22 heures 22, le 3...
Est-ce que de tout temps le contact avec l’invisible ou les profondeurs du moi a été le fait de personnes qui savaient aussi dessiner, écrire, chanter, danser ou pratiquer une forme quelconque d’art ?
Je songe surtout à tout ce qui pourrait ressembler au fait de tracer des signes. Parce qu’il n’y a pas meilleur moyen, pour mon compte, de réactiver des parties de sa mémoire.
Le rêve de cette nuit, y avait Eric dedans pour sûr et certain.
Y avait aussi une sorte de vaste mangrove, la nuit, avec certaines propriétés envahies et d’autres non.
Sur celle d’Eric, les arbres résistaient assez bien.
Et on revient à mes vieux rêves de résistance où je lutte contre des menaces ou envahisseurs. Toujours se battre, ne pas lâcher l’affaire. Ce qui était différent était sans doute le fait d’avoir un allié.
Psychologiquement, l’allié représenté par Eric est sur plusieurs niveaux. Avoir vraiment retrouvé un ami d’enfance mais aussi avoir domestiqué une sorte de démon intérieur.
Je me concentre pour me souvenir du rêve et une autre image apparait, ch’uis pas certain qu’elle soit issue du rêve : un gros rocher, très gros, une sorte de falaise, la pente pour y accéder est très forte. Un homme y grimpe éclairé par la lune. Il se tient droit au bord de la falaise regardant la mer noire sous une nuit à peine mangée par quelques nuages. Il est de dos, le point de vue se modifie, on passe au profil de cette homme. C’est moi avec des milliers d’échos qui se prolongent presque à l’infini au bord de la plage.
Enfin des milliers d’échos, peut-être qu’il n’y en a que 28, sourire.
Je tourne la tête vers moi. Un sourire qui ferait peur à certains. Plusieurs échos semblent vouloir sauter à l’eau, mais le premier, la source, lève les bras vers la lune et lui demande sa bénédiction. Il s’inscrit un tatouage au niveau du cœur. Un tatouage dynamique composé de plusieurs symboles mouvants.
Cercles et ovales concentriques, une étoile, la figure stylisée d’un ornithorynque, d’un aigle, d’un poisson, d’un ours, d’un arbre, d’une montagne, d’une vague, d’une flamme.
Des branches ou des lianes se nouent autour de ses bras, ressemblant presque à des tatouages, ses habits partent en lambeau. Un grand éclat de rire remplace le vent qui souffle dans les nuages.
L’original se dédouble de l’autre côté. Il se retourne et redescend la falaise laissant une trace indélébile dans l’herbe qui se couche totalement derrière ses pas. Derrière lui au bord de la falaise, des échos restent pour contempler la mer et le ciel, d’autres s’envolent et certains plongent sans doute dans l’eau.
Je revois encore des images de maison ou des marécages de mon rêve. Mais peut-être l’important, était que je fasse venir l’homme au bord de la falaise.
A Thomas…
Je t’aurais volontiers donné plus de nouvelles de mon séjour si les connexions internet étaient faciles et évidentes, mais ce n’est pas le cas.
C’est une horreur comment c’est long. Leur haut débit ressemble à mon bas débit.
Passons.
J’ai envie de vivre dans un pays de langue anglo-saxonne. Pour me faire plus à l’anglais.
Et pour l’instant, je dois avouer qu’au niveau du climat et des animaux aperçus dans la nature, l’Australie est gagnante.
Y a aussi des paysages et des super villes aux states, dont certaines avec des climats qui me correspondent. Mais c’est plus tentaculaire dirons-nous.
Les villes sont plus petites, donc plus faciles, ici, pour l’instant.
Mais j’attends encore de voir Brisbane.
Shit happens
15 heures 45, le 4
Hum. Comment-dire ?
Aujourd’hui, c’est plus que le jour où on a attendu plus d’une heure un taxi à Darwin.
J’ai zappé ce matin la visite du musée de 1770 (je trouverai les informations sur James Cook sur internet).
J’ai décidé de filer vers Bundaberg dans l’espoir de peut-être visiter la distillerie.
Je double un 4X4 jaune qui ne cesse ensuite de me suivre et de me coller au cul. Je loupe une photo avec Brisbane 283 et Bundaberg 28.
J’éclate un pneu dans une descente. Madre de dios.
