Jour
13
Hou...
Mon rêve était étrange et décrivait les errances d'une sorte de
type certainement scientifique pris dans une intrigue
fantastico-policière dans une sorte d'hôtel danois ou scandinave.
Il y avait des règlements de compte en pagaille et mon vieux, il en
arrivait même à éliminer certaines personnes sans doute impliquées
dans un énorme complot mafieux avant qu'à la fin on ne se rende
compte que de manière un peu facile tout était un film et que
l'histoire racontait finalement le délire de ce scientifique
alcoolo.
Je
me souviens même de mes commentaires sur la taille du sexe de ce
scientifique quelques semaines après les événements qui apparaît
à poil dans une scène où tous les personnages de l'intrigue sont
dans leur peau de comédiens et mélangés différemment.
On
se demande toujours comment les autres gens rêvent. Les personnages
d'un rêve sont généralement des bouts arrangés de notre psyché,
mais moi, le plus souvent, je ne suis que spectateur, je suis
rarement acteur du rêve, je plonge parfois un peu dans les émotions
d'un des personnages mais il est rare que je n'en sois qu'un. Un peu
comme le principe sans doute des films du futur où, lorsqu'on pourra
enregistrer les émotions des acteurs, on pourra choisir de vivre un
film en points de vue multiples, en plongeant de l'un à l'autre des
personnages.
Le
plus fort dans un rêve, je trouve, c'est même le registre des
émotions qui sont, pour mon compte, les plus vraies ou disons pures
qu'on puisse ressentir. Il n'y a aucune interprétation des émotions
d'un autre, il n'y a que les multiples émois du soi avec lui-même
et peut-être, parfois, avec la Source pour ceux qui y croient, le
fameux inconscient collectif, la zone étrange de partage et de
perception dégagée des frontières de la veille qui peut expliquer
certains rêves prémonitoires où le fil linéaire du temps tel que
nous le percevons n'a pas forcément cours.
C'est
certainement ce que je trouve de plus con dans le statut d'être
humain, celui de ne pas pouvoir tirer plus de substances de tous ces
rêves.
Bien
sûr, certains diront qu'il ne s'agit que du cerveau qui classe,
stocke, trie et élimine ou emboîte certaines données de la
journée. Mais je n'ai pas cette sensation quand je rêve et
l'important c'est ce qui définit ta perception de la réalité, pas
forcément la réalité elle-même.
Je ne sais pas si tout n'est qu'illusion, mais si c'était le cas, l'illusion la plus proche du réel que nous sommes, ou de l'illusion de réel, serait quand même nos rêves.
Je ne sais pas si tout n'est qu'illusion, mais si c'était le cas, l'illusion la plus proche du réel que nous sommes, ou de l'illusion de réel, serait quand même nos rêves.
Bon.
Sinon
je ne retrouve pas mon manteau.
Avec
mon portefeuille dedans et sans doute l'équivalent de 200 euros et
deux cartes bleues.
Normalement les gens du Nord sont honnêtes.
Normalement les gens du Nord sont honnêtes.
Mais
le camping étant occupé à 75 % de français, c'est un peu moins
sûr.
Nous devons attendre neuf heures, voir si la réception s'ouvre, sinon, j'espère que je ne vais pas gâcher la journée de mes deux camarades d'aventure.
Quand je disais que le rêve était moins compliqué que la vie...
Nous devons attendre neuf heures, voir si la réception s'ouvre, sinon, j'espère que je ne vais pas gâcher la journée de mes deux camarades d'aventure.
Quand je disais que le rêve était moins compliqué que la vie...
75
% de français au moins, jour 13.
75
% de français et c'est la merde.
Les
toilettes et les chiottes sont immondes, la cuisine est dégueulasse
et je me fais piquer mon portefeuille avec 200 euros dedans, deux
cartes de crédit et tout le bazar.
Sans
compter l'attente très longue de l'accueil parce que le gars de
l'accueil s'est bourré la gueule la veille avec certaines personnes
du campement.
