5
heures 3 minutes et 57 secondes.
Et
le temps s'envole.
Et
un second corbeau se pose sur ma branche, ouvre les vannes de la
mémoire et regarde la journée écoulée...
Dernier
jour pendu, les vieilles peaux s'étiolent.
Miracle
de la technologie, la voiture, qui permet de se retrouver en moins de
24 heures ailleurs, encore ailleurs, chez soi, et au théâtre à des
lieux de distances.
Certitude
que je n'ai qu'un endroit pour écouter la musique : tout seul, à
fond, dans la voiture en roulant sur la route teintée ou non de la
tristesse du ciel.
5
heures du matin, je dormirai, ou pas. Je dormirai sans doute.
Mais
dans mes rêves, je tombe de l'arbre, je ramasse mon oeil, je masse
mon cou et je regarde le corbeau me rappeler ma journée.
Réveil
trop tôt. Arrivée en avance à la clinique. Je dois me garer hors
du parking bondé. Je bois un café, j'ai de l'avance mais le docteur
me convoque avant l'heure. Un type humain et sympa.
Je
m'étais dit que ça me coûterait 160 euros de le voir.
La
première visite était à 80. La deuxième qui est prévue fait la
somme.
Elle
est prévue pour quoi ?
Pour
comparer les IRM de décembre et celles que je ferai en Août. J'ai
cela dit un autre électromyogramme programmé ainsi qu'une IRM des
lombaires pour voir le pourquoi de la douleur à la jambe droite qui
ne devrait pas être consécutive à l'hernie.
En
gros, la chose est la suivante...
Mon
hernie est restée stable, et à moi de voir, de prendre le petit
risque d'un coup de bistouri foiré ou d'une infection pour retirer
l'hernie et la remplacer par une sorte de cage pour les vertèbres.
L'hernie
s'est un peu résorbée et on peut espérer que le temps fasse son
ouvrage.
Le
cas de l'hernie qui aurait grossie n'a pas été abordé.
Et
aucun traitement médicamenteux n'est adapté à mon état. Mais de
toutes les manières mon mental suit mon physique en la matière...
Les seuls trucs qui shootent que j'apprécie sont ceux qui ne le font
que légèrement.
Je
ne dis pas que je ne voudrais pas essayer les trucs permettant les
visions shamaniques une fois. Mais j'aime pas perdre mes moyens en
plus de ceux que j'ai déjà perdus.
La
glace est derrière moi, le soleil s'avance impérieux sous l’œil
attentif de la mémoire du corbeau.
Hu.
Est-ce
que je crois à tout ce que je dis ?
Dans
le royaume du fluide qui guide ces lignes en écriture automatique,
oui.
Il
y a quelque chose de vrai dans les symboles et les images de la
synchronicité que je n'ai pas cessé de percevoir ces derniers
jours.
Sinon,
j'ai vu le spectacle des jeudistes après m'être rendu utile en
faisant les courses du boire, allant chercher de la monnaie à la
banque et avoir aidé à faire la caisse.
J'avais
besoin de me sentir utile.
Pour
les choses que j'aime vraiment.
Mais
vraiment.
Je
ne suis plus capable de l'être au travail, pas tant que je ne saurai
pas à quoi m'en tenir.
Et
même.
Un
an et plus de douleur, c'est plus qu'un signe, c'est un panneau :
c'est pas ta voie.
D'autant
plus que je ne supporte pas de voir des gamins foutus en l'air par
leurs parents à cause d'une religion de merde qui fait croire à des
conneries, ou à cause d'un manque total d'éducation qui fait
regarder des conneries à la télé.
La
corruption de l'innocence, y assister impuissant, enfin plus ou moins
impuissant, parce qu'on apporte, faut pas croire, mais seulement
quand ils sont petits.
Le
corbeau peut me dire si je devrais me faire opérer.
Le
corbeau me dit que oui, sans doute un jour, même si j'ai envie que
non et surtout même si c'est pas tout de suite.
En
attendant, à quoi sert la chaise prescrite par le docteur pour que
je puisse être bien assis au travail ?
A
quoi sert d'aller pour rien au travail s'il n'y en a pas ?
Le
corbeau se moque de moi.
A
rien, bien sûr.
Écris,
rêve, vis.
Alors
j'écris.
Le
spectacle que j'ai vu ce soir, j'ai bien aimé.
Mais
pour une fois (sauf en ce qui concerne les dix petits nègres), au
niveau de la pièce elle-même, vu que je connais le film dont est
tiré le spectacle des vendredistes et que j'ai vu le spectacle des
jeudistes... pour une fois, donc, c'est notre spectacle que je
préfère pour l'envie de le jouer. Pour les textes même, il y a
quand même de beaux morceaux dans les deux autres spectacles mais
mon côté humour noir ou amateur de sarcasmes, en plus du thème s'y
prêtant, me fait aussi préférer l'ambiance de notre spectacle.
Une
fantaisie picaresque, un film de genre sur des gangsters loosers ou
une critique sarcastique qui a des registres du tragique et du
comique, j'ai plus envie de jouer le dernier.
De
voir, je ne sais pas.
Je
ne sais vraiment pas. Mais jamais un rôle ne m'aura autant habité,
vu que de toutes les manières c'est celui d'un écrivain.
Le
corbeau est content.
Rêve,
vis, écris...
Un
beau spectacle en bref ce soir, avec beaucoup d'énergie exigée des
comédiens...
Il
ne reste plus qu'à croiser les doigts pour qu'on soit à l'aune des
jeudistes.
Le
corbeau sourit.
Oui,
bien sûr.
La
page du jour, au fait :
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