mardi 31 août 2010

29 et 30

Glencoe, Kinlochleven et Laphroaig
21 heures 17, le 29 août...

Le pub du camping, une bonne ambiance. Un couple d'anglais qui répare des parapentes vient de me renseigner sur un choix intermédiaire pour boire un whisky fumé avec un goût fumé : le Laphroaig.
J'ai encore lamentablement fait chou blanc sur mes trèfles, my god, ce matin, sur un réseau de chemins appelés Forest Walk. Par contre, j'ai été amené à une pierre appelée Signal Rock sur un petit moment de magie où je déconnais à propos des fées.
Ma longueur sur le chemin a bien entendu encore un peu fait paniquer ma femme.
Le midi, on s'est fait avoir sur le petit chemin à côté du visitor center, nous n'avons jamais trouvé les ruines qui devaient nous attendre au bout.
L'après-midi, nous avons fait un petit chemin au-dessus de Kinlochleven qui s'avérait bougrement prometteur à continuer sous un soleil de plomb, mais qu'est-ce que vous voulez... Le temps, la condition physique de ma femme pas forcément apte aux longs efforts en collines, ainsi que sans doute la peur que le climat ne change.
Nous avons préféré échouer au pub du camping. Deux pintes pour ma femme, une pour moi ainsi qu'un café gaélique et un Laphroaig gentiment conseillé par les anglais.
Demain, c'est Glasgow.
Je demande à ma femme ses impressions de la journée.
Je l'ai réveillé trop tôt, il lui manquait trois heures de sommeil, du coup, elle a paniqué ce matin quand elle ne me trouvait pas sur le « forest walk » où j'ai glandé sévère un moment dans ma chasse aux trèfles.
Elle a même eu le temps de s'endormir sur le chemin en m'attendant.
Elle a aussi proposé sur nous dînions dehors plutôt que dans le pub. Les midges étaient atrocement au rendez-vous, c'est la raison pour laquelle nous nous sommes réfugiés à nouveau au pub pour certains des breuvages cités plus haut et un apple crumble plutôt pas mal.
Au visitor center de Glencoe, où je me suis fait encore bien baiser comme un touriste (achat de conneries bien variées, dont une bague qui change de couleur selon les soi-disant émotions), nous avons eu l'occasion de voir une exposition photo dont une partie se retrouvera certainement à l'exposition de photos de nature qu'il y a tous les ans au muséum d'histoire naturelle de Bourges.
Là, on partage notre table avec deux écossais, et mon dieu, mon dieu, pas facile de se faire à la comprenette de l'accent écossais. Ma femme me fait remarquer qu'un pub en Ecosse, c'est beaucoup plus un lieu de vie qu'un bistro en France. Des familles, des gens qui jouent au billard ou aux fléchettes, des personnes de passage rentrant chez elles, des locaux, les serveurs tous avec une fausse moustache pour le « Happy Fake Moustache Day ».
Ma femme me demande de particulièrement mentionner le chat dans le pub, le chat en photo avec un lapereau dans la gueule à l'exposition, la libellule qui a gagné le prix de l'expo photo.
Bon, j'arrête d'écrire, j'ai l'impression d'être un mutant, couillon.
23 heures 30...
Une des meilleures soirées dans un bar de ma vie.
J'ai sympathisé un peu avec le couple de réparateurs de deltaplane ou chose équivalente. Il m'a offert un glenmorangie après que j'ai payé au couple à chacun un ledaig. Etrange, d'ailleurs, d'où vient le Ledaig parce qu'on a parlé de cet endroit avec nos voisins de table, très sympas, des montagnards de vacances. Et le montagnard à côté de moi et le couple en question avaient un border collie, j'ai reçu de mes voisins un verre gratos (une liqueur de whisky avec un goût chocolaté et anisé), des conseils sur la manière de bien choisir son border collie et de bonnes adresses où aller sur Glascow. Je ne sais pas comment mon père passait ses soirées dans ses bars. Mais putain, ici, c'est quelque chose, c'est un vrai plaisir d'être dans un pub de campagne. Bien sûr, en ville, cela peut être différent, dans les grandes villes les gens n'ont pas le même sens de l'hospitalité. Mais soit... Putain, l'Ecosse, c'est une putain de claque...

Glaglaglasgow...
1 heure 13, le 31...

Ouais, c'est tard. Mais bon. Je suis resté un bon moment devant la télé et la télé, c'est bien aussi pour apprendre la langue.
On est dans un B&B assez sympathique pour le look, l'emplacement et le prix. Les propriétaires sont très sympas et ont songé à protéger notre voiture...
La journée a été ponctuée par :
Mes rêves de james bonderie, film d'action tôt ce matin.
Un petit déjeuner avec la flamme du gaz (pour une fois) alors qu'en fait il faisait 5 degrés (mais pas de vent).
Un joli soleil de plomb, comme hier.
L'adieu aux jolis paysages de Glencloe et la forte envie de revenir pour escalader quelques-unes de ses collines.
Un arrêt à l'improviste dans un truc paumé : http://www.thegreenwellystop.co.uk/
Il y avait des tas de motards, de gens, de touristes américains. On s'est un peu faits avoir comme des touristes, comme d'hab. Mais je n'ai pas acheté sur place le Glayva qui avait beaucoup plu à ma femme la veille.
Les heures de midi, nous les avons passées à Stirling, mais sans faire le château. Inutile. Le manque de temps était un problème.
Nous nous sommes ensuite un peu paumés avec les sens interdits extrêmement pénibles dans Glasgow et le GPS pas actualisé depuis 5 ans.
Chose très étrange, en descendant de la voiture, on croise un gars qu'on reconnaît. L'autostopeur qu'on a pris en stop à 6 heures et demi du matin, deux jours avant, pour l'amener de Kinlochleven à Glencoe afin qu'il puisse faire de l'autostop pour regagner Glasgow. C'était le moment magique de la journée.
La seule sortie qu'on aura fait, c'est le cimetière de Glasgow, le vieux cimetière. Pas particulièrement empreint sur le plan de l'invisible mais de fort belle tenue au niveau des tombes. Petite déception, cela dit, dans le coin du cimetière, voire du quartier où nous nous trouvons, il y a pas mal d'ordures qui traînent, comme en France, une chose que je ne m'attendais pas à trouver ici.
Demain matin, et je pense après-demain aussi, nous avons opté pour nous faire servir le petit déjeuner dans la chambre (pas dans le lit, nous avons une table et deux chaises). Plus que nickel. La maison où nous résidons, tenue par un couple de retraités, à un charme victorien, de hauts plafonds et les pièces sont larges. Nous avons même eu le droit au chauffage. Je commence à me demander si certains ne chauffent pas quasiment un peu tout l'année par ici.
Mais bref.
J'ai encore échoué au cimetière avec ces foutus trèfles mais quelles étaient les chances de revoir pile au moment où il passe dans la rue et où on débarque le seul gars qu'on a dépanné.
Je suis con, j'aurais dû lui demander son nom. Mais c'est aussi ça la magie, laisser le mystère.

dimanche 29 août 2010

Du 25 au 28

La lune
23 heures 37, le 25...