Eclater un pneu quand t’as oublié un peu comment les changer, ou du moins comment jouer de la manivelle, c’est pas cool, surtout quand tu ne peux pas vraiment t’arrêter en terrain plat.
Bref, je me suis explosé un doigt en dévissant les sécurités du cric et tant bien que mal, j’ai foutu la galette de secours pour nous traîner jusqu’à là-bas.
Plusieurs heures à attendre sur place. Se rendre à une antenne de l’agence de location pour apprendre que c’est mieux si on répare nous-mêmes, ça nous coûtera moins cher, appeler visa Premier à vrai dire pas sur la carter mais pour savoir si c’est bon d’avancer les sous , ne pas avoir internet ce soir, découvrir que les plaques de cuisson ne chauffent pas vraiment, avoir une fin en cliff-hanger sur le dernier épisode de supranaturel remier pour savoir si c’est bon d’avancer les sous, apprendre que notre pneu explosé est super rare, il n’y a plus que sur la gold coast qu’ils en vendent, se tâter pour savoir si on va accepter le pneu de secours proposé par le mécano de Good Year, accepter finalement, glander le temps de la réparation dans Bourbong street, acheter des cds de merde dans un truc qui vend des trucs pas chers, acheter des produits moins de merde dans une boutique bio, boire un excellent café pour une fois, avoir mal au côté parce qu’assis, j’ai toujours mal à un muscle sur le côté, angoisser d’arriver à temps à l’auberge de jeunesse, rouler en partie de nuit sur des routes où des fois les kangourous traversent, louper tous les coins chouettes sur la route, se voir encore refuser la carte bleue (qui ne semble que marcher pour du retrait), être pris près de 20 minutes par les travaux sur la route à la sortie de Bundaberg, manquer se paumer dans la dernière grande ville parce que l’endroit où on se trouve est extrêmement isolé et .
Mais eh, qu’importe. On s’en souviendra de cette journée, du mec sympa de l’office de tourisme, du mec sympa de chez good year, des grosses merdes qu’on a achetées dans un magasin. On s’en souviendra. Et on en rigolera. Dès demain.
Allez, au moins, j’aurais appris que je sais changer une roue de voiture sans trop de problème une fois le tour de manivelle compris.
Demain, c’est Fraser Island. J’espère qu’on va pas s’emmerder.
Retour là-bas…
Hum, je ne sais pas comment est le coin maintenant, mais il y a une balade que j’aimais bien faire quand j’étais môme. Un truc dans la brousse, juste à côté du Val Plaisance. Il faut que je retrouve le nom sur internet.
C’était en partie là le lieu du rêve. On emprunte comme on peut. Tout comme c’était en partie là qu’il y avait plus haut les canons encore exposés et que j’ai vu la comète de Halley.
Dans le rêve, je me vois avec l’envie de sérieusement me faire oublier, de tout foutre en l’air pour dormir tranquillement dans la nature à une heure un peu trop tôt où j’aurais été brûlé par le soleil.
Mais plus encore, il y a un truc qui concerne la capacité à se regarder en face.
Ma mère apparait dans le rêve avant cette scène où je veux me coucher dans la nature et où mon chat (je crois que c’est mon chat, ch’uis plus sûr de ça) me dit fais gaffe quand même.
Elle me dit que quelqu’un se lève vers 10 heures et demi pour manger des trucs dans la cuisine, en gros se faire des tartines pain, beurre et confiture et qu’elle a mis une sorte de marqueur (on est pas loin de l’isotope radioactif) pour savoir qui le fait.
Il se trouve que c’est moi. Ce qui semble impossible parce que je suis réveillé à cette heure là. C’est donc que j’ai la capacité de me dédoubler et que mon autre moi est capable de vivre des choses qui me font envie sans cette crainte de gagner trop de poids (qui reste une de mes phobies acquise dans ma jeunesse, sans doute à cause de mon père et de sa manière de me pincer à table parce que j’étais un peu bouboule).
Moi, caché quelque part, est capable de vivre normalement et de me surprendre.
Moi, l’autre, est capable d’être quelqu’un d’ordinaire sans craintes.
Il y a d’autres images qui me viennent d’autres rêves dans la nuit.
