Il y a le La page du jour...
Il y a le blog du fils...
Et sans doute l'écrit du jour.
-Tu veux lui écrire une histoire ?
-
Non, elle n'a pas besoin d'histoire.
- Écris-lui une
histoire...
- Non, je te dis, elle a déjà une histoire...
-
Moi, je serais toi, je deviendrais son histoire.
- Moi, je serais
toi, je respecterais son histoire.
- Oui, mais ce n'est pas avec
toi, cette histoire.
- Ah... et t'arrêtes de m'embêter si je lui
écris une histoire ?
- Qu'est-ce que je t'ai demandé au
début de cette histoire ?
Elle se leva, respira, ne
sentit rien dans sa poitrine, ni son cœur. Elle avait la main
froide, glacée. Elle regarda sa main, sa main qui avait laissé une
empreinte de givre sur son cœur. Sa main qui maintenant s'effaçait,
devenait translucide, presque diaphane...
- Veux-tu que je te
prenne la main ? Fit la voix. Une voix. Venue de nulle part.
-
Qui es-tu ? Dit-elle en regardant l'empreinte de givre sur son
cœur se transformer en minuscules petites phalènes de lumière.
-
Tu ne me reconnais pas ? Fit la voix. La voix. Qui ne venait
plus de nulle part.
- J'ai dormi si longtemps... Soupira-t-elle en
agitant sa main diaphane pour dessiner un paysage dans le nuage de
phalènes...
- Je suis ton autre main. Fit la main. Sa main. Qui
était chaude comme la caresse d'un amant.
- Que veux-tu ?
Demanda-t-elle en plongeant dans le paysage qu'elle avait
dessiné...
- Je veux qu'on se rejoigne. Prends-moi dans l'autre
main. Fit le bras. Son bras. Qui devenait aussi chaud que sa
main.
Elle s'arrêta, respira, sentit quelque chose naître dans
sa poitrine... Elle n'eut pas à répondre, la main diaphane
lentement, traversant une forêt et un océan de phalènes se
rapprochait déjà de la main de braise.
Le chaud et le froid, le
vide et la matière, le cœur, enfin, qui bat.
Elle sourit,
entière, et vit qu'elle était de la même lumière que le paysage
qu'elle avait dessiné, une lumière chaude, douce qui vibrait à
chaque pulsation de son cœur.
Puis, elle fit un pas, puis un
autre pas et la forêt, et l'océan, eux aussi firent un pas, puis un
autre pas...
- Où allons-nous ? Firent les voix, sa voix,
ses voix et celles de toutes les phalènes...
- Là-bas...
Répondit son cœur qui bat.
- Où est là-bas ? Firent les
voix.
- Partout, partout où va et vit la lumière. Souffla
doucement son cœur.
Elle sourit une nouvelle fois et s'engagea
dans la lumière. Là, ici, et aussi là-bas, partout...
La petite fille pleurait.
Le gros
monsieur approcha.
La petite fille regarda le gros monsieur, les
gros messieurs qui s'approchent des petites filles, on ne sait
jamais, parfois... enfin, vous savez... mais il n'y avait absolument
rien de « enfin, vous savez... » dans l'air et l'âme de
ce gros monsieur là.
Le gros monsieur se pencha et fixa la petite
fille, puis lui tendit la main.
La petite fille demanda :
-
Vous n'allez pas me demander pourquoi je pleure ?
-
Pourquoi ? Tu ne pleures déjà plus. Fit le gros monsieur en
prenant la main de la petite fille.
Elle regarda sa main
disparaître dans celle du gros monsieur et sourit.
- Papa ?
C'est toi ? Quand est-ce que tu es arrivé ici papa ?
-
Bien avant toi, bien avant toi, mon cœur. Mais est-ce que le temps
compte vraiment ici ?
- Je suis désolé d'être déjà là,
papa.
- Je suis désolé d'être parti quand tu étais si petite,
ma chérie.
Le gros monsieur fit un pas. La petite fille
aussi.
Loin, là-bas, il y avait un nuage de phalènes de lumière.
Une lumière chaude, douce, vibrante, qui semblait les appeler tous
les deux.
- Papa ? Est-ce que crois qu'il y a une autre vie,
là-bas ?
- Je ne sais pas, allons voir, mon bébé...
-
Papa, est-ce que crois que c'est maman là-bas ? J'ai vu
plusieurs fois des lumières, tu sais pendant que je pleurais, mais
jamais je n'ai osé...
- Je ne sais pas, ma luciole, mais
maintenant que nous sommes ensemble...
- Je t'aime papa...
- Je
t'aime aussi, mon amour...
Et la lumière les entendit et la
lumière se fit encore plus chaude, douce et enveloppante en
clignotant : je vous aime aussi, mes chéris...
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