Je n'ai pas pu voir la lune hier soir, elle n'était pas à la fenêtre du B&B...
Mais tout aussi ronde, je l'ai aperçue, ce soir, alors qu'on rentrait d'un bord de loch et que de l'autre côté le ciel se nimbait des dernières lueurs du crépuscule.
Bilan de la journée donc ?
La bouffe, d'abord et l'accueil que nous avons reçu dans le B&B : excellent.
Les propriétaires ont trois chats, on s'est dans la joie permis de se montrer les photos de nos chats.
Le petit-déjeuner était fabuleux : crème, beurre, tartines, confiture et marmelade, salade de fruit, café et lait en base, additionnés d'un porridge très bien préparé et d'œufs brouillés et saumon fumé pour ma femme et d'un scottish breakfast pour moi. Alors, attention, le scottish breakfast, c'est 2 saucisses, 2 tranches de bacon, une tranche de boudin, un œuf, deux ou trois champignons, une tomate et une sorte de crêpe épaisse en triangle. Un truc pas végétarien duuuuuuu touuuuut, mais je dois avouer que de toutes les manières, il faut bien que je lutte contre mon taux de fer bas et que je suis vraiment pour l'adage : à Rome, fais comme les romains.
Je maintiens que de ne pas goûter une culture, c'est ne pas s'ouvrir à elle. Bien sûr si on sait qu'on déteste vraiment, vraiment, vraiment irrémédiablement certaines, pas la peine de se forcer, mais bon.
J'ai eu du mal à digérer, surtout les champignons en fait, les champignons, ça ne passe pas bien chez moi, mais je dois avouer que c'était bien étrange de se sentir « plein » jusqu'à plus de quatre heures de l'après-midi. Les protéines et les sucres lents calent longtemps.
Toujours au chapitre bouffe, on avait adoré le principe (j'ai oublié d'en parler) hier des free range eggs à dispo. Le truc, c'est que tu rentres dans une cabane où il y a plusieurs victuailles (confitures, fruits, légumes, œufs, etc), que tu as une coupelle remplie d'argent et que paf, tu payes en laissant de l'argent dans la coupelle pour ce que tu as pris.
En totale confiance. Difficile d'imaginer ça en France. Très difficile.
Et donc, hier, nous avons acheté des œufs de canard. Un truc que ni moi, ni ma femme n'avions jamais mangé. On a goûté à ça ce soir. Pitin, plus de jaune, un goût moins fort en souffre, plus gras sans doute car un jaune plus gros. A refaire. Tout comme les achats à la boulangerie de Portree, la ville principale de l'île de Skye où nous avons pris des scones, du gâteau à la carotte et une tarte aux pommes pour le soir, ainsi qu'un shortbread de bien meilleure tenue que ce qu'on trouve dans le commerce.
Mais passons.
La journée, donc, les faits marquants :
- Chercher une loutre ce matin dans l'étendue d'eau à côté du B&B, chou blanc.
- Rencontrer une femme avec son chien (un Russel de quasiment 15 ans) en remontant d'un petit chemin qui n'était pas emprunté par les touristes.
- En avoir assez d'entendre autant parler français, c'est vrai qu'on se sent de plus en plus attirés par le fait de vivre dans un pays anglo-saxon en particulier pour les mœurs et le comportement des gens. C'est quand même vachement agréable d'avoir à faire à des gens sympas.
- Columbia 1400, l'endroit où on a pris un café, très bizarre, un truc chrétien dédié au partage du savoir, à l'éducation, à l'enrichissement personnel, faut que je fasse des recherches là-dessus.
- Ne pas aller aux trucs les plus touristiques, éviter un maximum la foule et l'île de Skye est plus visitée que le Nord, ce n'est pas facile.
- Être déçu par un château en ruines qui était bloqué par une barrière interdisant ou déconseillant l'accès. Clarisse a rebroussé chemin, je me suis permis de suivre des touristes qui osaient braver l'interdit.
- Apprécier bien le fermier chez qui nous passons deux nuits, il a mis à disposition ce qu'il fallait : coin utilitaire, machine à laver, douche, toilettes et nous a donné des bons conseils sur la manière de se balader et la façon d'éviter les midges (du « skin so soft » ou de « l'eucalyptus »).
- Avoir goûter les bières du crû, dont une en voiture pendant que ma femme conduisait. J'ai laissé ma femme conduire toute la journée d'ailleurs. Histoire de me reposer l'œil et de tenir doucement la difficile digestion du petit-déjeuner de fou.
- Accomplir, à titre personnel, une sorte d'étape finale dans mon initiation et ma guérison... Le sacrifice nécessaire des animaux que j'ai mangés ce matin, remettre certaines choses en question, trouver un encore plus juste chemin pour accepter certaines choses de la vie, finir de constituer mon sac médecine. Ouais, il est quasiment fait, là... Y en a plus que pour deux jours, je suppose.
- Visiter un petit musée sur la manière de vivre avant sur l'île. Nous sommes restés trop peu de temps, plein de choses étaient kitsch, mais c'était bougrement intéressant d'apprendre le passé de l'île et la manière de vivre des gens d'antan, qui au demeurant ne mangeaient pas mal, loin de là... Ça donne envie d'importer le principe du ceilidh (prononcez en anglais Kaylee) à plus de communautés ou quartiers, les gens qui se réunissent dans un lieu convivial (généralement la maison de quelqu'un) pour se raconter des histoires, des charades, partager des souvenirs et des traditions.
Oui, vous avez entendu tout à l'heure : ils mangeaient bien. Je dois avouer même que j'ai mangé un des meilleurs yaourts artisanaux de ma vie hier.
Mais pas la peine que je m'échine à affirmer et réaffirmer que le porridge bien fait, c'est bon. Que le haggis, si on fait l'effort de ne pas trop penser à ce qu'il y a dedans, c'est excellent et que dans toutes les campagnes, on sait normalement faire à manger.
Je vais finir sur le chat sans queue, aperçu ce matin.
Pourquoi lui ? Parce que c'est la seule chose qui a compensé un peu le fait de ne pas voir de loutre. Demain ou après-demain, il faut qu'on y arrive. Ma femme est quand même là en grande partie pour ça.

Dinero...
Minuit 19 le 27...

Ma femme a vu dans une petite galerie du tout petit hameau de Stein des bronzes de loutre d'une artiste locale qui a un certain talent. Bien. Dans les 2000 livres, soit sans doute bien moins que ce que j'ai dépensé en donjons miniatures sur deux ou trois ans.
Intéressante perspective. Du coup, elle a refusé d'acheter un truc, plus tard, sur Portree, toujours d'après une artiste, mais à des prix plus abordable.
Et pourquoi se refuser ce qui fait plaisir, hein ?$
Avec quelques centaines d'euros en plus par mois, sans être grévé par les impôts, ça pourrait être une chose possible, non ?
Un objectif en tout cas est donné. Arriver à s'acheter une œuvre d'art qui ait un sens.
Mais passons. Résumons la journée.
Lever dans le froid, 7 degrés, pour un départ difficile sur Portree où nous avons fait des courses en gros au supermarché et dans la principale boulangerie de l'île.
Départ ensuite vers la pointe de Waternish pour profiter du paysage, arrêt assez sympathique dans un atelier qui fabrique de la laine artisanale (teinte avec certaines plantes de l'île), découverte du site d'un des plus gros massacres entre Mac Donald et Mac Leod et déjeuner à Stein sur un parking avant que je n'aille tenter un gaelic coffee au hameau.
L'après-midi, très simplement, et en tout bien tout honneur : Dunvegan castle. Une claque de mon côté, un parallèle entre ma quête intérieure et la devise du clan : Hold Fast (Tiens Bon). J'ai adoré le passé du clan, certaines histoires autour du « fairy flag », la manière dont le folklore fée est mélangé à l'histoire. Superbe visite pas guidée, on a mis deux heures rien que pour le château au lieu d'une moyenne prévue de 45 minutes. Je me suis encore fait avoir comme un touriste, mais peu importe. Tiens bon, c'est une formule qui me parle vraiment.
Les jardins étaient aussi assez sympas mais on les a expédiés assez rapidement.
Petit retour sympa, en particulier sur la route à une seule voie, vers Portree pour trainouiller un peu et que ma femme reste sur sa faim au sujet de la loutre aperçue à Stein.
Retour au campement tranquille, le fermier qui nous reçoit est vraiment sympa, il nous a réparé la douche, fait goûter le chutney qu'on voulait lui acheter et nous avons pas mal parlé de ses produits. Même si on ne s'est pas beaucoup causé, j'ai pas mal envié son fils : un bon père, qui n'hésite pas à emmener son fils à la pêche un soir de semaine. Ils ont failli attraper un énorme poisson, mais ça ne s'est pas fait.
Le soir, j'ai goûté une nouvelle bière de l'île. Bon, frais, arôme sympathique mais rien de transcendant. Ce sont des bières qui se boivent très bien et sans faire mal cela dit (je n'explique pas mon mal de crâne de ce matin).
Après le repas, petite balade au clair de lune avec Clarisse pour que je m'abreuve encore un peu des images de la lune et des atours qu'elle peut revêtir avec les nuages du crû.
J'ai fait la balade, un verre de liqueur à la main, une liqueur achetée à Inverness avec une étiquette comportant un chat noir : 48,5 degrés, une forte dose de gingembre, uniquement du single malt (et pas cette saloperie de blended tout juste bonne à l'international) et du miel. Un goût tourbé et un peu de pourri, voire d'hydromel, étrange.
Demain sera un peu frustrant forcément parce qu'on aura pas le temps de tout faire.
Mais ce n'est pas grave. J'ai décidé de ne rien regretter, pas même le fait de ne pas avoir trouvé de trèfles aujourd'hui. Pour me constituer le sac « médecine » que je suis en train de faire, je n'ai pas besoin de ça. J'ai emporté un tout petit morceau (un bout de caillou de un ou deux millimètres) de l'église du massacre des Mac Donald sur les Mac Leod et du donjon de Dunvegan.
Pourquoi est-ce que je prends des tout petits bouts de ces lieux que je visite ? Pour pouvoir y revenir plus vite, quelle que soit la méthode employée, pour me connecter à tous ces endroits qui m'ont fait vibrer.
Ce qui m'a le plus fait vibrer aujourd'hui ?
La chambre principale exposée au public à Dunvegan, le drapeau « fairy flag », l'impression étrange d'entendre la détresse des gens à l'église de Trumpan.
La lune aussi.
J'aurais vécu ici dans le temps, je pense que j'aurais tout fait pour devenir barde ou druide. Mais c'était un peu la même chose, je crois.
C'est vraiment une terre où l'imagination travaille et où tu te dis que tu aurais bien envie de croiser le chemin d'une fée.
Vraiment.
2000 euros, pitin.
C'est pas cher, en plus, quand c'est beau.
Ou alors faut que je me mette à la sculpture.

