Cher esprit de l'aventure...
Oui,
non mais, tu vois, ce matin après la balade dans Poreč,
on est allés faire des courses dans un petit magasin et la vendeuse
nous a demandé : mais qu'est-ce qui se passe en France ?
Pourquoi tout cela arrive ?
Et
tu vois, ce matin, chez notre hôte Michaël, quand je lui ai demandé
s'il n'avait pas eu envie de faire un livre ou un blog sur la
corruption totale qu'il avait observée dans le cadre de sa mission
humanitaire, il m'a répondu, de un, se méfier de l'ego et de la
raison pour laquelle on fait les choses, de deux, il préfère
essayer d'être une bonne personne et de rayonner dans son quotidien,
il pense que l'effet boule de neige est ainsi plus probant.
Il
m'a beaucoup plus Michaël. On lui a même confié un secret que peu
de personnes connaissent. Et j'ai trouvé un parallèle entre sa
philosophie et la mienne. Il lui aura fallu un an et demi d'hôpital
après un très grave accident qui aurait dû le laisser sans l'usage
de ses jambes pour reconsidérer sa vie, tout comme il m'aura fallu
la claque de nombreux incidents de santé pour essayer de voir les
choses au plus clair.
Mon
seul job, c'est un peu de pas être un sale connard et tant qu'à
faire d'essayer de procurer des émotions par l'art ou la pensée et
de rayonner ainsi.
Je
ne dis pas que je ne me projette pas avec l'âme d'un prophète
disant aux gens : mais bordel, réveillez-vous.
Mais
avant d'être un mystique, je suis un artiste. Encore que... C'est
pour moi exactement la même nature.
Mais
je divague.
Là,
on est pas loin de Pula, dans le sud de l'Istrie, posé dehors dans
le jardin, par un temps nuageux et remarquablement frais d'à peine
dix-huit ou dix-neuf degrés...
Et
je regarde la journée.
La
fichue conversation matinale avec Michaël qui nous sert son café,
ses croissants et son propre beurre d'arachides, cajous, graines de
tournesol.
On
rencontre généralement assez peu de purs comme Michaël. Je me
plais à m'amuser à regarder notre conversation de ce matin entre un
Raphaël et un Michaël. Il m'a informé aussi de ce qui s'était
passé en Turquie. Mais enfin, avec le chef qu'ils ont à leur tête,
les mecs, sont pas aidés. Enfin pas aidés. C'est pas tellement plus
folichon chez nous (bien qu'on ne soit pas encore en démocrature)...
Mais
passons.
Si
je devais dire ce que je pense de la politique et de la corruption
chez nous, je pense qu'il faudrait seulement la volonté d'un homme
et d'une femme prêt à foutre en l'air les tenants et les acquis qui
perdurent depuis le début de la République. Une sixième
république, putain, débarrassée de la lourdeur de nombreux
appareils d'états et des privilèges insolents quand le peuple
commence à péter les plombs parce qu'il est de moins en moins en
mesure d'être heureux.
Il
nous manque un héros. Un vrai.
Une
personne avec une volonté de fer, un esprit de l'aventure, comme
toi...
Tu
ne voudrais pas souffler sur quelqu'un ? Non ?
Enfin...
On
verra. Mais je crains 2017, camarade, je crains.
Il
va falloir que ça pète et ça va péter.
Mais...
ah... allez j'arrête, des dioux, c'est pas sérieux de parler comme
ça.
Bref,
je causais de Poreč...
Une
jolie petite ville qui vaut surtout pour sa petite pointe avec de
nombreuses ruelles assez bien conservées à l'ancienne. Nous y
sommes allés pour la Basilique Sainte Euphémie. Et bon sang,
c'était à voir. J'ai adoré voir des vestiges de la chrétienté
qui dataient du quatrième ou cinquième siècle. Houps, je lève la
tête, une nuée d'oiseaux vient de passer à côté de moi, et j'ai
eu un peu peur de me faire chier dessus.
Mais
je reviens à Sainte Euphémie. Les trois choses qui m'ont le plus
marqué sont le sarcophage censé contenir les reliques de la sainte,
une mosaïque représentant un poisson et un magnifique papillon,
comme j'en avais vu, qui butinait dans un bouquet de lavandes.
J'ai
toujours pensé qu'entre être le berger, le mouton ou le loup, je
préférerais être le papillon.
Le
papillon avait quelque chose de gracieux, comme la légende de cette
sainte, comme le refuge pour chat aperçu un peu avant dans notre
balade.
J'ai
peine à répéter que j'ai une sensibilité presque égale à la
misère des chats que des humains. Un truc en moi qui date sans doute
de l'enfance, le traumatisme d'avoir vu tellement de chatons tués
par ma mère, je suppose.
Sauver
un chat, c'est un peu comme me sauver.
Mais
passons. Je recommande la visite de la basilique, donc.
Ensuite,
la visite fut un peu plus éclair à Rovinj parce qu'on avait pris le
temps la matinée, qu'on était pas partis forcément tôt, qu'on
avait pris le temps de faire un chouette pique-nique à l'ombre d'un
petit chêne.
Sur
Rovinj, oui, il faut voir aussi l'église ou la basilique qui domine
la pointe très peuplée de la ville, mais il faut aussi prendre le
temps de louvoyer dans toutes les petites rues qui ont des parfums de
Naples ou de Venise.
Je
suis assez content d'avoir pris le temps de me poser sur un pouf,
dehors, les pieds sur des marches d'escalier et d'avoir laissé le
temps s'écouler pendant une demi-heure, le temps d'une des bières
très locales d'une brasserie artisanale de Buje : la Slovo.
La
pagaille des oiseaux continue derrière moi et je me dis que c'est
l'heure d'une des trois binouzes que j'ai achetées ce matin, en
artisanal, après une petite heure dans la partie haute du frigo du
petit appartement où nous résidons.
Je
te laisse avec la page du jour
Elle
pourrait résumer, au figuré, tout le sens de ce message, de la vie
et de ce qu'il faudrait faire. Savoir regarder, accepter, profiter,
transcender.
Ne
plus juger ou se moquer de soi si on le fait trop.
Allez,
à demain, mon vieux...
Oh non.
Je résiste pas à l'envie de te montrer une photo qui pourrait faire mon profil FB tellement je suis couillon des fois (mais il faut rétablir les choses, c'est ma femme qui m'a fait remarquer le truc rigolo)...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire