Jour
14
Franchement,
force est d'avouer que c'est notre meilleure location du séjour (et
donc la plus chère pour le coup) et qu'il aurait sans doute fallu
profiter une semaine de l'endroit pour pouvoir faire vraiment pas mal
de choses dans le coin.
J'ai
été émerveillé par le fait de découvrir trois lectures
intéressantes au hasard dans la petite bibliothèque : un
bouquin de faits notables (du genre que fut la guerre de la taxe des
chiens, qui fut l'Oncle Sam, que signifient plusieurs expressions
notables et autres miscellanées... le seul ouvrage que j'ai
d'ailleurs amené est un ouvrage de divers petits faits du genre,
fait pour asseoir des conversations au cours de soirées), un livre
très sympathique rempli d'illustrations tirées du Telegraph de Gary
Larson (the Far Side Gallery) et « Life : an exploded
Diagram » d'un auteur pour adolescents nommé Mal Peet décédé
voici trois ou quatre ans et qui ne devait pas que avoir la plume
pour adolescents. Et puis la plume... Je n'aime pas la plume
compliquée, je ne pense pas qu'il faille des tonnes et des tonnes de
fioritures pour écrire une histoire (exception faite des textes de
théâtre faits pour être déclamés, et là, une belle plume peut
être intéressante, oui, pour le coup). Je ne suis pas fan d'absurde
également ou de délires sous acide.
J'ai
commandé l'ouvrage de Mal Peet (absolument pas disponible en
français, mais ça ne me fera pas de mal de lire un autre roman en
anglais, en plus de ceux que je dois relire de mon auteur fétiche).
Je
me préserve le fait de chercher si l'ouvrage de petits faits divers
a un équivalent en français ou plutôt de chercher sur internet
l'origine de certaines choses au gré de l'expérience de la
sérendipité.
Pourquoi
je parle de ça ?
Parce
que voilà, après deux semaines à conduire et bouger, j'ai besoin
de me poser un peu, ne serait-ce qu'une journée, et que ces bouquins
se sont naturellement présentés comme des opportunités, même si
je sais que je ne pourrai pas en profiter ce soir parce que le soir,
eh ben mes yeux, ils ne répondent plus les congs ;)
Or
donc, esprit de l'aventure, non nous n'avons pas fait des marches de
tas de kilomètres, le visage battu par le vent et les embruns... On
a fait plus sobre. Le matin, un arrêt bien tôt à Solva pour
découvrir le village du bas en fin de balade et le bord des falaises
et un bon début d'une balade de 9 kilomètres (aller). Ce fut assez
plaisant de retrouver un parfum de Bretagne ou d'Ouessant et, en même
temps, un peu bizarre. Je ne suis pas retourné à Ouessant depuis
que la maison est vendue, je ne saurais quoi y faire pendant une
seule journée, à part aller sur la tombe familiale ou dans mon coin
préféré de l'île. Peut-être que c'est une expérience qu'il
faudrait que je fasse avec ma sœur. Je lui en parlerai. Mais bref,
esprit de l'aventure, je ne vais pas étaler certaines cicatrices ou
plaies qui pourraient se réveiller si j'approfondissais le fond de
ma relation avec mon père et ce qui s'est passé après qu'il soit
mort. Dans les séries télé, les personnages principaux sont
souvent capables d'analyses très pointues du caractère des autres
personnages, force est de constater que c'est déjà difficile de le
faire avec soi-même, je préfère donc t'éviter ça. J'ai découvert
des choses sur moi, c'est tout. Et certains regrets ou manques
n'auront d'autres manières d'être compensés que par l'art, voilà
tout.
La
balade de Solva nous a permis de goûter une ou deux mûres et de
nous dire que d'ici un mois, ça serait la fête à la confiture...
Ma femme va garder un souvenir impérial de la plus grosses libellule
aperçue de sa vie et moi, sans doute, des vaches en bord de falaise
qui nous regardaient passer à un mètre ou deux.
Nous
avons esquivé le fait de payer le parking privé, étant arrivés
très tôt, et nous avons filé ensuite à St David pour voir sa
cathédrale (le monument le plus visité du pays de Galles). Nous
avons commis le léger impair de rentrer pendant la messe, mais au
final, ce fut une expérience pour moi exceptionnelle d'entendre les
cœurs et les solistes résonner dans les murs magnifiques du lieu de
culte. Une petite exploration d'un bout du centre-ville, quelques
achats chez le boucher local pour prendre un truc ou deux (dont un
traditionnel chausson gallois farci aux légumes et à la viande,
ainsi que des scotch eggs) et constater que la forme de leur boudin
ici ressemblait au nôtre en France et nous avons décidé de goûter
une demi-pinte de la bière locale dans l'auberge la plus courue de
l'endroit (avec vue sur la cathédrale). Bonne bière, ma foi, et
gros regrets qu'on serve tant de merdes en France dans les bars
classiques. Si seulement les gens avaient idée de consommer mieux...