Le ciel des fées
23 heures 28, presque le 28...

La lune qui danse, un arc-en-ciel fabuleux, des ciels à tomber, voilà ce que m'a offert Skye à défaut de ces foutus trèfles que je n'ai pas trouvés.
Une belle journée à découvrir des routes parallèles offrant parmi les plus beaux paysages de l'île (surtout à l'Ouest et au Sud-Ouest). On a forcément dû louper certaines choses. Le seul truc sur la durée qu'on s'est offert, c'est Talisker, la distillerie, les deux whiskies pour moi le matin.
Il y a aussi « l'hostel » où l'on réside qui nous a permis de rencontrer deux couples, dont surtout un composé d'une italienne et d'un bulgare parlant quatre langues et qui est dans la recherche sur les synapses à partir de cellules cultivées. Il travaille sur Londres depuis deux ans pendant trois ans et risque de bouger encore. Bouger, idéal pour apprendre d'autres cultures et d'autres langues, bazar.
Ma femme se plaint du nombre de fois où elle fait « pot ». Demain matin, on essaye de voir les loutres. Ce soir, c'était vraiment détente dans « l'hostel ».
Bières, repas plus facile à faire, douche sans avoir à supporter le froid du dehors, balade avant de manger en craignant que la pluie ne tombe sur les vêtements. On a bien pris une saucée mais la pluie est tellement localisée que ce n'est pas grave.
Si je retiens quelques faits de la journée, ce sera : le magnifique coucher de soleil en revenant de la pointe de Sleat, le camion poubelle qui nous fait un peu poireauter à Talisker, la visite un peu chauffée de la distillerie, la boulangerie de Portree où nous sommes retournés pour la troisième fois, les dindons croisés sur la route en compagnie de poules tout à l'heure, l'ondée qui m'a bloqué une minute ou deux aux toilettes alors que je voulais rejoindre la voiture, le chou blanc à « l'hostel » ou à Talisker pour trouver ces fichus trèfles, le cimetière visité à l'improviste sur la route qui mène à Elgol, la pluie qui tombe en ce moment sur le toit et qu'on est bien content de ne pas prendre sur la tente, la superbe vue depuis « l'hostel » mais bon, les vues sont trop facilement superbes par ici.

La pluie tombe plus fort que le vent.
23 heures 20, le 28...

Tu veux les choses en vrac ? Tu les veux ? Tu veux mon rêve aussi ? Tous ces rêves qui occupent autant de place que tout ce que j'ai écrit et qui n'ont pas eu l'honneur d'internet.
Tu veux quoi ? Tu veux tout ?
J'étais deux cette nuit, un fugitif et un mexicain, j'avais une certaine peine pour le mexicain qui n'avait pas mon pouvoir d'échapper aux autorités. J'avais aussi cet endroit à moi, avec une pierre mais passons, tu veux bien ?
Je me suis rompu à un style lapidaire du fait de temps d'écriture parfois compliqué dans la voiture, éclairé par les loupiottes de celle-ci ou comme maintenant, porte ouverte sur la pluie qui tombe drue et les midges dans le petit local machine à laver de Lochleven où nous nous trouvons à Glenn Coe.
Je résume donc les choses.
Lever un peu plus tard que d'habitude, mais attention, chose promise, chose due, j'ai fait des œufs au plat de notre poule favorite (enfin sans doute un de ses œufs) du dernier camping et puis aussi du porridge. J'ai passé plus d'un quart d'heure à chercher où j'avais bien pu foutre ma caméra aussi. Une petite frayeur matinale. J'ai appris que la magie de Skye n'était pas dans ma magie à moi de chercher des trèfles à quatre feuilles mais dans les ciels que l'île m'a offert.
Nous sommes allés voir les loutres le matin, dans le Otter Haven, le meilleur endroit d'Écosse pour voir des loutres. Ma femme était contente, on a pu en voir une, mais de très loin avec des jumelles. J'ai voulu me rapprocher en marchant dans la nature sauvage mais nous avons été forcé de porter un filet contre les midges car nous sommes tombés dans des endroits où nous n'en avions jamais vu autant.
Repas le midi à Kyle of Lochlann après des courses à la Cooperative, le magasin de grande-suface préférée de ma femme pour les produits qu'on peut y trouver.
Passage rapide devant le château d'Eilan Dunan, un peu frustrant de ne pas visiter, j'ai acheté le guide pour compenser mais nous avons fait déjà deux châteaux et le temps nous était compté.
Arrivée ensuite après une route magnifique mais la plupart du temps sous la pluie à Glenn Coe. Une des plus belles vallées d'Écosse parait-il. Notre camping est tout petit pour les campeurs, c'est un bâtiment d'un côté qui doit faire auberge de jeunesse et d'un autre côté, il y a, bien éloignés des voitures, des chalets (trop chers ou à louer à la semaine) et un terrain pour une demi-douzaine de tentes. La pluie ne cesse de tomber, mais pour oublier tout ça, le camping / auberge de jeunesse possède un pub et un restaurant. C'est néanmoins près de la ville de Glencoe que nous avons choisi de dîner sur les bons conseils du montagnard rencontré quelques jours auparavant. Une ambiance de folie dans ce pub. Et comme des cons nous sommes partis juste quelques minutes avant que ne commence la « live music » mais en même temps, j'avais déjà bu une bière dans la voiture, une pinte en mangeant et un single malt en digestif après un haggis classique (avec purée de patates et de rutabagas) et un dessert bien sympa (un gâteau écossais aux fruits secs, épicé et avec de la crème tiède pour baigner dedans). Le budget aurait explosé un peu sur deux autres whiskies je pense si on était restés la soirée et ça aurait été dur de se lever demain matin pour faire les balades. Même le poisson du fish and chips de ma femme était d'excellente tenue, pas gras et tout. Un très très très bon pub qui s'appelle le Claingach Inn (à vérifier demain // edit : Clachaig Inn) et qui selon certains est le meilleur pub de Grande-Bretagne (c'est dire). Un choix de fou en matière de whiskies, une carte sympathique en ce qui concerne la nourriture et des tas de bières pression qui proviennent de microbrasseries locales. La bière qu'on a bue, on la connaissait en bouteille. Ben y a pas à dire, une bière c'est meilleur quand ça vient du fût.
Ah si, tiens, toujours en parlant de bouffe, j'ai oublié que j'ai testé à midi le Snicker frit. Eh ben, d'accord, c'est sucré, mais au final, je trouve pas ça si dégueu. Meilleur que crû. Les mauvais chocolats, c'est comme les mauvais fromages, ils sont meilleurs chauds.
Je suis bouffé par les moustiques. Rha. L'heure avance, la pluie tombe toujours. J'ai un moment hésité à aller au pub du coin, mais non, finalement je me dis que tant pis, on a déjà défoncé comme des rois le budget voyage et le guide sur le château des Mac Leod que j'ai acheté cette après-midi vaut le prix de ce que j'aurais dépensé sans doute pour rien pour rester au chaud dans un pub bien moins animé que celui que nous avons quitté.
Est-ce qu'on pourrait se dire : il a plu, on a pas eu le temps de faire ci, c'est chiant les voitures sont loin, il pleut toujours, on a pas de coin pour faire cuire quelque chose, etc... et râler ?
Eh bien, je dis non.
J'ai malgré tout eu des instants de grâce aujourd'hui, presque une épiphanie avec ma bière à la main pendant que ma femme conduisait et que j'observais les magnifiques paysages ou que le verre de whisky pas loin, j'observais aussi l'ambiance de l'auberge.
Je ne regrette pas d'être partie avant la fête. Il y avait vraiment, vraiment, vraiment beaucoup de monde, on ne se serait pas forcément entendu parler.
La pluie toujours, qui monte un peu en intensité, je l'entends résonner clairement sur ma tente et les tentes à quelques mètres de moi. Je n'ai pas pris comme une andouille l'adaptateur pour brancher le PC sur la prise qui se trouve derrière moi. Je ne vais pas pouvoir rester des plombes, mais ce n'est pas grave. La pluie, c'est quand on prend la peine de l'écouter un peu pareil que l'eau qui coule sur les rochers, une musique de la vie.
Ouais, il fait froid et humide. Ouais, peut-être. Mais pour une semaine, je suis encore en vacances et avec l'envie d'y retourner et sans doute de gagner quelques sous pour pouvoir le faire un peu mieux peut-être, ou en achetant cette fichue loutre qui fait envie à ma femme.
Ouais, il fait froid et humide mais la pluie est sans doute aussi quelque chose qu'on peut voir comme lavant tous les péchés. Tous. On est tous égaux devant la pluie quand on prend la peine de sortir dehors.
Alors, oui, bien sûr, on peut rester chez soi.
Mais est-ce que c'est vivre vraiment ?
D'accord, il y a de la vie sur internet. Mais quand il y pleut, ce n'est pas pareil. Ce n'est pas la musique de la vie.
Bientôt minuit. Soit onze heures heure locale. Les pubs, normalement, cessent d'accueillir du monde et parfois de servir à boire, mais les clients ont fait des réserves.
Parfois.
Demain, nous sommes encore ici.
La pluie aussi, peut-être.
Et alors ?
En vacances, avec l'équipement adéquat, ce n'est pas gênant d'être bercé par la musique de la vie.
Plouf.
Sinon, on a aperçu une chèvre sauvage dans notre capital d'animaux du crû.
Et en ce qui concerne les trucs typiques à goûter, il me reste une sorte de dessert à la framboise, crème et whisky à essayer ainsi que le scotch egg.
Pas que j'aurais fait le tour complet de l'Écosse, mais bon. Le principal aura été fait.

