vendredi 7 juin 2013

Trois textes...

Les deux premiers, ils seront pour une prochaine lecture...

En rouge et blanc
La petite fille a écarquillé grand les yeux et m'a regardé...
Moi, j'ai fait : Heuuu...
Le petit garçon a enlevé le doigt de son nez et m'a fixé...
Moi, j'ai fait : Heu...
Le père a laissé tomber son verre et m'a dévisagé...
Moi, j'ai fait : Eh...
La mère s'est accrochée à l'épaule de son père, presque effrayée..
Et moi, j'ai fait : Eh...
Le grand-père a baissé la tête vers ses habits, interloqué.
Et moi, j'ai fait : Aah...
La grand-mère a tiré son mari par la manche et crié :
Et mais, qu'est-ce que vous faites là ?
Et moi, j'ai dit : Je suis le père Noël, le vrai, c'est moi...
Qu'est-ce que j'y peux si vous êtes tombés sur moi ?
Et tous se sont regardés, avant que le père ne prenne son fusil.
Et me hurle de dégager, tout de suite, bon dieu, de chez lui...
Alors, évidemment, je suis reparti avec mes cadeaux.
Je suis que le père Noël, pas un invincible super héros.
Moi je vais vous dire, ça devient de moins en moins possible.
De vivre dans un foutu monde qui ne croit plus en l'invisible.

Déja demain
Hier c'était déjà demain
M'a dit un petit lutin.
Ta gueule, t'es bourré...
T'as un coup dans le nez !
Je lui ai d'suite répondu.
Turlututu chapeau pointu
Qu'il m'a fait en grimaçant.
C'est toi qu'es délirium trément.
Alors j'y ai bien pété la tête...
Et ch'uis reparti faire la fête...
Une fois arrivé à ma soirée...
Un autre lutin a déclamé :
Trop tard, c'est déjà la matinée.
J'ai vraiment le temps tout déréglé.
Me suis-je dit en fracassant l'importun.
Puis je m'suis couché car c'est déjà demain.

Le candidat
Ils m'ont regardé dans les yeux.
Ils m'ont vu me déshabiller, me mettre à nu.
Et vous savez quoi ? Ils ont rigolé.
Ils se sont moqués de moi, ils ont tendu leur doigt.
J'ai ravalé ma rage. J'ai contenu la colère qui voulait déborder.
Ils m'ont demandé :
- Mais qui êtes-vous ? Mais que croyez-vous obtenir de nous ?
- La même chance que tous ceux que vous prenez.
- Mais vous n'avez aucun physique, vous n'êtes même pas beau et vous êtes trop vieux.
J'ai ravalé ma rage. J'ai maîtrisé la colère qui voulait exploser.
- Et alors ? Vous n'avez pas entendu ce que j'ai à dire, vous n'avez pas découvert ce que j'ai à l'intérieur.
Ils ont pouffé, gloussé, ricané.
- Mais tout le monde se fout de ce qu'il y a à l'intérieur. On veut du chiffre. On veut des candidats qui soient jeunes, beaux, musclés et sans handicap. Vous êtes trop vieux, vous avez mal au dos, vous perdez des cheveux... Franchement, nous ne comprenons pas ce qui vous a poussé à venir ici. Vous deviez être au courant, non, que nous ne prenions que des jeunes gens beaux, musclés et sans handicap...
- Non.
- Si vous saviez. Et maintenant rhabillez-vous, et partez. Vous n'avez aucune chance de toutes les façons. Ce n'est pas la peine de vous faire miroiter l'espoir.
- Peut-être que ma chance sera que mon entrevue passe sur les réseaux sociaux quand vous ferez un best-off des candidats rejetés pour l'émission.
Ils m'ont regardé, un peu intrigués. Le ton de ma voix qui avait changé sans doute.
- Ça fait des années que je ravale ma rage, que je réprime ma colère qui veut tout casser.
- C'est une menace ? Vous nous menacez ? On peut appeler la sécurité.
- Non. Entendez juste ce que j'ai à vous dire. Mes trois minutes, les trois minutes auxquelles chaque candidat à le droit.
Certains d'entre-eux ont froncé les sourcils, l'un a même arrêté de rire bêtement.
- Je suis le fils du Créateur. Je suis l'enfant de l'univers. Je suis l'antenne de l'Invisible. Je suis celui qui est connecté à tous les autres enfants. Je suis comme vous, mais moi, j'ai trouvé le milieu. Le point d'équilibre. Et j'ai peur que ma rage n'explose plus, que ma colère ne devienne indicible et si c'est le cas... si c'est le cas, vous ne serez pas beaucoup à survivre. Cela fait des années déjà que les gens débordent en absorbant ma rage et ma colère et en font déborder d'autres en écho. Je voudrais parler de la paix. Je voudrais en parler parce que je lui donnerai corps. Je voudrais y rajouter l'amour. Paix et amour. Ce sont deux mots stupides, n'est-il pas, dans un monde de rage et de colère ? Mais c'est parce que le monde s'est trompé, le monde a pris ma rage et ma colère. J'ai peur de ne pouvoir plus rien y faire. J'ai peur de voir votre fin. En dépit de tout, je vous aime et je veux la paix, vous comprenez. Je voudrais que le plus de personnes possible entendent juste ce message : paix et amour. Ils sont en train d'être étouffés par la rage et la colère. Je ne veux plus habiter le purgatoire, je ne veux pas habiter l'enfer. Je ne veux pas habiter le Paradis non plus. Je veux juste habiter la Terre, une terre plus libre de la rage et de la colère... Comprenez-vous ?
Ils ont tous cessé de rire.
Ils se sont tous regardés.
Pas un seul n'a dit un mot. Pas un seul.
La caméra tournait encore. J'ai souri. J'ai pris une profonde inspiration en ramassant mes vêtements. Et je suis parti.
Je suis parti avec un peu moins de rage et de colère...

Ce qui est toujours une nécessité quand on est le fils de l'Univers.

La page du jour :

Et sinon, j'ai toujours mal au boulot.
Je me suis gouré et je suis allé une fois pour rien chez la kiné.
J'ai un chien crétin qui court partout au lac et qui couine quand il y a des chats.
Shiva est de retour mais qu'il est con, prêt à tarter tout le monde.
Je m'en vais aller regarder un film, tiens... 



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