Une petite voiture à la con, voire une mobylette que je conduis jusqu’à une sorte d’énorme chantier où il y a des plongeurs en eau profonde et des pilotes. C’est une sorte de pont qui se construit. Je fais mon possible pour accéder à la salle de cinéma où on explique leur métier aux pilotes…
Il y a aussi une première année d’études en histoire de l’art ou en art et un cours que je ne loupe pas. Nous sommes seulement cinq ou six à y participer ce qui désappointe un peu le directeur de la formation (qui prend la gueule dans le rêve de mon patron actuel).
Je me vois lui demander si on doit engueuler ceux qui ne sont pas venus car après tout c’est quand même un privilège d’être venu.
Des choses qu’auraient été capables de faire l’autre moi qui se révèle en moi.
Plus de liberté, plus de curiosité, plus de sens du devoir également.
Bon sang d’une biquette en bois. C’est un peu comme si j’avais pu observer des parties de ma vie après avoir fait différents choix et ne pas avoir souffert du mal qui a rongé une bonne partie de ma vie…
Sinon, hourg, il pleut comme vache qui pissote. Mais vraiment pas mal. Notre expédition d’aujourd’hui ne semble pas encore compromise. Mais ça se fera avec du mauvais temps. Yéééé. Comme si ça allait nous empêcher de nous amuser, eh eh eh.
Fraser
14 heures 18, le 5
Pas une mauvaise journée. Elle a commencé par la pluie.
Pas facile pour mes démons, mais c’est autre chose.
Pour résumer, nous sommes partis en petit bus 4X4 pour découvrir un lac, une petite zone de rainforest et se rentrer tranquillement. Finalement peu de choses pour 135 dollars par personne. Mais l’occasion de voir un bout de cette île inabordable autrement qu’en 4X4. Le matin, il semble que nous ayons pris le ferry avec la championne australienne de motocross.
Dans le car, il y avait trois allemands, deux canadiens, deux danoises, deux français et quatre australiens, dont un couple bien sympathique (pour le gars) de Brisbane. Un travailleur social que j’ai dû « aider » à finir des bières à midi et à trois heures de l’après-midi;
Hum.
Ce qui m’a laissé légèrement déçu, ce n’est pas de ne pas avoir trouvé un anneau recherché par quelqu’un (et tombé dans le lac - une récompense de 800 dollars), ni de ne pas avoir vu de dingo (les plus « purs » d’Australie), mais c’est juste de ne pas avoir assez goûté Fraser et de m’être endormi sur le chemin du retour (la bière ne provoque aucune griserie ici, faut en boire vraiment beaucoup pour être chauffé).
Nous sommes rentrés assez tôt pour voir la plage de Rainbow Beach (où nous résidons) et goûter à certaines des pâtisseries locales.
Mais une fois le dîner expédié extrêmement tôt (et très long à cuire avec le matos de cuisson de merde ici), c’est un peu la loose sans internet comme on dit.
Il reste toujours la possibilité de socialiser avec les danois ou allemands ou gars de l’Europe du Nord qui sont ici, mais tant qu’à faire, j’aime autant être en Australie pour causer avec des australiens.
Ceci dit, ne soyons pas bégueule. Je pense aussi que ce qui me déçoit, c’est ne pas pouvoir profiter en groupe de cet aspect mystique de découverte de la forêt que j’ai quand je suis tout seul ou juste avec ma femme.
Le lac, à l’heure de pointe, un samedi, était bondé mais a donné l’occasion d’échanger quelques mots avec un britannique exilé sur Brisbane depuis déjà sept ans.
Nous avons aussi commencé la saison 3 de Heroes (en anglais sans sous titre). Bon, à la limite, ils parlent encore plus clairement que dans SuperNatural, c’est plus facile à suivre.J’aurais bien aimé appeler Eric aussi, mais je n’ai pas encore trouvé où était le téléphone.
Il faut aussi que j’appelle ses parents pour convenir d’un éventuel rendez-vous sur Brisbane.
Etrangement, de toutes les manières, la journée d’hier et celle d’aujourd’hui ont un parfum de bout du monde mais aussi de la fin de cette aventure. Aventure. Mort de rire en voyant Adventure Tour sur le bus qui nous a amené à Fraser. Se baigner dans un lac et marcher sur une piste accessible aux handicapés en chaise roulante ou aux aveugles, boire ce qu’on veut de bière ou de vin (j’ai goûté un peu du rouge en cubi, hurg, je reste attaché à notre terroir, hein), avoir de quoi bâfrer comme on l’entend et passer presque tout son temps le cul dans le bus… Nan, faudrait un truc comme croisière plutôt qu’Adventure.