mercredi 25 août 2010

Du 19 au 24

Stromness
23 heures 07, le 19

Nous n'avons pas profité de la ville hier soir. Je me suis contenté de discuter un peu avec les gens et de matter sur deux heures (en comptant les pubs) le reportage sur Stonehenge.
Conclusion, ce matin, très tôt, nous avons visité un bout de ce charmant village côtier où, au demeurant, nous avons aperçu à peu près autant de chats que sur tout le reste de notre séjour.
Kat a adoré. Mais vraiment. Et il y a une chose que je ne comprenais pas, pourquoi hier j'avais vu l'australie dans une pierre que j'avais rejeté à l'eau et pourquoi ce matin, la superbe crotte de nez que j'ai retiré de mon nez avait aussi la forme de l'Australie, en clair, avec un dôme marron au milieu faisant penser à Uluru. Je n'ai pas poussé l'indécence jusqu'à filmer cette production personnelle, mais il n'empêche, errant dans les rues de Stromness, mes yeux se sont portés par hasard que une plaque circulaire bleue (alors que j'en avais passé d'autres), la maison de naissance de Éliza Fraser, une rescapée d'un naufrage sur la barrière de corail qui devint une légende australienne et qui donna son nom à Fraser Island, l'île de sable que nous avons visitée l'année dernière.
Bref.
Plutôt que de faire un truc programmé à Maeshowe qui nous aurait coûté une certaine somme et un certain temps, nous avons préféré nous laisser aller à découvrir une autre tombe, gratuite celle-là, sur le chemin entre Stromness et Maeshowe. Nous avons également pris le temps de découvrir le petit village situé à côté des alignements de Stenness Stone et de nous rendre sur le chantier du ness de Broga. Là, nous avons pu faire un petit coucou à la jeune archéologue rencontrée hier soir, en essayant de comprendre tant bien que mal (mais plutôt que mal) les explications d'un archéologue avec un énorme accent écossais. J'ai ressenti une vague d'énergie extraordinaire au niveau de l'échafaudage sur lequel nous étions et je me suis permis de demander à l'archéologue s'ils comptaient faire des fouilles à d'autres endroits du site, en particulier où se trouvaient les échafaudage car j'ai la certitude qu'ils trouveront quelque chose à cet endroit.
Rho, interruption du programme, le chat de la ferme vient de nous surprendre avec un gros miaou et des ronrons en pagaille.
Bref, je reprends l'antenne.
Ouais, il y a définitivement quelque chose de puissant là-bas.
Le midi, on s'est rendus compte qu'on se faisait niquer en faisant exprès de se garer plus loin du centre ville à côté du poste de police. 1 livre les deux heures contre 50 centimes deux cents mètres plus loin au cœur du centre ville.
Bref. Pas eu la possibilité de manger à nouveau où nous étions à midi la veille, déjeuner dans un déli dans lequel Kat a eu l'occasion de bien se foutre de la gueule des serveurs, un peu lent, où j'ai manqué un fou rire en demandant un cheese cake au serveur et en expédiant deux morceaux de patate je pense coincés dans mes dents (j'avais opté pour une baked potato avec du coleslaw, mais j'ai eu des nouilles au thon à la place). Bref. Visite de la cathédrale de kirkwall, magnifiques tombes préservées et superbe mosaïques sur le plancher avant d'acheter un bonnet et des fudges dans un magasin pour s'en aller visiter la distillerie de Highland Park. J'ai dû réprimer un fou rire de la mort au début de la visite lorsqu'on nous a présenté les rochers, la mer, les falaises où j'ai imaginé un paysan qui était fier que son whisky avait un goût de rocher et Kat a rajouté et de mouettes (alors que des mouettes passaient à l'écran). Difficile de rendre à l'écran la nécessaire envie de rire à chaque fois que passaient des rochers ou des mouettes ou que voguait dans mon imagination la forte envie de créer un pnj bien débile qui fait vieillir son whisky dans des bidons de pétrole réformés dans lequel il a mis des rochers, des mouettes et un éventuel surfeur de passage.
Ah pitin. J'ai appris que le grain du whisky n'était pas produit sur l'île, que la fermentation du grain ne se faisait que à 20 % du total qu'ils utilisaient et que l'orge fumée à la tourbe n'était que la même proportion dans le mélange utilisé. Il a été fascinant de découvrir que les tonneaux donnaient une odeur différente au cherry selon qu'ils étaient du chêne italien ou américain et que les 15 ou 18 ans d'âge n'avaient pas le même goût ou la même odeur justement parce que tout dépendait des mélanges de tonneaux qu'on utilisait.
Nous avons ensuite acheté un vin de fruit, personnellement le seul que j'ai trouvé supportable plaisait aussi à ma femme. Puis tout bêtement le retour au camping, la découverte de trois autres trèfles énormes pas loin de là où j'avais trouvé le premier, un chou blanc pour trouver un pub à St Margaret's Hope, un dîner dehors avec un temps plus qu'acceptable en compagnie de midges, d'une excellente soupe en boîte plastique, de crackers et de tapenade.
Après le dîner, nous sommes retournés au cimetière visité l'avant-veille, Clarisse s'est rendu compte qu'il donnait l'impression d'être habité mais de manière positive. J'ai eu un signe sur la tombe d'un gamin mort à 16 ans, histoire de pouvoir tempérer d'éventuels problèmes personnels à l'aune du drame des autres.
J'ai retrouvé dans le cimetière attenant à la cathédrale de Kirkwall et dans ce cimetière le soir, une sensation éprouvée voici des tas d'années déjà, de type un peu « cheval » dans la religion vaudou. L'idée était bêtement que je ne possédais pas tout à fait mes jambes.
Ce n'est pas la seule chose qui me soit arrivée dans la balade, la sensation de voir deux esprits gardiens et de leur témoigner du respect en ne croisant pas leur chemin, une magnifique pierre levée au milieu d'un champs, une autre magnifique (mais beaucoup plus petite) pierre levée beaucoup plus proche de la mer et sculptée remarquablement par un artiste sans doute religieux.
Je ne saurais terminé sans l'incroyable lumière de la lune aussi, les gens qui se baignaient à moitié sur la plage en faisant du canoë kayak, le petit côté étrange de cette maison abandonnée (mais pas le jardin, soigneusement entretenu) avec un panneau sur le mur défiant quiconque de pénétrer.
Il y a quelque chose de magique par ici.
Clairement. Les esprits (ou plutôt l'énergie ou l'écho de l'énergie) sont en paix, il y a des quatre feuilles, la baie a quelque chose d'enchanteur et la lumière rasante le soir avec sans doute l'air marin fait voir des choses même aux plus rationnels d'entre nous lorsqu'ils se donnent le temps et les moyens de laisser un peu voguer leur imagination (ou leur réceptivité).
C'est à regret, un peu, que je constate qu'on a pas fait le dixième de ce qu'il faudrait faire aux Orcades, mais c'est un tout petit, petit, petit regret comparé à ce que l'île nous a apporté et à la manière dont elle m'a transformé ou plutôt aidé à continuer un processus entamé déjà depuis longtemps mais sérieusement creusé depuis quelques mois.
Un processus qui ne m'empêchera jamais de prendre à la rigolade tout ce que je pourrais ressentir. Je ne fais que ressentir, c'est plus important pour avoir une certaine foi et accepter de la remettre en question...
Le chat revient, je vais le caresser.
C'est vrai qu'il a le ronron facile.
Et le ronron, aussi, c'est magique.
Houps, retour des toilettes et deux ou trois images qui reviennent de la journée...
Le dessin, en mode automatique laissé à l'auberge de jeunesse de Stromness, encore le fou rire réprimé à la distillerie, l'étrange soda au goût de chewing-gum aux fruits acheté ce matin, le vendeur d'une sorte de petite gargotte qui m'explique qu'il n'aime pas le fromage que je lui achète, qu'il en mange d'autres, mais pas celui-là, le cidre que nous devons jeter pour passer à la bière au gingembre parce que certains de leurs cidres en bouteille sont dégueulasses et trop « champagnisés », les erreurs de direction sur l'île au début à se retrouver chez un particulier, l'intérieur un peu bizarre du Inn que nous avons pris pour un bar, les enfants qui jouent au golf à St Margaret's hope, les voisins (Dave, Bill et sa femme) toujours aussi charmants mais avec qui nous n'avons pas passé la soirée, Clarisse doit se coucher tôt, les gens qui vont aux toilettes avant de se coucher (Dave en particulier) et qui en sont pour leur intimité puisque je me trouve à une porte très fine en bois d'écart d'eux. Enfin bref...
Demain, une autre histoire, encore...
J'espère rêver cette nuit, de la paix que peut apporter cet endroit où de chevaux galopant sur le sentier de lumière.
Bonne nuit, mon petit.

