
Et surtout, véritable cerise sur le gâteau, la nature.
La putain de vie dans la forêt.
Les fichus animaux partout.
Bon bien sûr, il y a la saison des pluies, et les insectes, et les sangsues, et les maladies parfois tropicales, et des animaux qui ne sont pas si sympathiques et une horrible couverture santé ou retraite, et des logements pas toujours cadeaux.
Mais il n’empêche. Marcher par ce climat, ne jamais avoir eu à craindre le froid, avoir eu l’occasion d’en voir autant en si peu de jours, retrouver des racines à travers des choses achetées au supermarché.
Hum.
Est-ce que si ce pays m’appelait je serais capable de tout foutre en l’air dans un premier temps ?
Je me demande de plus en plus.
Bon, bien sûr, il reste la Nouvelle Calédonie. La Nouvelle Calédonie et d’autres bouts de l’Australie, ça, ça pourrait être un autre voyage qu’il est bien.
Même si je me dis que le Queensland a des chances d’être mon territoire favori.
Je ferme les yeux, je revois le visage de bois dans la forêt. Je laisse mon sang sur l’arbre. Je ne tue pas les deux parasites qui m’ont rouvert la plaie. J’ai eu une épiphanie encore aujourd’hui.
Voire même plusieurs.
Demain, bien sûr, ça sera autre chose.
On a plus de 550 kilomètres à faire.
Mais encore. C’est pas dit. Même ce que les australiens trouvent normal ou moche, moi j’aime bien. Y a rien qui m’ait vraiment déplu jusqu’à présent à part les coins où les gens ne préservent pas l’environnement.
Peut-être ai-je aussi une frustration de ne pas avoir pu rencontrer un aborigène avec une « science » et parler de mystères.
Mais y a-t-il besoin de parler de mystères pour être habités par certains des mystères de cet endroit ?
Hu ?
22 heures 30, le 1
Rêve sans doute marqué par l’épisode de Supernatural vu hier. Je revois une sorte de bungalow, il y a même plusieurs bungalows dans une sorte de camping.
Forêt tropicale sans doute.
Je me souviens d’autres images. Ecrire aide le matin.
Un tournage de film en tant que figurant avec l’envie d’en faire plus. Je nage dans la boue avec d’autres personnes pour arriver jusqu’à la plateforme (un gros bungalow) de tournage.
Et puis il y a du théâtre à jouer, sur scène. Des scènes à revoir. Un texte ancien à réapprendre. L’envie de tout changer de coordonner un nouveau spectacle.
La confrontation avec un autre moi-même (mais là le rêve est sur le point de vue de l’observateur)… il ne reste plus grand-chose à l’autre moi-même à part des gâteaux. C’est triste pour lui mais s’il représentait la menace, je sais que peu à peu, maintenant, en écrivant ce matin, il va se dissoudre.
Aucune inspiration par contre dans mon rêve par rapport à un tout petit bout de la bible que j’ai lu hier.
La seule chose utile fut la bibliomancie indiquant quelque chose en rapport avec les aborigènes.
Eux Dieux du « rejeté », ils sont hommes de la terre.
« They God From Outcast. Land For Men.
Je tente de ramener encore des images du rêve mais ne me vient qu’une idée assez con que je n’ai pas mise en explication.
Marqué tous les 28 que j’ai vu (sur l’horloge ou en kilomètres ou en signe) au cours du voyage.
Réveil à 6 heures 28. 28 kilomètres MacKay.
Rha. Tant pis.
Le rêve de cette nuit parlait de toutes les manières de la forte envie de jeter des oripeaux et d’être reconnu. Un classique, je suppose chez moi. C’est l’atmosphère qui ne l’était pas. Peut-être que le mimi aperçu dans la forêt m’aidait.
- Quoi, tu crois vraiment en ça ?
- Quoi ? Des gens croient vraiment au verbiage étouffant, réécrit, manipulé, transformé de la Bible ?
- Humf, toujours pareil.
- Non. Une certitude de plus en plus absolue. Si on cherche la source, il n’y a que deux possibles : soi-même et la nature. Il y a quelque chose dans l’invisible qui filtre dans des lieux plus empreints ou qui permettent qu’on ouvre ses portes intérieures.
- Sa porte intérieure, la porte jaune.
- Ouais. toi-même, parfois, je pense que tu viens de là-bas.
- Eh eh eh…
Lands of roos
12 heures 03, le 2
Ah ben mon vieux. Plus de 500 bornes dans les pattes aujourd’hui.
Ma femme est un peu au tas, on ne va pas bouger ce soir. Mais on bouge tôt demain matin. Une excursion assez bonbon (pour 330 dollars) dans une île.
Il semble que ni au site où nous logeons, ni à l’agence qui organise le voyage on ne connaisse ma carte bleue. Petit instant de frayeur, donc, pour ma femme, qui s’est vue dans le caca sur la fin du séjour.
J’ai décidé aujourd’hui, en roulant sur un tronçon de route particulièrement meurtrier de faire une vidéo appelée FUDFA, une idée que j’avais déjà eue pour un groupe de zik.
Il suffit de filmer un mec faire plotch, ploutch, plitch pendant que la voiture roule. Chaque plitch ou plotch correspondant à l’image d’un bestiau écrasé.
Sans déconner, à un moment, c’était tous les dix mètres.
Je ne calcule plus le nombre de kangourous, wallabies et autres animaux à fourrure que j’ai vus morts sur le bas côté.
Et à côté de ça, justement, zéro, que dalle, pas un, niet, boudin boudin kangourou vivant.
On fera peut-être un p’tit essai demain matin.
Sinon, ce midi on s’est arrêté à Rockhampton, ou du moins dans sa zone commerciale, la capitale australienne du bœuf. J’aurais su avant, j’aurais sans doute poussé jusqu’au centre-ville pour goûter aux cowboys pur jus. Et c’est vrai que le coin est bourré de cowboys qui ne se lavent pas les mains après être allés aux toilettes et dont le plat favori reste le plat australien de base par excellence : le barbecue.
Mais mais mais… On va se connecter sur internet, tiens. Tenter un éventuel billard. Espérer que la chambre dans laquelle on se retrouve (Irlande, alors qu’on aurait dû être en France - les chambres portent des noms de pays, mais peut-être est-ce un signe pour un futur voyage) ne sera pas occupée par deux autres personnes.
Croise, croise les doigts.
Et comme toujours, bien sûr, le fait que 500 bornes de voyage ne soient pas monotones. Non, non, faut voir les distances, les arbres, la beauté de certaines exploitations.
Z’ont l’espace, z’ont 2,5 millions de tête de bétail dans les 250 km autour de Rockhampton par exemple.
Et faut que je continue à flinguer l’autre qui me ressemble dans les rêves, cong.
Qu’il arrête même d’aimer les gâteaux.
Hum. J’espère qu’on pourra aussi voir des kangourous sauvages. C’est quand même un comble dans le pays de ce bestiau d’avoir dû se contenter de la vision de dizaines, voire de centaines de cadavres.
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