Mais passons. Cet arrière petit goût de « pas à fond » est aussi lié au fait que j’ai besoin d’une dernière expérience mystique ou de guérison pour être totalement à fond pour rentrer.
Je gage que demain soir devrait m’offrir cette occasion.
J’ai eu aussi la sensation il y a quelque temps que je sauverai une personne au cours de ce séjour. Peut-être que ce sera seulement moi tout simplement.
Et que j’attends cet événement avec impatience.
22 heures 21...
Je revois la maison où je suis réfugié, où le protagoniste principal de l’aventure est réfugié, une maison perdue dans les bois, en bois. Il a des trous dans la porte, le flic venu chercher le protagoniste le remarque dans un lit auréolé de lumière alors que la femme qui le cache ne semble pas avoir peur de lui.
Je me revois sortir avec un ami d’enfance, me cacher sous une sorte de rocher, plein de sable s’écroule autour de nous. Dans le rêve, je revis un souvenir. Un souvenir d’une expérience qui n’est pas anodine. Manquer de mourir étouffé mais ne pas avoir peur. Parce que l’expérience vécue se passe au présent mais que le temps ressenti est celui du souvenir.
Il y a aussi l’histoire d’un chat, et là Horus rentre peut-être en ligne de jeu mais je ne sais plus comment.
Il y a également une histoire de résistants, de gens qui ont le pouvoir de manipuler la réalité ou des objets, ça marche avec les couleurs.
Le protagoniste principal est le dernier à fuir le monde réel. Il a besoin de l’aide d’une sorte de voiture jouet qui peu à peu au cours de la fuite se transforme en créature féminine. Il a besoin de rentrer dans une usine pour retrouver une couleur. Il est ami des créatures de l’invisible.
Il n’a pas peur d’avoir été mis dans les bois.
Il n’a pas forcément peur des autres, ceux qui cherchent à reconditionner. Je revois les images de deux personnes capturées, dont un enfant ou un innocent très petit qui ne sait que dire « bip » et qui est envoyé dans les profondeurs d’une usine où se trouve l’ennemi, avec toutes les chances de se faire repérer mais le protagoniste arrive à le faire taire et sait pouvoir convaincre l’innocent d’utiliser son pouvoir sur l’électricité.
Je revois l’image d’un musée ou le protagoniste principal découvre des objets possédant une âme et dans tous les cas, il s’agit au final d’un farouche désir de ne plus être coulé dans le moule, de savoir, oser mais sans doute parfois se taire, un des crédos de ceux qui pratiquent la magie.
La sensation d’avoir un pouvoir sur la réalité, ou sa réalité, est de plus en plus vivace ces derniers temps. C’est aussi un peu comme si tout était effectivement inscrit dans le temps du rêve et que dans celui-ci toutes les portes fermées dans ce monde ci pouvaient s’ouvrir.
C’est également à se demander qu’est-ce qui est le plus vrai ?
Est-ce que certains de ses souvenirs fabriqués dans le temps du rêve ne sont pas plus forts que la vie réelle.
Ou mieux, ne serait-il pas possible de poser son regard de rêveur sur la réalité et d’apprendre à changer tout ce qu’il est possible de modifier.
Il y a une clé dans des vibrations et des couleurs qu’on ne peut pas ressentir lorsqu’on a les yeux juste ouverts et la vie de tous les jours à se farder.
Il y a un moyen de traverser des frontières et de s’ouvrir à des champs du possible…
Bien sûr la réponse sera que ça a souvent été le lot de tous les artistes et de ce qu’ils donnent à ceux qui reçoivent leur œuvre.
Mais je parle de plus que ça. D’arriver vraiment à passer ou inviter l’autre à rentrer dans le temps du rêve alors qu’il est encore réveillé.
Un ami sûr, des autres qui refusent l’immobile comme moi, une femme prête à me cacher, un innocent que je peux protéger.
Houuu.
Je me dis que si à un certain niveau toutes ces histoires sont vécues par celui qui est mort, il est normal que certains n’aient plus peur et acceptent un autre passage dans lequel ils ont plus d’expériences à ressentir une fois qu’ils se sont nourris du monde réel.