Le vent...
Minuit 12, le 21...

Retour sur l'île principale, routes les plus septentrionales du Nord-Ouest de l'Écosse, découverte après s'être un peu paumé d'un cairn dont la vue donne sur une centrale nucléaire, une des pires de l'histoire des centrales nucléaires, route longue dans des paysages changeants et magnifiques. L'automne, le printemps et l'été en une seule journée.
Pique-nique en bas du mont accueillant les cairns.
Arrivée à Durness, une ville très bien indiquée sur la carte mais ne comptant pas plus de quelques centaines d'habitants.
Promenade dans les dunes de sable qui jouxtent la plage où John Lennon passait ses étés alors qu'il était enfant. Putains de dunes de sable, magnifique. J'ai adoré. C'est agréable à escalader, à marcher, à explorer. Du coup, comme on a traîné dans les dunes, nous n'avons pas eu le temps de faire le chemin sur son entier mais peu importe, j'adore les dunes.
Le vent souffle, souffle très fort, il va y avoir du bruit dans la tente. La voiture bouge déjà rien qu'avec le vent, c'est dire. Difficile de monter la tente tout à l'heure et puis une chaleur assez forte pendant la balade dans les dunes. J'oublie aussi un détour de tas de kilomètres pour trouver du pain allemand – Madeleine de Proust par rapport à un épisode au Canada – finalement trouvé dans une épicerie et les diverses choses que j'ai essayées au pub qui jouxte le camping : brandy, cherry, whisky et vin de gingembre.
J'ai essayé de pinter un peu ma femme, merde, on est vendredi soir quoi, dans un pub avec de l'ambiance. Pas réussi à la mettre KO. Mais l'idée n'était que de pinter de toutes les manières.
Demain on est un peu comme le titre de ce jour, dans le vent. Dans le vent en ce qui concerne les options de voyage que vous voulez prendre. On verre ce qu'on fera selon le bon vouloir de monsioeur météo.
Mais passons. Je vais me coucher un peu plus tôt que d'habitude ce soir et rêver à tous ces rêves que je fais : éveillés ou pas éveillés.
Ah bon sang, ce vent.

110 kilomètres heure...
22 heures 02, le 21...

Zou, le vent, les rêves éveillés et – limite – un voyage initiatique...
C'est pendant une tempête que je me suis couché... Une tempête. Le vent battait à 85 kilomètres heure et il y a eu des rafales à 110.
Si madame.
J'ai eu l'impression, à moitié réveillé, à moitié endormi, d'être massé, touché, par les mains de dizaines et de dizaines d'esprits et de comprendre que dans une telle situation, il était normal pour les anciens d'avoir une sorte de culte sur les esprits de la nature ou des anciens.
Notre tente a très difficilement tenu la nuit ; les quatre piquets principaux envolés et un des piquets des quatre cordes, j'ai joué toute la nuit à faire le contre poids.
Le camping où nous devions être cette nuit a refusé les campeurs pour ne pas qu'ils se retrouvent comme tous les pauvres hères de Durness qui ont vu pour certains leurs tentes détruites.
On était bien fatigués, bien nazes. Sur la route touristique vers Ullapool, on a dû prendre une heure pour faire la sieste (avant manger), je me suis réveillé totalement à l'ouest, ne sachant pas où j'étais, je me suis senti un instant perdu.
Perdu comme devant l'immense beauté des incroyables paysages changeants de l'Écosse...
Bref, nous avons réussi à louper des tas de randonnées à cause du temps exécrable, à faire la marche de Old Man of Stoer un peu tronquée. Magnifique bonhomme de pierre naturelle que ce vieil homme devant lequel je me suis assis 5 minutes par un vent battant sans doute les 70 kilomètres heures.
Là, nous avons choisi de camper sauvage sur un site magnifique que nous aurions exploré si le temps était au beau fixe, mais il se trouve, hum, que non, mais qu'à la première heure demain matin, on filera au parking situé à 400 mètres de là pour aller explorer le château de Ardverck, une ruine située sur une sorte de petite île sise sur un lac, rattachée par une langue de terre ou de sable.
Je crois aux lois du hasard et de la synchronicité. Les seules choses qu'on aura pu faire à fond auront été celles imposées par les conditions climatiques.
Il y avait aussi le petit village de Stoer où nous avons fait chou blanc pour un B&B mais où nous avons encore pris la peine de regarder un petit cimetière (l'ancien) avec une église en ruines en son milieu.
Enfin, bref, je ne reste pas, je ne sais vraiment pas quand je pourrai recharger le PC, cong.
Une journée qui aurait pu être de merde, mais l'incident de la tempête m'a fait énormément rire en de nombreuses occasions au sein de la journée et le site sur lequel nous sommes mérite vraiment le détour.

Midges...
21 heures 43, le 21...

Le temps compte pour ce pauvre PC qui risque de ne pas pouvoir être rechargé demain. J'espère que je pourrai lui donner un p'tit coup de jus demain matin.

Ardverck. Un fichu foutu putain de site qui nous avait appelé. Des tonnes de midges le matin sur la voiture, une certaine quantité sur le site que j'ai attendu toute la nuit de visiter, midges, midges le matin, écho ce qui allait nous arriver ce soir. Le camping de Bardallach, envahi par les « nasty little bastards ». Nous avons dû trouver refuge dans le bothy de l'endroit. Il est impossible de tenir dehors. Avant-hier une tempête de folie, hier un camping sauvage dans le vent et la brume, aujourd'hui la nécessité de devoir fuir.
Nous avons aussi loupé Corrie quelque chose Gorge, Clarisse corrigera. Mais ce ne fut pas une mauvaise journée loin de là.
Visite du site du château plus de deux heures avec le château, un cairn, une maison construite sur les désirs d'une bourgeoise.
Bon moment de détente à Ullapool où je me suis fait avoir à faire des tas d'achats.
Vraiment fait avoir. Enfin bref. Un nouveau chapeau pour moi. Très english style. Il faudra porter un certain type de vêtement pour aller avec.
Sympathique ballade dans la campagne du coin, et je ne suis pas sûr de mon orthographe du mot balade sans internet pour vérifier.
Toujours mon côté mystique satisfait, en particulier ce matin, où j'ai trouvé un trèfle à quatre feuilles au pied du château des Mac Leod.
Un phoque gris ou commun (???) aperçu à Ullapool en train d'observer les touristes la tête sortie de l'eau.
Le déjeuner à midi avec les meilleurs oeufs brouillés mangés par Kat et moi qui ai goûté les rolls et le porridge, sans compter des fudges avec une autre consistance que très sucrée et cassante.
Les boeufs laineux dans un des champs que nous avons traversé cette aprem.
Le sous-bois quasi canadien de la seule balade (j'opte finalement pour un L) que nous avons effectuée en début d'après-midi.
Je demande à Clarisse si elle a des choses à dire :
Je suis fatiguée, le feu est en train de m'hypnotiser et les midges de me bouffer, quoiqu'elles mangent plus (surnom de moi) que (surnom de clarisse), car (surnom de moi) est plus appétissant.
Je coupe l'antenne. Il me reste 40 % de batterie. Demain on essaiera de réveiller personne en faisant notre cuisine avant de nous en aller très tôt comme d'habitude.
Yé.
Ah si, je reviens sur mon côté mystique et les images mentales. Je ne sais pas pourquoi ça devient si fort en vacances et c'est devenu aussi fort maintenant, enfin si je sais en partie, ou plutôt je ressens, mais ce qu'il y a de sûr, c'est que c'est ce qui me tue de ne pas faire appel à cela plus souvent et que le chemin commencé cette année ne doit pas être prêt de s'arrêter.
Tadada.