Je
n'ai pas été vigilant.
Un
oubli de ma veste et des rats français ont sauté dessus.
Français. A 100 %. Je suis définitivement devenu misanthrope avec les pays du Sud : il n'y a pas le sens de l'accueil, de la réception et de l'honnêteté caractéristiques des pays du Nord (évidemment que c'est lié au froid et au fait que le voyageur crevait si tu lui disais merde). Mais quand même.
Français. A 100 %. Je suis définitivement devenu misanthrope avec les pays du Sud : il n'y a pas le sens de l'accueil, de la réception et de l'honnêteté caractéristiques des pays du Nord (évidemment que c'est lié au froid et au fait que le voyageur crevait si tu lui disais merde). Mais quand même.
Remarque,
les points positifs dans cette histoire de merde...
Un
putain, bien que lent, de bon flic auprès de qui je fais ma
déposition. Il s'est bien foutu de ma gueule, mais gentiment, avec
l'humour islandais auquel je suis réceptif puisque que je pratique
l'autodérision.
Une visite de l'ambassade française de Reykjavik avec un employé qui avait demandé sa nomination et qui a eu du mal à supporter l'hiver mais qui a pris un peu de la couleur locale au niveau de l'humour et de la placidité.
Une visite de l'ambassade française de Reykjavik avec un employé qui avait demandé sa nomination et qui a eu du mal à supporter l'hiver mais qui a pris un peu de la couleur locale au niveau de l'humour et de la placidité.
Une
excellente happy hour dans un pub appelé « The Lebowski Bar »
en hommage au film. L'happy hour, c'est traître. Mais j'avais bien
besoin de ça.
Un non pétage de plomb étonnant en dépit de la longue attente le matin, de la matinée totalement gâché et du fait qu'on ait quasiment rien fait à cause de moi. Je n'ai pas ressenti cette sensation de viol que j'avais déjà eue en étant cambriolé ou en me faisant niquer une autre carte bleue.
Un non pétage de plomb étonnant en dépit de la longue attente le matin, de la matinée totalement gâché et du fait qu'on ait quasiment rien fait à cause de moi. Je n'ai pas ressenti cette sensation de viol que j'avais déjà eue en étant cambriolé ou en me faisant niquer une autre carte bleue.
Comment
dire ?
Oui,
j'ai perdu 200 euros.
Oui,
ça a été galère.
Mais
bon.
Avec
l'aide des parents de ma femme, on s'en est sorti au niveau des
assurances (IM-POS-SI-BLE à appeler depuis l'étranger :
RI-DI-CU-LE).
Avec
l'aide de ma femme et d'Anne-Laure, empathique sur le coup, je n'ai
pas eu à m'en mordre les doigts, car c'est bien un vol, et rien
d'autre.
Si ce n'était le théâtre, ça scellerait mon envie définitive de me casser d'un pays où on ne respecte pas certaines valeurs que je considère essentielles.
Si ce n'était le théâtre, ça scellerait mon envie définitive de me casser d'un pays où on ne respecte pas certaines valeurs que je considère essentielles.
J'ai
retrouvé il y a quelques semaines un sac à main au supermarché, il
ne m'est pas venu une seule seconde à l'esprit de piquer la
thune.
Là, j'ai eu affaire à un de ces gros enculés qui font que je serais un misanthrope et un désabusé presque intégral si ce n'était que l'art ou l'empathie me sauvent.
Bref.
Là, j'ai eu affaire à un de ces gros enculés qui font que je serais un misanthrope et un désabusé presque intégral si ce n'était que l'art ou l'empathie me sauvent.
Bref.
J'ai
un regret, sur hier, avoir emporté une fois ma veste à la cuisine
crade et l'avoir oublié un peu.
J'ai une envie, en rédigeant ces lignes, coller une patate au voleur et je sais que je l'aurais fait si je l'avais pris la main dans le sac.
J'ai une envie, en rédigeant ces lignes, coller une patate au voleur et je sais que je l'aurais fait si je l'avais pris la main dans le sac.