Le sac et le ressac, tu arrives parfois sur la terre de la vie, tu emportes des grains de sable avec toi, tu déposes aussi de la connaissance et tu repars dans l’immortel océan pendant un temps, jusqu’à ce que tu reviennes dans le sable où que tu te fabriques ta propre île ou que tu deviennes parfois pluie.
Bon, c’est pas tout ça, on a des tas de trucs à faire aujourd’hui, alors zoup, tagada, debout…
Avant minuit…
15 heures 35...
On a loupé les dauphins à Tin Can Bay.
On a pas fait le tour pour visiter et goûter les produits aux gingembres dans l’usine de Yalinda.
On a pas vu les ornithorynques à Maleny.
On a pas vu un échidné vivant et sauvage en dépit d’un panneau de mise en garde. On en a vu un mort par contre.
On a pas été déçu de notre cabine dans le campement ce soir, bien mieux qu’un motel.
On a bien aimé balader à Maleny.
On a bien aimé jouer les touristes à Yalinda, ville située dans un royaume où l’on produit du gingembre et de la noix de macadamia.
Beaucoup de noix de macadamia. J’ai goûté je crois tous les parfums auxquels ils pouvaient faire ces noix. J’ai fini par vraiment, vraiment jouer au touriste de base qui achète des conneries : petites peluches, petites pancartes, caramel, pâte de noix, noix, gingembre confit, gingembre en purée.
On a bien aimé les scones aux gingembre avec sour cream et confiture de gingembre.
On a bien aimé les gâteaux de la pâtisserie de Rainbow Beach.
On a bien aimé le paysage sis au nord de Brisbane. La civilisation, le pastoral et quelques coins sauvages qui apprennent à bien se mélanger.
Je n’ai pas aimé qui j’étais aujourd’hui.
Mais c’est tout le rôle d’un processus initiatique, arriver à se dégoûter pour devenir un autre.
Demain, après minuit - heure locale, c’est le dernier jour où nous aurons la voiture. Le dernier. Quel parfum pour le reste du séjour, hein ?
J’ai remarqué un téléphone dans le campement, je me dis que je peux essayer de passer un coup de téléphone aux parents d’Eric.
On est sans doute, de toutes les manières, dans la partie la plus triste du voyage, la fin. Mais ce n’est pas une raison pour se gâcher la vie.
Demain sera un bon jour. Sur tous les plans.
22 heures 20, le 6...
Il y a deux scènes dont je me souviens particulièrement…
Jeune, plutôt riche, avec le pouvoir, en moto, la nuit, malgré la peur que cela pourrait inspirer à certains. Une femme avec moi, toujours en moto, enfin, elle est de temps en temps là. Lorsque nous contrevenons à la loi par le simple fait de notre présence ou de rouler là où il ne faut pas, elle utilise une seringue pour endormir les gens. On endort pas n’importe qui comme ça, sans réfléchir. J’ai eu beau le faire avec un flic (ou du moins le personnage principal du rêve), sa décision de le faire avec une femme rencontrée dans une sorte de parking me fait abandonner cette femme et continuer seul.
Le problème, c’est que je suis maintenant recherché. Heureusement que je peux effacer mes traces, voire un peu changer la mémoire des gens. Mais c’est du maquis, dans une sorte de nuit perpétuelle dont je parle.
Il y a aussi cette étrange domaine, un peu perdu dans une sorte de mangrove, c’est difficile d’y accéder. Une sorte de « Tour Adventure ». Dans le rêve, c’est Eric qui semble m’y amener. Ce qu’il y a de bizarre dedans cette sorte de ville dans la forêt, c’est de « connecter » les chemins, de se déplacer à travers, de trouver d’autres villages et de savoir aussi trouver comment en sortir.
Le temps n’est plus celui de la nuit noire.
Je vois une grosse réunion d’un tas de personnes dans une sorte de maison où je n’apparais qu’en tant que fils du propriétaire. Celui qui a refait le grenier doit partir, c’est celui qui me plait le plus dans cette assemblée. Une personne avec laquelle j’aimerais garder le contact. Il est question au cours de la conversation du temps, de l’endroit où il faudrait vivre.
Je sais que le lendemain je repartirai à l’école, de jour, dans une sorte de voiture automatique. Ma sœur ou une femme est derrière moi, sur la banquette arrière. Ca ne me gêne pas d’être nu devant alors que le jour se lève. Ca ne me gêne pas de me toucher le sexe.