Midges strike back
23 heures 33, le 23 août...

Une excellente soirée, hier soir, dans le loft en compagnie d'un belge (flamand), de sa copine, de leurs deux gosses à chacun plus une copine de l'une d'entre-eux (soit un groupe de 7) et d'un ex prof de chimie, amateur de randonnée dans les montagnes des Highlands et spécialiste des pubs et des whiskies. J'ai eu le droit à une stella artois (hum, pas trop mon truc, ça désaltère cela dit) et un verre de ledaig (nettement plus agréable pour moi le soir). Une bonne discussion animée où l'on a appris chacun des uns et des autres et où le montagnard a parlé de certaines de ses plus belles expériences. Il y a notamment ce moment où ils se sont débarrassés de « midges » en faisant 8 miles (4 aller et retour) en roulant à fond vitres ouvertes pour rejoindre un pub qui était à peine à deux cents mètres.
Les « midges » ne se combattent pas, ne se vainquent pas, elles nécessitent juste qu'on fuit.
Ce matin, nous avons effectué la route Badralach Gairloch en profitant de nombreux points de vue avant d'échouer un p'tit moment dans un café de campeurs et de randonneurs après que je me sois laissé aller à acheter des conneries dans l'office de tourisme de Gairloch.
Le magasin du coin offrait tout un lot de produits frais que malheureusement je n'ai pas pu tous acheter en fromages ou autres par manque de place pour conserver.
Oh bon sang, je sens que je me fais un peu vieux et que j'ai vraiment envie de profiter du confort de certains éléments d'une caravane pour une telle manière de voyager.
En Europe, un petit camping car (le modèle le plus réduit), c'est vraiment le pied, à mon avis, à deux.
Mais bref.
L'après-midi, nous avons fait autrement que ce qui avait été prévu. Après avoir déjeuné avec les choses achetées au café des randonneurs, nous nous sommes lancés dans un chemin qui s'est semble-t-il avéré bien plus long que ce qui était prévu dans le panneau l'indiquant.
L'aller s'est passé sans problème mais le vent s'est tu au retour et les «  foutues putains de saloperies de « midges » se sont mises de sortie, ruinant en partie certains éléments du retour.
Installation tout à l'heure Shieldaig, après un très beau chemin en voiture (bien que voilé par la brume)... Il n'y a pas grand-chose à faire à Shieldaig, c'est tout petit, il y a un camping gratuit offert à disposition avec flaque de pluie et crottes de moutons en sus. Mais la vue est sublime.
Côté mystique, je me suis retrouvé avec deux signes : la possibilité d'un transfert du sac médecine que je me constitue sur un des éléments du sac, mon alliance, que j'ai mise pour m'aider à supporter une digestion très difficile de « coleslaw additionné de beaucoup trop de mayonnaise » ; la compréhension d'une des méthodes des anciens pour voir l'invisible, interpréter les signes ou les images dans les éléments de la nature et je dois avouer que certains rocher étaient très parlants.
Enfin bref, pour ne pas finir sur une note négative, car je suis réellement rongé par les «  midges », bouffé, endolori, nous avons pu acheter des filets pour nous protéger le visage, inquiets que nous sommes du fait que le montagnard, hier soir, nous ait dit que Skye (où nous nous rendons) est l'endroit d'Écosse le pire pour les « midges ».
On aura l'air bien con. Mais dans l'état où je suis du fait que je suis littéralement dévoré, je ne pourrai pas supporter un même régime demain...
Bonne nuit les petits...

B&B
23 heures 47, maintenant 57 le 24...

Des tas de rêves pénétrants (nan je déconne)
Une belle route scénique.
La journée passée quasiment dans un tout petit village appelé Plockton, un petit tour en bateau pour voir des phoques (et espérer voir des loutres, mais là, chou blanc), presque uniquement de la balade en voiture, en bref avant de filer un peu glander dans le B&B proche de l'île de Skye où nous avons choisi de passer la soirée tranquillement.
Bonnes impressions de la journée, légère déception de ne pas avoir fait plus de marche, mais on va dire que c'était une journée « magnifiques petits villages ».
Kat a pu goûter du fish and ships, demain nous avons opté pour du très traditionnel en petit déjeuner : saumon et œufs brouillés pour Kat et écossais pour moi (un truc pas végétarien, mais il y a deux choses encore pas végétariennes que je dois faire ici en plus du petit déjeuner écossais : les scotch eggs et le haggis traditionnel. En végétarien, il y a la barre de mars ou twix trempée dans la chapelure et frite dans l'huile. Hou.
On retiendra les images suivantes de la journée : grosse fatigue, les derniers jours ont été éprouvants, bonne détente, du soleil dans l'après-midi, les vaches laineuses qui broutent dans le hameau de Duirinish, une visite dans une fabrique de textiles où l'on peut trouver tout ce qui est possible et imaginable en laine et où j'ai trouvé des casquettes trop grandes pour moi, un château en ruines à la suite d'une bataille entre des Mac Kenzie et des Mac Donald, le yaourt que j'explose dans un magasin le matin, l'interdiction de vendre de l'alcool en dehors des heures permises 10 heures – 22 heures dans les commerces, les méduses dans l'eau, ma femme qui espère voir une loutre qui ne vient pas, les trois chats placides du B&B, la connexion avec vidéo par l'interface de google chat avec les parents de Clarisse.
Et j'en passe.
Mon côté mystique n'en a pas trop pris pour son grade, on s'est contentés d'un cimetière qui était tranquille dans les environs de Lochcarron.
Mais il était nécessaire de faire aussi une pause sur cet aspect là pour voir justement ce qui me manque quand je ne m'y intéresse plus.
J'attends la prochaine pleine lune. C'est à dire ce soir remarquez...
:)

mercredi 18 août 2010

La route du paradis

22 heures 51, le 18...

Lever très tôt, brrr, avec une monstrueuse envie de pisser.
Bien.
On part un peu à l'intuition vers un des coins nord du côté Est de l'île principale sous une pluie assez continue et un froid relativement battant.
Excellente découverte d'un ancien site ayant appartenu sans doute à différentes communautés après une balade au bord des falaises.
Découverte rapide de Kirkwall le midi après avoir fait chou blanc dans la visite d'une distillerie, excellent petite gargotte conseillée par le guide du routard et remarquables conseils d'une vendeuse (allemande) dans une boutique vendant du vin. Elle nous a dit qu'il y avait des tas d'opportunités de job pour faire guide pour des touristes français en Ecosse. Hum, bonne opportunité de reconversion ou de travail secondaire...
Enfin bref, nous avons eu l'occasion de voir les principaux alignements de pierre de l'île (Ring of Brodga, Standing stones of Stenness, Scara Brae). La petite voix qui m'accompagne avait raison sur le fait que je ne trouverai pas d'autre trèfle à quatre feuilles ici, ni sur un site sacré, sur le tumulus funéraire situé à côté de Brogda, pile au sommet, c'est un cinq feuilles que j'ai trouvé. Cinq feuilles pour les 5 galets récupérés sur la plage à côté de l'ancienne église qui se trouve sur Mull Head (que nous avions fait le matin).
Le soir, après avoir visité comme des japonais House of Skaill, on a échoué dans une très sympathique auberge de jeunesse à Stromness. Nous avons eu l'occasion de parler avec une étudiante en archéologie des Pays-Bas qui fait des fouilles en ce moment et avec une cycliste qui vient de l'université de Dundee.
Et là, je regarde, par hasard dans la centaine de chaînes disponibles, les secrets de Stonehenge.
Wow.
Une journée ouverte aux choses des anciens, en bref, et à de nouvelles opportunités également.
Je ne saurais que constater qu'on pourrait largement passer deux semaines ici, voire toutes ses vacances (trois à quatre semaines) rien que sur Orkney.
23 heures 34, je reviens sur ce que je regarde à la télé. Des découvertes plus qu'extraordinaires autour de Stonehenge et la manière dont il est lié à un site sur Darlington, un rapport mort / vie et sans doute, là c'est moi qui interprète – mais j'en suis à peu près convaincu, une manière de respecter les ancêtres, de les aider à passer ou à devenir immortels.
Les pierres sont le symbole d'une sorte d'immortalité supposée de l'âme. D'un paradis, quoi...