J'ai
une certitude, une fois que j'aurai écrit ces lignes, je ne
ruminerai pas le vol.
Je
crois au destin, aux signes qui te disent : abandonne ta vieille
peau, mue.
J'ai
donc bien perdu tous les trèfles à quatre feuilles cueillis en
Irlande (sauf ceux que j'avais pris pour les autres).
J'ai
aussi perdu ma carte de rhésus sanguin que j'avais depuis ma
naissance et qui a traversé tous mes portefeuilles.
Les cartes, le permis, la carte vitale, les deux cent euros à la limite... (plus si on considère le rachat d'une nouvelle veste à un tarif relativement islandais).
Les cartes, le permis, la carte vitale, les deux cent euros à la limite... (plus si on considère le rachat d'une nouvelle veste à un tarif relativement islandais).
Qu'apprendre
de tout cela ?
Jeter
le passé. Repartir à zéro ou du moins sur les bases qui me font
envie depuis des mois.
Ça sera théâtre, écriture et puis voilà.
Ça sera théâtre, écriture et puis voilà.
Je
ne me raccroche à aucun écho.
Des
images de la journée ?
Oh bien sûr.
Oh bien sûr.
L'air
bonhomme du flic du village situé à 13 kilomètres d'Hella :
Hvolsvöllur.
La discussion avec l'employé de l'ambassade qui ne traite que peu les dossiers de vol, plus depuis trois semaines avec l'arrivée des touristes français, alors qu'à Rome c'était monnaie courante.
La discussion avec l'employé de l'ambassade qui ne traite que peu les dossiers de vol, plus depuis trois semaines avec l'arrivée des touristes français, alors qu'à Rome c'était monnaie courante.
L'excellente
ambiance au bar, détendu par la double bière de l'Happy hour.
La
tranquille sérénité qui se dégage de l'appartement où nous
résidons, la demeure d'une particulière qui loue son propre
appartement, avec son intimité en partie dévoilée. J'ai pu
feuilleter un livre de photos érotiques parlant des positions
sexuelles (en islandais, mais avec des photos) ou lire un conte
traditionnel (en anglais).
Ma
femme a définitivement envie de revenir.
Moi,
j'ai envie d'éviter les français comme la peste, du moins, les
cons, les râleurs, les grandes gueules, les sales ou les hypocrites.
Et il y en a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup en Islande (allez
savoir pourquoi). Il y en a aussi des très bien. C'est juste que sur
la moyenne, eh ben, on a des leçons graves à prendre du Nord, c'est
tout. Et pour éviter les français en vacances, faut bien
réfléchir : où vont-ils le moins en masse ?
Non
parce que, si je pars, c'est pour causer en anglais aussi. Mais quand
la moitié de ton séjour, t'as eu l'occasion de parler français, eh
ben, walla quoi. Ça fait pas dépaysement. Changer de langue est une
composante essentielle du voyage. Changer de mentalité aussi.
Mais je râle, et de fait, c'est comme toujours.
Mais je râle, et de fait, c'est comme toujours.
Un
voyage, c'est les pertes, les peines, les gains et les joies et ça
te construit en quelques jours bien plus rapidement que plusieurs
mois dans ton année si tu as su ouvrir les yeux (et dans mon cas les
ouvrir assez pour ne plus croire que les gens sont sympas – ou du
moins savoir que si un camping est quasiment uniquement occupé par
des français, c'est pas le pays où tu te trouves, mais la France
qui règne).
Allez.
Je
ne me prends pas la tête plus que ce chemin d'écriture.
Je
livre la page du jour, et c'est
marre:)
http://www.lapagedujour.net/aout2014/neufaout2014.htm
http://www.lapagedujour.net/aout2014/neufaout2014.htm
Et
la page du jour, faite une heure avant d'apprendre que je l'avais eu
dans l'os.
http://www.lapagedujour.net/aout2014/dixneufaout2014.htm
http://www.lapagedujour.net/aout2014/dixneufaout2014.htm
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