Ouais, comme si je m’en branlais du jour et du devoir d’aller « étudier ».
J’ai rencontré celui qui fixe les toits, je ne sais pas si j’y ai acquis là la vocation, mais c’est le signe pour partir. J’aurais toujours un contact pour avoir mon toit fixé.
L’endroit où je suis le mieux sera certainement dans la forêt, à comprendre que je peux marcher ou me connecter à des rues ou des endroits qui étaient annoncés comme impraticables autrement qu’en 4X4. Hé. Je suis à pied et j’y arrive.
Bon, 6 heures 36, heure locale…
Les oiseaux doivent faire moins de bruit dehors.
Sur la route à côté, des véhicules passent déjà quasiment toutes les 30 secondes.
Se lever. Découvrir qu’on a une moto pour avancer sur le chemin et qu’on a pas peur des gens. Parce que ceux qui pourraient nous emmerder, il suffit de les « endormir ».
Koalas
14 heures 43, le 7...
La voiture est rendue…
Ma femme a conduit une heure et demi ce matin en grosse agglomération alors qu’elle n’a pas le permis depuis très longtemps.
J’ai appelé les parents d’Eric, mais ça se goupille mal pour les rencontrer si on veut avoir la chance de découvrir Brisbane.
En effet, nous n’avons pas fait grand-chose sur Brisbane pour l’instant. Juste rouler un peu dans l’agglomération, longer la rivière au retour du « Lone Pine Koala Sanctuary » et passer beaucoup de temps là-bas, au milieu des koalas et des kangourous.
Une bonne occasion aussi de voir plusieurs oiseaux. Pas d’échidnés malheureusement, mais trois wombats (et là, je dois avouer que je suis bien content. C’est moins moignon qu’un koala, mais ça me fait bien marrer).
Je ne compte pas le nombre d’heures qu’on aurait pu passer à juste regarder les koalas ou les kangourous. Surtout les koalas. Le zoo de Beauval en a 3. Là, il y en avait 130. Ouais. 130. La plus grosse réserve au monde de koalas. L’assurance de voir toujours certains d’entre eux vifs et alertes. La possibilité de voir des bébés, voire même des bébés dans les poches de leur mère.
Il existe une grosse forme de volontariat, ici, en Australie, et je peux assurer que nombre de personnes enviaient rien que les volontaires qui donnent de leur temps pour cet endroit.
Une sorte de job idéal quand on est amoureux des koalas.
Et très difficile de ne pas tomber amoureux quand on en voit autant. Parce qu’ils sont très marrants à regarder.
Là, je crois de toutes les manières que les mots me manquent pour décrire ce que ça fait de voir les marsupiaux. Il y a quelque chose de vraiment étrange à imaginer ce rapport avec l’enfant dans la poche.
Et si nous nous étions tous développés en tant que marsupiaux, hein ? Et si nous avions tous une poche ? Si l’évolution avait pris un chemin tout différent ?
Je revois le déjeuner dans l’aire de pique-nique devant le Lone Pine et au-dessus de la Brisbane River, les chinois à la table d’à côté qui ont fait cuire des trucs mais ne les ont pas mangé, une boutique de comics sur le chemin dans laquelle je vais avoir du mal à aller à pied, la décision de ne pas sortir ce soir pour rester sur les images de koalas, la séance photo du soir et pour une fois vidéo (et il y en a beaucoup à voir).
Deux millions d’habitants à Brisbane. La moitié en gros de l’Etat du Queensland et un parfum de Seattle et de Vancouver mais avec un climat bien meilleur. Et des koalas. Et des tas de tours à faire dans la nature.
Je maintiens, persiste et signe. La culture et l‘histoire, c’est cool. Mais quand on la compare à la beauté des paysages ou de la nature. C’est directement moins évident.
Et puis les australiens viennent du vieux continent après tout. Leurs ancêtres ont eu l’histoire. Et ils se sont faits également une joie de garder un patrimoine très fertile de leur jeune histoire (on passera sur la massacre des aborigènes et la déforestation - les erreurs du vieux continent au départ, même si la politique des années 50 et 60 fut horrible ici bas).
Bref, je sais aussi qu’il n’en faudrait pas beaucoup à ma femme pour préférer prendre le bus demain et retourner à Lone Pine. Mais non. On va découvrir quand même cette ville. Pour voir, si elle nous donne le même coup de cœur que Vancouver.
A demain.
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