La pluie, l'enfer et le monde.

Minuit 39 le 18 pour le coup.

Une excellente journée, excellente.
Départ d'Inverness après un petit bug de direction, route effectuée sous une pluie battante pendant deux heures, on s'est arrêté à Golspie pour prendre un café dans un petit café ne payant pas de mine mais à la tenue excellente, le manque de temps imparti ne nous a pas permis de visiter nombre des châteaux se trouvant sur la route entre Inverness et Gills où nous avons pris le ferry, non, nous n'avons pu faire qu'un arrêt.
Mais quel arrêt : le cairn de Camster. Une claque sans nom au niveau du passage. Ma femme qui n'est pas du genre à s'ouvrir à ces choses là comme moi avait peur d'entrer dans le cairn de droite, et je pense qu'elle n'aurait pas pu si je n'y étais pas allé avant et n'avait pas fait quelque chose dedans, équilibrer la donne. J'ai eu une vision incroyable de personnes voulant sortir d'un enfer, d'une misère profonde, remonter vers la lumière et c'était pour ça que j'étais venu mais l'endroit doit être construit de telle façon que des échos sombres ont été amplifiés et que de nombreuses personnes doivent se sentir mal à l'aise dans cet endroit.
Bref... J'avais sans doute le courage de faire certaines choses parce que de un ça concerne l'invisible et qu'il n'y pas de gloire à en tirer et que pour certains il est facile de penser que tout n'est qu'imagination, ce qui ne fait pas de mal, pas plus de mal que de penser que Jesus notre sauver se penche sur nous pour nous aider et que de deux, eh ben, je me sens différent depuis Corrimony.
Mais passons.
Le ferry fut pris sans problème à Gills et permit de voir des phoques et sans doute des dauphins avant de s'installer dans un sympathique camping à la ferme rempli de gros trèfles où j'ai enfin trouvé le trèfle que je voulais.
On est allés ensuite visiter le tombeau des aigles, une visite particulièrement remarquable pour les informations données par le guide et le fait de pouvoir toucher certains artefacts. Le cairn en lui-même était serein. L'idée était pour moi que ces gens avaient de toutes les manières bien travaillé avec l'esprit de l'aigle qui emporte l'esprit du défunt pour qu'aucune trace négative n'existe dans un endroit où il y avait des dizaines de corps.
On a visité un peu St Margaret's Hope, un mignon petit village avant de jeter un coup d'oeil à la chapelle italienne qui mérite le détour et un film. Des prisonniers italiens qui se cassent le cul pour construire une chapelle pendant la seconde guerre mondial, de l'art naïf et quelque chose de plus vrai au niveau de la religion que bien des choses faux cul.
Une balade le soir, avant qu'on ne puisse plus y voir vers la plage et un cimetière où j'ai encore eu l'impression de faire des miennes et de voir de nombreuses formes à la place des pierres tombales. L'endroit semblait empreint à la lueur du soleil plus que couchant et de la moitié de lune énorme emplissant un ciel dévoré par une énorme langue de nuages sombres au-dessus de nos têtes.
Fin de la soirée à discuter avec Bill, Margaret (enfin je crois, la femme du premier) et Dave, un ami de la famille. Ils sont allés au Shetland, font un voyage de retour sur un trip qu'ils avaient fait il y a trente ans, m'ont offert le whisky et nous ont raconté des tas de trucs sur leur vie, le whisky, les voyages, là où ils ont séjourné. Je me suis rendu compte que comprendre l'anglais se faisait à 95 % et que j'avais des efforts à faire maintenant juste pour le parler.
J'ai adoré Bill (ex prof d'anglais en France) et Dave (ex prof d'anglais en Italie pendant quelques temps) et leur passion pour le voyage, le whisky, les anecdotes.
On les reverra demain soir quand on reviendra.
Je tâcherai sans doute d'acheter une bouteille de Highland Park (un des meilleurs whiskies écossais) avant de plutôt profiter des prix plus raisonnables – car moins taxés – en France.
La tente perché presque au sommet d'une colline, le vent battant les oreilles, les échos des âmes du passé de tous les passés partis au mieux dans tous les passages ouverts dans cette île, je me demande si mes rêves seront aussi étranges et pénétrants que ceux d'hier soir où en tant que Superman, je voulais me faire ami ami avec un homme ordinaire. La rencontre de trois « soi » en somme : l'homme simple, le chroniqueur et le héros.
J'ai toujours essayé de m'ouvrir en voyageant, mais ici, on a la rencontre des voyages en Australie, Amérique et Suède, un peu comme si la culture de ces pictes ou de ce peuple ancien intégrait les éléments de tout ce qui m'a intéressé à chaque fois que j'ai voyagé.
Je dois être en partie ici pour arriver un syncrétisme dans toutes les voies que j'ai regardé et me dire que peut-être, si tous les chemins sont ouverts, c'est bien d'accepter d'en emprunter un sans pour autant prendre la tête avec le fait que ça soit vraiment ce qui se passe.
Ce que je sais, c'est que l'homme simple et le héros y trouvent leur content et que le chroniqueur doit maintenant assurer le bousin.
Mais ce n'est pas un gros bousin à gérer. Je ne me prends pas non plus pour la réincarnation de ceci ou le prédestiné à cela.
Il se trouve juste que je peux rééquilibrer des énergies et surtout effacer le négatif.
Pour ceux pour qui ça marche, tant mieux, même si pour ceux qui n'y croient pas, ça ne relève que du psychologique.

lundi 16 août 2010

Inver, inver, inverness...



23 heures 34, le 16...

Il n'y a pas à chier, j'ai une nette préférence pour les auberges de jeunesse. Pas que j'ai quoi que ce soit contre les B&B, mais bazar, il y a l'histoire de budget.
Remarquez, quand je vois les qualités du camping où on se trouvait à Glen Affric – super café à côté avec gâteaux et café délicieux, salle de jeux et télé où glander le soir – bon, pas de lézard, pour le prix, je veux bien le camping.
C'est juste que l'auberge de jeunesse nous permet de tranquillement boire dans la chambre, de parler avec des gens dans la cuisine, une famille de tourangeaux bien sympathique parti en même temps que nous de Dunkerque avec leurs deux filles dont la plus grande qui venait de passer le bac. Je leur ai offert un des trèfles trouvés à Edinburgh (impossible d'en trouver aujourd'hui, et j'ai bien passé une heure à en chercher) après que je me sois rendu compte à quel point ces gens m'étaient sympathiques et combien la mère avait apprécié Edinburgh.
Bref, bref, bref...
Je vais plutôt fonctionner en images aujourd'hui.
Une engueulade avec ma mère, dans le rêve de cette nuit, et la cuisine, en Nouvelle Calédonie avec des melons au repas, un truc que déteste Clarisse qui était dans le rêve.
Le réveil tôt au campement, avec un ciel légèrement couvert et des « midges » qui s'ébattent gaiement.
Les magnifiques images prises par ma femme de la balade du Dog Falls au Glen Affric, la brume, un petit lac, des bouts de forêts primaires venant grandement à renforcer ses talents d'artistes.
Deux maigres vues plus tard du château d'Urquhart, nous n'avons pas voulu payer 8 euros pour voir les ruines de l'intérieur ou le Loch Ness de plus près.
Une balade dans le vieux Inverness juste un peu avant de manger, dans des coins où les touristes ne vont jamais. Je mettrai plus tard des liens vers les albums photos du voyage qu'il nous faudra impérativement mettre en ligne.
Mais, et surtout, eh bien je reviens sur Corrimony où après que nous ayons pris un café à Cannich ma femme a senti que nous irions déjeuner. J'ai revu les belges aperçus au B&B la veille qui depuis le cairn m'ont confirmé qu'ils sentaient quelque chose et nous avons fait le chemin indiqué sur un tableau (enfin je crois, mais j'ai un doute assez certain, je pense qu'on s'est totalement planté) pour aboutir au cimetière de Corrimony où posé contre une pierre tombale, je me suis permis de voyager dans d'étranges paysages et d'ouvrir des passages pour ce qui aurait pu rester bloqué dans ce cimetière.
Je sais que je devrais pas forcément exprimer les choses aussi crûment, mais j'ai eu la sensation d'un merci lorsque j'ai quitté le cimetière après avoir dégagé une zone qui faisait peur à Clarisse.
Je suis assez fasciné par cette possibilité qu'il existe des passeurs d'âmes ou d'énergie, une chose aussi invérifiable que l'existence de Dieu ou de la Foi et c'est une Foi que je suis prêt à accepter sans nommer précisément ce qu'est cette énergie libérée...
Il m'est arrivé exactement encore des visions quand j'ai fermé les yeux au cain un peu plus tard et je suis persuadé que j'ai été comme le cheval, tout comme cette femme voici quatre mille ans.
Je retiens également l'église abandonnée du village de Cannich dans laquelle un charpentier, père de 7 enfants et artiste peintre à ses heures (une vocation née sur le tard à la suite d'un accident l'ayant immobilisé voici 6 ou 7 ans et d'assez de temps pour se rendre compte qu'il était doué pour le dessin) travaillait à reconstruire les lieux.
Une excellente journée, si on excepte le très gros mal de crâne dû à la sinusite de ma femme et ma cheville niquée.
Je vais copier coller l'intégralité de tout ce que j'ai écrit à Thomas Grégory ce soir.
Pourquoi ?
Parce que c'est un voyage que j'aurais certainement aimé faire avec lui dans un rapport grand-père et petit-fils.
Il y a quelque chose d'initiatique pour moi dans chaque voyage, je n'attendais rien de l'Ecosse si ce n'est que j'ai eu cette sensation juste avant de partir que ça allait bien me mettre une claque.
Et la claque, j'ai vraiment pas fini de la prendre.
Vraiment.

dimanche 15 août 2010

14 et 15

La couronne
23 heures 43, le 14...

