Je suis Parfione Rogojine.
Je suis un héritier, avec toute la
fortune qu'a laissé mon père à ma disposition.
J'étais un bon à rien, noceur,
fêtard, buveur.
Puis j'ai rencontré cette fille,
Nastassia. Elle est la fille qu'un homme comme moi devrait avoir pour
maîtresse d'une seule nuit. Elle est fille entretenue et d'aucuns...
diraient... câtin.
Mais je ne sais pas. Une femme ne se
résume pas à comment les autres la voient. Elle est au-dessus de la
mêlée, elle est forte, elle est libre, elle n'a pas de chaînes.
En l'aimant, je suis redevenu humain.
En la sauvant, c'est moi que je sauve.
Le drame, c'est qu'elle aime l'autre
partie de moi. Celui qu'il aurait tant fallu que je sois (à défaut
d'aimer être).
Elle aime le Prince.
Mais elle ne veut pas le faire
souffrir. Elle ne s'estime pas assez bien pour lui.
J'aime aussi le Prince. Je ne peux pas
faire autrement. Nastassia l'aime. A travers l'amour de Nastassia
pour lui, je connais le sentiment de l'amour que j'attends d'une
femme.
Je deviens humain.
J'ai plusieurs fois eu envie de la
tuer, de le tuer, pour revenir à une vie plus simple, de noceur et
de bamboche.
Mais qui serai-je enfin ?
Je me demande, au final, si je n'aime
pas plus le Prince que je n'aime Nastassia. Avec Nastassia, j'aime
l'impossible. Avec le Prince, j'aime la pureté et surtout je m'aime
moi. Peut-être que l'idéal eut été que nous soyons tous les
trois ensemble, que nous partagions Nastassia.
Mais il n'y a pas d'idéal.
Il n'y a que le tourment.
Nous sommes le manche, la lame et la
main qui tient le couteau à nous trois.
Je ne sais même pas si le Prince aime
Nastassia comme moi j'aime cette femme. Je crois qu'il est capable
plus de compassion que d'amour et qu'il confond les deux sentiments.
L'amour est destructeur, le Prince est trop pur pour être détruit
par de tels transports de l'âme.
Je suis l'ombre et le prince est la
lumière. Mais dans mon ombre, je découvre la lumière alors que le
prince, lui, découvrira sa part d'ombre : il deviendra aussi
fou que moi.
J'en ferai bien le début d'un essai, Rogojine dans une cellule, confronté à des fantômes.
La page du jour, sinon :
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