Mais passons... Retour à la location pour manger le midi (enfin à
quatorze heures passées) et se reposer un peu avant d'attaquer une
des pointes de l'endroit : St Anne's Head, lieu de formation des
officiers radar pendant la guerre et maintenant station radar encore
je suppose. Beaucoup de marche sur la route pour arriver à
l'endroit, tour du bord de falaise, absolument pas touristique ou
familial. Plus destiné à quelques curieux marcheurs échoués là
par hasard. Vu qu'il y avait facilement un quart d'heure de marche
sur le bitume pour arriver à St Anne, on a vraiment pris le temps de
faire le tour et de mitrailler le paysage, même l'étrange station
pétrochimique au loin qui ruine le paysage des falaises, sauf si tu
le vois dans la brume comme une cité futuriste issue d'un roman ou
d'une série de science-fiction. Ma femme a trouvé le plus beau
trèfle à quatre feuilles du séjour pendant que j'en trouvais
certainement dans un autre endroit et me l'a offert, celui-là devra
donc rester dans mon portefeuille.
Je
serais bien passé à nouveau à la « free-house » d'hier
soir pour goûter un autre cidre, mais ma femme voulait profiter de
l'endroit... Elle me demande, pile, de regarder dehors, un petit
oiseau se régale de quelques miettes laissées dehors, c'est le
paradis des piafs, ici, de toutes les manières (et certainement des
lapins, vu que j'en ai aperçu un à St Anne).
St
Anne, j'ai pensé à St-Anne la Palud, non loin d'où habite ma mère.
Hmm. C'est qu'il faudrait que je fasse un tour par là-bas dis-donc,
aussi, s'ils n'ont pas l'occasion de venir nous voir cette année.
Un
parfum de départ, disais-je donc, en ouvrant une « Old Crafty
Hen, oak aged vintage », une bière de la brasserie Morland
dans le Suffolk, qu'on peut nettement recommander pour les parfums de
raisins sec, de caramel et son malt caramélisé (je ne doute pas
bien sûr que le oak ne provienne que de morceaux de bois qu'on a mis
à macéré dans la bière plutôt que de la bière qu'on aurait
laissé vieillir en fût, mais bon)...
Un
parfum de départ, parce qu'ensuite, c'est un peu le retour
finalement. Même si on a encore beaucoup de choses à faire (vu
qu'on fait en une semaine de vacances bien plus qu'en une année bien
souvent), il y a quelque chose, en quittant ce qu'on sait être la
meilleure location du séjour, de... comment dire ? D'au-revoir,
c'était bien, si on peut, on reviendra.
L'avantage
du coin par rapport à l’Écosse, c'est que les températures sont
facilement quatre à cinq degrés supérieures, moins besoin de se
couvrir.
Mais
je peux d'ors et déjà affirmer que je préfère l’Écosse (même
si c'est plus froid, avec un temps plus pourri, avec des midges, avec
des prix beaucoup plus chers, avec beaucoup moins de châteaux
qu'ici)... Parce qu'en Écosse, tu peux oublier un peu la
civilisation et t'as plus d'occasion de balader dans les bois. Dans
l'absolu, je pense que je tomberais donc littéralement amoureux de
la Nouvelle-Zélande ou des endroits de la Nouvelle-Calédonie que je
n'ai jamais faits pour avoir l'équivalent de l’Écosse, mais en un
peu plus chaud.
Trois
images de la journée mon cochon ?
Le
chœur dans la cathédrale de St David, un moment un peu magique tout
de même qui me conforte dans mon prochain sujet d'écriture :
Dieu (mais pas le chrétien, hein).
Le
voile de nuage sur l'horizon à la pointe de St Anne qui me fait
penser au plus beau coucher de soleil de ma vie sur fond d'après
tempête sur une plage californienne...
Traverser
au milieu des vaches ce matin ou des bœufs cette après-midi. J'y
peux rien, ça me fait marrer ce genre de conneries.
Bise,
ma couille. Je sais que ça sera difficile d'entretenir notre flamme
quand je serai un peu moins en aventure, mais je compte sur toi pour
l'aventure intérieur, voire même pour m'aider dans cette idée de
texte que j'ai à propos du quatrième prophète et d'un Dieu
vaguement cynique et désabusé, un brin goguenard et assez moqueur,
finalement, tout en restant incroyablement plus juste et sensé dans
son discours que ce que disent tous les livres le concernant.
Hu...
Oui, je sais, c'est un gros projet.
Mais
je ne doute pas que septembre sera un mois qui portera ses fruits
pour ce faire...
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