Pas mal de route, pas mal de route, oui, surtout si on compte le fait qu'on a du faire un petit détour du côté du Loch Ness à un mètre du bol de sangria.
Les plus de la journée ?
Le cairn de Corrimony, je descends au milieu de la chambre, j'entends une petite voix qui me dit de prendre la couronne, je regarde un dessin en face de moi, entre des pierres, cachée, se trouvait une pièce avec le côté couronne en premier quand je l'ai saisi. Une petite voix de la femme, peut-être, enterrée voici 4000 ans ici ou plus probablement d'un écho, mais je ne vais pas m'étaler là-dessus très longtemps...
Glamis a été bien, j'ai vraiment eu à certains moments du ressenti, mais plus du fait, je pense de l'égrégore, c'est-à-dire du fait qu'on veuille faire croire à une légende.
Le pub, le country pub, pas loin du B&B où l'on loge. Excellents patrons pour mon compte, une table de trois espagnols un peu paumés à côté de nous, une guiness et ici, dans le B&B, un cidre, je vais finir à moitié à quatre pattes, mais j'avais l'intention de le faire deux ou trois fois du voyage. Avec les signes sur la guérison ou la chance que j'ai eu tout à l'heure au cairns, je me tâte à rendre hommage au pays et à goûter à sa spécialité demain dans le pub, c'est-à-dire du Haggis. Ca serait con, quand même de passer à côté et pas mauvais de toutes les manières pour mon taux de fer tout en remerciant bien sûr la brebis qui se serait sacrifiée pour l'occasion.
J'ai envie également de découvrir un peu Inverness et de savoir si ce pays peut être intéressant malgré les potentiels -20 degrés l'hiver d'après ce que nous a dit l'hôte française de notre B&B.
Je rajoute dans les bonus les magnifiques paysages, mais vraiment magnifiques et l'état dans lequel je vais finir cette nuit. Je mets également les hasards des mauvaises directions du voyage qui nous ont fait acheter des myrtilles et des fraises excellentes et qui m'ont permis de goûter un de mes meilleurs cafés du séjour. Je voulais visiter une distillerie avec ma femme mais elle m'a convaincu que ça ne serait pas les occasions qui manqueraient.
Je finis sur Meadrach ou un nom équivalent, cette femme enterrée dans le Cairn qui m'a permis de trouver ce que je considère maintenant comme un porte-bonheur et le magnifique chestnut tree du jardin de Glamis qui m'a offert un de ses fruits et un bout de son écorce pour mon sac médecine.
Oui, sac médecine. Druide, c'est un peu comme shaman, n'est-ce pas ?
;)

5 heures 57... le 15
Bout de rêve noté ici pour l'instant...
On était vraiment dans un décor celtique avec quelque chose d'accompli, je me souviens d'une sorte de réunion à plusieurs dans la campagne, je revois un grand rouquin... Ca parlait vraiment de partage, de nourriture, de se transformer éventuellement (parce que le début était plus laborieux, moins celtique). Une notion de leg, du père a dû être très présente. Je m'en retourne chercher ce legs.
8 heures 30... (Rappel, toujours enlever une heure pour l'heure anglaise)
Ne pas choisir entre les anglais et les français, essayer de tempérer avec un double héritage. J'essaie de ménager la chèvre et le chou entre le roi des français et le roi des anglais, je suis le roi des français, je crois, qui finira par périr en glissant sur de la glace mais qui saura être remplacé assez vite.
Meadrach
Connaître le chemin, assurer le lien, devenir autre pour que les autres soient aimés et appréciés à la plus juste valeur de leur place dans l'univers. Marcher droit entre les lignes et les vagues, traverser les échos, écouter ceux qui marquent et aplanir ceux qui blessent. Raconter les histoires. Ne jamais laisser la flamme s'éteindre.

Haggis
23 heures 18, le 15...

Corrimony, visite à nouveau dans l'après-midi, photos et vidéos, check.
Balade de plusieurs heures autour de loch dans le glen affric, check.
Coup de soleil bien tanné sur la gueule, check.
The steady country club, une bonne soirée passée dedans, check aussi.
Petit-déjeuner copieux à l'anglaise, ce matin dans le B&B, check.
Animaux croisés sur la route, un daim ce soir en allant au pub et deux moutons en en revenant, check.
Entendre plus parler français qu'anglais à la limite, check aussi.
Pieds dans l'eau pendant un bon moment et en mangeant et un peu plus tard dans l'après-midi, effectué.
Et sinon, une excellente journée depuis le petit-déjeuner royal, jusqu'au déjeuner à l'ombre les pieds dans un ruisseau en passant par la soirée au pub. J'ai définitivement décidé de me la jouer : à Rome, fais comme les romains quand je suis en vacances. Végétarien, donc, certes, mais pas au point de se refuser le fait de goûter à la culture d'un pays. Ce soir, je voulais tester le haggis et je me faisais la réflexion avec Clarisse, avant, que je n'avais jamais goûté de bacon il me semblait et que je pensais être un relatif amateur de boudin. L'accent écossais est une particularité, je n'ai pas très bien compris ce que je commandais et je me suis retrouvé avec black pudding, poitrine de poulet, bacon et haggis dans mon assiette après des onion rings et des patates cuites avec la peau.
Eh bien, eh bien, eh bien, confirmation en ce qui me concerne que si je suis végétarien, ce n'est pas faute malgré tout d'adorer le boudin noir et d'avoir apprécié le bacon pas gras et adoré le haggis. Le poulet, nettement moins mon truc, moyen.
Je ne suis pas porté poisson, je suis porté viande hachée, farcis, boudins et saucisse. Le veau, il me semble peut passer pas mal du tout. Je ne suis pas amateur de viande du genre steack ou gigot. Non, c'est vraiment la catégorie des plats préparés. J'ai été très surpris par la texture de ce qu'on trouve dans le haggis et totalement enchanté par le goût que les holas, bouh et hou de ceux qui le décrient ne méritent pas de lui donner. C'est un plat de pauvre, de récupération, qui tient au corps et qui a une certaine honnêteté dans la tenue.
J'ai demandé au barman à la fin du repas de me faire goûter le whisky de son choix avant de lui offrir le même en retour, il m'a orienté sur le Ledaig, dont il faudra assurément que j'achète une bouteille.
Plein de découvertes, en bref, aujourd'hui. Une journée riche.
Je manque de fer, je ne vais pas avoir de scrupules à manger une fois tous les 15 jours du boudin noir ou de l'andouillette en France.
Je suis ouvert aux choses de l'invisible, je ne vais pas me cacher avoir des flashs ou des visions parfois, sur la tombe de celle que j'appelle Meadrac'h, j'ai eu l'image d'un cheval, comme si ça devait être le dernier totem que je recherchais.
Je pense pouvoir être amateur de whisky, parce que j'aime pas le moyen, sauf en bailey ou en irish coffee – ce qui n'est pas une bonne manière de consommer un bon whisky – alors que je peux siroter sans glaçon ou eau (aberration) des choses qui se méritent.
J'ai eu la sensation également que les orcades allaient être une sacré claque quand Clarisse m'en a parlé. Deux semaines, il faudrait que je passe dans ces îles, bon sang. A quatre pattes, sans doute, force de naviguer dans les pubs et d'en prendre plein ma gueule à visiter tous ces sites des anciens.
Hou bon sang. La route est encore longue avant le retour mais elle a laissé des tas de portes ouvertes.
Ce n'est pas comme si c'était bien compliqué de voyager en Europe si on veut s'en donner la peine.